« La mort jette une ombre sur les pensionnats au Canada », déplore la Commission de vérité et réconciliation du Canada dans son rapport final.

« La mort jette une ombre sur les pensionnats au Canada », déplore la Commission de vérité et réconciliation du Canada dans son rapport final.
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Le Canada noirci par la mort d’au moins 3201 pensionnaires autochtones

La Commission de vérité et réconciliation du Canada dans son rapport final, qui sera rendu public mardi, conclut que pendant les 130 ans qu’auront duré les pensionnats autochtones au Canada, au moins 3201 enfants déracinés de leur communauté y ont laissé leur vie.

La commissaire Marie Wilson en entrevue au Téléjournal de Radio-Canada lundi soir disait toutefois que la commission soupçonne que le nombre réel de décès pourrait être en fait le double.

« On sait déjà qu’il y a eu un autre millier qui étaient déjà malades, qui ont quitté l’école et qui sont rentrés chez eux », où ils sont morts, précise-t-elle.

Commissaire Marie Wilson de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada
Commissaire Marie Wilson de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada © Radio-Canada

Au moins une pensionnaire sur 50 ne survivait pas

Selon ce rapport sur les 150 000 enfants amérindiens, inuits ou métis arrachés à leurs parents et expatriés souvent à des centaines de kilomètres de leurs villages, environ 2 % officiellement n’ont donc pas survécu.

C’est un pourcentage « bien plus élevé que celle des enfants d’âge scolaire de la population en général », soulignent les commissaires dans leur rapport de 300 pages.

De 1941 à 1945 spécifiquement, le taux de mortalité des élèves autochtones était presque cinq fois plus élevé que le taux de mortalité général des écoliers canadiens.

Plusieurs centaines de personnes sont assemblées pour assister aux travaux de la commission de vérité et réconciliation à Winnipeg en juin dernier.
Plusieurs centaines de personnes sont assemblées pour assister aux travaux de la commission de vérité et réconciliation à Winnipeg en juin dernier. © Radio-Canada/Denis-Michel Thibeault

Aide-mémoire…
– Entre la fin du 19e siècle et 1996 des milliers d’enfants autochtones ont été retirés de leur famille pour être envoyés de force dans des écoles religieuses, une pratique que la Commission qualifie d’« outil central d’un génocide culturel ».
– Pendant 6 ans de travaux, la Commission a entendu les témoignages de 7000 victimes et responsables de pensionnats autochtones

Des élèves d'un pensionnat autochtone au Canada font une prière avant leur repas.
Des élèves d’un pensionnat autochtone au Canada font une prière avant leur repas.

Blâmez la turberculose

Le gouvernement et les pensionnats ne mentionnaient pas systématiquement la cause de la mort : en fait, ils ne l’ont précisé que dans la moitié des cas. Dans près de la moitié (48,7 %) des cas où une cause a été répertoriée, c’est la tuberculose qui était responsable du décès.

Le rapport indique que les jeunes autochtones étaient particulièrement nombreux à succomber non seulement à la tuberculose qui était « endémique » dans les pensionnats, mais aussi à d’autres maladies infectieuses comme la grippe, la pneumonie, d’autres maladies pulmonaires ou la méningite.

Pensionnat autochtone

Pensionnat autochtone

D’autres déclarations-chocs de la Commission de vérité et réconciliation

De jeunes Autochtones sont morts de façon anonyme. C’est le cas de 1161 enfants, dont le nom n’a pas été inscrit dans les registres des pensionnats.

Parfois, on ne consignait même pas le sexe de l’élève décédé : une omission qui s’est répétée à 747 occasions. « J’ai souvent fait le lien avec le soldat inconnu », raconte la commissaire Marie Wilson.

« On n’a pas inscrit leur nom. En plus, beaucoup n’avaient pas de nom dans le contexte des écoles parce qu’on leur a donné des chiffres. On leur disait vous êtes le numéro 66… »

C’est la province de Alberta dans l’Ouest canadien- et de loin – qui compte le plus grand nombre de jeunes Autochtones décédés dans les pensionnats.

Un pensionnat autochtone à Red Deer en Alberta au début du 20e siècle - Archives de l'Église Unie du Canada

Un pensionnat autochtone à Red Deer en Alberta au début du 20e siècle – Archives de l’Église Unie du Canada

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Photojournalisme : The New Yorker s’intéresse aux survivants des pensionnats autochtones – RCI 

© Daniella Zalcman/Pulitzer Center

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RCI avec Radio-Canada

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Catégories : Autochtones, Politique
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