Créé en mars de l’an dernier, le Centre de prévention de la radicalisation qui tente d’offrir de l’aide aux jeunes à risque et à leurs parents est la cible d’attaques cinglantes de la part de citoyens de la communauté musulmane à Montréal .
Selon des informations exclusives obtenues par le quotidien montréalais Le Devoir on reproche au centre d’être partial et de critiquer « sans ménagement la pensée islamique ».
Les reproches ne sont pas nouveaux, mais depuis quelques jours ceux-ci ont augmenté en intensité et leur caractère se fait plus menaçant.
Cela a notamment provoqué la démission d’une employée affectée à la recherche et qui est accusée par des membres de la communauté musulmane d’être « schizophrène » et d’« être tout sauf objective concernant la pensée et les courants religieux, musulmans, qu’elle dit étudier ».
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Rappelons qu’un autre employé du centre, Hicham Tiflati, avait rompu il y a quatre mois ses liens avec le Centre après la découverte d’un de ses commentaires personnels paru dans une lettre d’opinion dans les pages du quotidien Toronto Star.
Le site Muslim News a mis en ligne jeudi après-midi un texte non signé, critiquant sévèrement la décision du CPRMV d’avoir recruté la chercheuse et spécialiste de la radicalisation Mounia Ait Kabboura, en février dernier. Dans l’article en ligne on peut lire : « Quelle mouche a piqué les antiradicaux? »
Muslim News avait d’abord menacé plus tôt cette semaine de mettre en ligne des propos qu’aurait tenus l’an dernier Mme Kabboura sur les réseaux sociaux, et avaient pressé le directeur du CPRMV de « réagir » à ses prises de position.Lisez : Quelle mouche a piqué les anti-radicaux? – MuslimNews.ca
Le point de vue de l’employé
Mounia Ait Kabboura a expliqué au Devoir qu’elle a préféré quitter le centre de la prévention de la radicalisation pour ne plus le plonger dans cette nouvelle controverse. Chargée de cours à l’UQAM et doctorante à la Chaire de l’UNESCO sur l’étude des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique, elle dit vouloir retrouver son droit de parole.
« Mon job, c’est de réfléchir et de débattre d’idées. Je sais que je vais être attaqué et je dois disposer de ma liberté d’expression pour me défendre. » Elle ajoute « ne pas être critique de la religion, mais critique de l’idéologie islamique politique »
Réaction de la direction du Centre québécois de prévention de la radicalisation
Radio-Canada
Dans Le Devoir, le directeur du CPRMV, Herman Deparice-Okomba, affirme que le départ de Mounia Ait Kabboura ne veut pas dire qu’il a cédé aux pressions au sein de la communauté musulmane : « Ça n’a rien à voir avec la pression. Elle a décidé de quitter le centre pour pouvoir défendre son intégrité professionnelle ».
Herman Deparice-Okomba place cette démission dans un contexte plus large en précisant que son centre est régulièrement la cible d’une critique nourrie. « Non seulement moi, mais mes employés aussi. Ça démontre qu’on est la cible des personnes que l’on combat. Je ne me ferai dicter par personne qui va être embauché », a-t-il affirmé jeudi.
Le saviez-vous? Pour contrer la radicalisation islamique, Molenbeek en Belgique s’inspire des Québécois – Pour valoriser ses jeunes des quartiers pauvres et les empêcher de tomber dans les mains du groupe armé État islamique, la commune belge de Molenbeek a puisé son inspiration… au Québec. Ses travailleurs sociaux commencent à mettre en place des façons de faire importer d’ici. – Rachid Madrane, le ministre de l’Aide à la jeunesse de Belgique profitait notamment de sa visite au Québec l’automne dernier pour visiter le nouveau Centre de prévention de la radicalisation de Montréal. – Les premiers travailleurs sociaux de Molenbeek sont revenus de leur stage au Québec « emballés », racontait cette semaine Sarah Turine, mairesse adjointe responsable de la jeunesse, de la cohésion et prévention sociale et du dialogue interculturel : « Sur le plan de l’action communautaire, le Québec est plus en avance que la Belgique ou la France », croit-elle.
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