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Les plus pauvres au Canada sont aussi les plus pauvres en congés parentaux

Une nouvelle étude suggère que le programme fédéral de congés parentaux laisse en plan les deux cinquièmes des mères, dont la plupart sont à faible revenu — marquant une fracture importante entre les familles « riches en congés parentaux » et les familles « pauvres en congés parentaux ».

Plus de 65 % des femmes gagnant plus de 30 000 $ pouvaient bénéficier du programme en 2013, mais ce chiffre chute à 37 % pour les salariées recevant moins de 30 000 $.

Alors que le gouvernement fédéral canadien s’apprête à réviser son programme des congés parentaux, ce rapport indique que 41 % des mères hors du Québec n’étaient pas admissibles à ces avantages sociaux parce qu’elles n’avaient pas assez d’heures d’emploi assurables.

Au Québec, qui dispose de son propre système de congés parentaux, moins de 11 % ne répondaient pas aux critères.

Ces chiffres ne tiennent pas compte des trois territoires et des communautés des Premières Nations, ce qui signifie que le nombre de mères non admissibles pourrait s’avérer encore plus élevé.

Bébé chinois
Bébé dans les bras de sa maman © IS/michellegibson

Aide-mémoire…
Lors de la dernière campagne électorale, le Parti libéral avait promis de permettre aux nouveaux parents de prendre jusqu’à 18 mois de congé parental et, ainsi, de répartir leurs prestations sur cette période élargie.
La ministre du Travail, MaryAnn Mihychuk, avait également dit qu’elle souhaitait créer spécifiquement un congé pour les pères, un programme similaire à celui du Québec. Cette proposition fera l’objet de consultations avec les Canadiens.
Le plan des libéraux a été critiqué par certains, puisqu’il avantagerait seulement les femmes et les familles qui peuvent se permettre d’allonger leur congé pendant une période où la mère ou la famille reçoit un salaire moindre.

MaryAnn Mihychuk, ministre de l’Emploi, du Développement de la main d’oeuvre et du Travail
MaryAnn Mihychuk, ministre de l’Emploi, du Développement de la main d’oeuvre et du Travail © PC/Sean Kilpatrick

L’étude trace le chemin d’une meilleure politique?

L’auteure principale de la nouvelle étude indique que le gouvernement a déjà été averti que s’il ne révisait pas les règles d’admissibilité, son plan pourrait exclure près de la moitié des enfants — surtout ceux issus de familles à faible revenu.

« On veut se donner une bonne image en faisant quelque chose pour les parents de la classe moyenne, mais on ne se concentre pas sur le vrai problème des congés parentaux », dit avoir constaté Lindsey McKay, chercheuse postdoctorale et professeure adjointe à l’école de sociologie de l’université Brock.

Actuellement, le programme fédéral prévoit un versement maximal de 15 semaines de prestations pour les nouvelles mères, et celles-ci ont la possibilité de partager 35 semaines additionnelles avec le père.

Pour être admissibles, les parents doivent avoir travaillé au moins 600 heures pendant l’année précédant leur congé. Au Québec, le seuil est fixé à 2000 $ en revenus, donc les femmes dont les revenus sont peu élevés se sont qualifiées davantage avec le temps.

Le critère des 600 heures a eu l’effet opposé dans le reste du Canada, où le nombre de femmes admissibles a en fait diminué. Le pourcentage de mères non admissibles a augmenté depuis le milieu des années 1990, lorsque le seuil est passé de 300 à 600 heures.

Certaines femmes non admissibles peuvent avoir contribué pendant des années à l’assurance-emploi, mais elles n’ont pas accumulé assez d’heures en un an parce qu’elles travaillent à temps partiel ou elles étudient en même temps.

Changer ces mesures pour les arrimer à celles du Québec permettrait à plus de femmes de rester à la maison pendant la première année de vie de leur enfant, selon Mme McKay. « Les enfants sont d’une certaine façon pénalisés par la situation d’emploi de leurs parents au moment de leur naissance », a souligné l’experte, qui elle-même ne s’est pas qualifiée pour le programme, il y a quatre ans, puisqu’elle était étudiante.

« Nous avons une majorité de personnes qui contribuent au programme, mais les gens qui en bénéficient sont ceux qui proviennent de ménages à revenu élevé », a-t-elle résumé.

Le saviez-vous?
Au Canada, les pères ont accès à des congés de paternité limités et ils peuvent partager avec les mères jusqu’à 35 semaines de congé.
Le Québec est une figure de proue en Amérique du Nord en matière de congé de paternité. Son secret? Les congés réservés aux pères, une formule qui a déjà fait ses preuves dans les pays scandinaves.
Les pères québécois ne peuvent cependant prendre que cinq semaines de congé avec les prestations du gouvernement provincial, qui verse 70 % de leur salaire.
Les pères québécois se font toutefois plus hésitants quand il est question de congés partageables. Le Québec leur accorde 32 semaines de ce type, mais seulement un Québécois sur trois en prend avantage.

Le Conseil du statut de la femme suggère d’allonger le congé de paternité
Le Conseil du statut de la femme suggère d’allonger le congé de paternité © iStock

RCI avec La Presse canadienne

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