On sait aussi qu'une consommation quotidienne de plus de 74 grammes de fructose augmenterait de 30 % le risque d’avoir une pression artérielle supérieure à 140/90 et de 77 % le risque d’une pression plus haute que 160/100. Crédit photo : CBC

On sait aussi qu'une consommation quotidienne de plus de 74 grammes de fructose augmenterait de 30 % le risque d’avoir une pression artérielle supérieure à 140/90 et de 77 % le risque d’une pression plus haute que 160/100. Crédit photo : CBC

Combattre des armées de diabétiques, un carré de sucre à la fois

8 000 scientifiques réunis au Canada parlaient l’automne dernier d’une épidémie mondiale. La situation est encore plus grave au sein de la population canadienne.

De 1980 à 2014, on est passé sur la planète en l’espace d’une seule génération de 108 millions à 422 millions d’adultes souffrants souvent sans le savoir de diabète, soit un humain adulte sur 13. La proportion de la population mondiale touchée par cette affection a ainsi presque doublé : de 4,7 % en 1980, elle a grimpé à 8,5 %.

Alors comment décrire la situation au Canada où tous âges confondus, c’est un citoyen sur 4 ou 25 % des Canadiens (9 millions sur une population de 36 millions) qui sont diabétiques ou prédiabétiques.

Plusieurs montrent du doigt la consommation de sucre, mais ce n’est pas le seul facteur de risque affirment les spécialistes qui, eux-mêmes, n’arrivent toujours pas à cerner pour le moment toutes les causes.

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Sucre et le gras, deux poids lourds de l’industrie alimentaire
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Il n’y avait pas de sucre plus doux pour la santé

On croyait autrefois que le fructose était le « sucre du futur » pour les diabétiques. En effet, contrairement au glucose, le fructose n’a pas besoin de l’insuline pour être métabolisé par le corps. L’insuline est une hormone problématique chez les diabétiques.

En fait, de tous les sucres, c’est le fructose dans nos aliments transformés qui soulève aujourd’hui le plus d’inquiétudes, car le fructose est le principal déclencheur du diabète et sa consommation est fortement liée aussi au diabète de type 2.

Or, cet aliment a été depuis une cinquantaine d’années largement saupoudré dans l’alimentation du prêt à cuire et du prêt à manger des Canadiens.

Sucre
En moyenne, 13 pour cent des calories consommées au Canada proviennent du sucre, selon la Fondation des maladies du coeur et de l’AVC. Du côté de l’Organisation mondiale de la Santé, on recommande idéalement un apport maximal de 5 %. © ICI Radio-Canada

Le saviez-vous?

Une nouvelle étude a déterminé au mois d’août de l’an dernier qu’il coûtait en moyenne 16 000 $ sur 8 ans pour soigner les Canadiens atteints de diabète, contre 6000 $ pour ceux qui ne souffrent pas de cette maladie.
L’analyse publiée dans le journal Diabetic Medecine montre que le système de santé doit maintenant débourser des milliards de dollars par année pour traiter les personnes diabétiques au Canada.

Le nombre de Canadiens qui vivent avec le diabète a plus que doublé depuis 2000. Pus de 100 % en seulement 15 ans
Le nombre de Canadiens qui vivent avec le diabète a plus que doublé depuis 2000. Pus de 100 % en seulement 15 ans

Changer les étiquettes ou changer les recettes alimentaires des fabricants

Deux chefs d’entreprise canadiennes demandent à l’industrie alimentaire de faire preuve de transparence dans son étiquetage.

La présidente de la chaîne de librairies Indigo Books, Heather Reisman, voit le sucre comme un «ennemi». Elle a même interdit la vente de chocolat aux caisses d’Indigo afin d’aider les clients à ne pas succomber à une fringale.

Également productrice du documentaire «Fed Up» sur les effets néfastes du sucre dans les aliments transformés, Mme Reisman avance que la population a développé une dépendance au sucre.

Les Canadiens doivent changer leurs habitudes alimentaires, affirme Mme Reisman. Pour ce faire, elle juge que les étiquettes alimentaires méritent plus de clarté.

L’ex-directrice générale de Lululemon, Christine Day, abonde dans le même sens. Maintenant administratrice de Luvo — une compagnie de repas congelés faible en sodium et en sucre —, elle demande à ce qu’on indique mieux les sucres ajoutés dans les aliments jugés «santé» comme le yogourt.

«Que notre gouvernement soit prêt ou non à faire face à cet enjeu, les entreprises canadiennes sont disposées elles à offrir des solutions», affirme Mme Day.

À l’heure actuelle, le nombre de grammes de sucre contenus dans une portion — l’équivalent d’environ une demi-tasse — est obligatoirement indiqué sur les emballages.

Mais Heather Reisman suggère une approche plus «franche»: indiquant la quantité de sucre par cuillères à thé.

En juin dernier, Santé Canada a proposé deux modifications: ajouter le pourcentage de la recommandation quotidienne en sucre et lister les ingrédients sucrés de manière consécutive.

Santé Canada révise présentement les commentaires recueillis lors de sa consultation publique qui a pris fin en août.

Moderniser l’étiquetage des aliments
Moderniser l’étiquetage des aliments © iStock

Le nouvel étiquetage canadien sur le sucre serait plombé par un délai administratif 

Avec ses 66 % de sucre, le sirop d’érable, très apprécié des palais des Canadiens, petits et grands, pourrait finir par moins bien se vendre lorsque les nouvelles étiquettes d’alimentation feront leur entrée sur les étagères des épiceries canadiennes.

Heureusement pour les producteurs acéricoles du Canada, dont la majorité est au Québec, le ministère canadien de la Santé a pour politique de ne pas se montrer brusque et il pourrait bien accorder un délai de cinq ans avant d’imposer ses nouvelles étiquettes sur le contenu en sucre des aliments à l’industrie alimentaire dans son ensemble.

Ce genre de délais et l’absence de certains renseignements concernant le sucre sur les nouvelles étiquettes viennent brouiller les cartes pour les groupes de pression et les citoyens qui s’inquiètent des dangers sur la santé posée par la consommation de sucre.

Le saviez-vous
Étiquetage anti-sucre ailleurs dans le Commonwealth
En Australie, on met de un demi à cinq étoiles sur les emballages des aliments afin d’aider le consommateur à évaluer leur valeur nutritive.
Certains emballages de produits alimentaires au Royaume-Uni utilisent la couleur rouge, orange ou verte, couleurs des feux de circulation, pour signifier si un aliment a beaucoup, un peu ou peu de matières grasses, de sucre et de sodium.

On doit aussi blâmer dans notre alimentation les perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens sont présents partout. Le bisphénol A est présent par exemple dans les revêtements de boîtes de conserve, les phtalates des plastiques et des cosmétiques, ainsi que les pesticides.

Depuis 2008-2009 il est devenu de plus en plus clair que ces produits viennent miner ou bloquer l’action des hormones naturelles, entravant leur fonctionnement. Des experts affirment maintenant qu’ils sont aussi liés au risque de diabète et d’obésité.

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Les fonctions endocriniennes : Walter S. Marcantoni, UQAM 

Les savons antibactériens peuvent causer des perturbations endocriniennes.
Les savons antibactériens peuvent causer des perturbations endocriniennes. © iStock

Avec des Informations de Radio-Canada et la contribution de Thérèse Champagne, Marie Villeneuve, Sandra Gagnon et Jacques Beaupré de Radio-Canada

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