Les dons de sang seront bientôt possibles au pays pour les hommes ayant eu des relations sexuelles avec un homme 12 mois après l’acte. La période de non-admissibilité était auparavant de cinq ans. Photo Credit: Istock
Seuls les homosexuels sans relation sexuelle depuis un an pourront donner de leur sang
La Société canadienne du sang et Héma-Québec réduisent à nouveau un peu plus les mesures d’exclusions visant les hommes homosexuels qui désirent faire don de leur sang, mesures souvent qualifiées de discriminatoires.
Ces organismes accepteront à compter du 15 août des dons de sang provenant d’hommes dont la dernière relation sexuelle avec un autre homme remonte à plus d’un an.
La Société canadienne du sang dit aussi étudier la possibilité de sélectionner éventuellement les donneurs selon leurs comportements. « Nous travaillons avec des chercheurs, la communauté LGBT, des groupes de patients et d’autres parties intéressées afin de déterminer la meilleure façon de recueillir des données scientifiques qui nous permettront de continuer à modifier ce critère d’admissibilité ».
Feu vert du ministère
La ministre de la Santé Jane Philpott parle à la Conférence nationale sur la santé à Ottawa lundi. (Sean Kilpatrick / Presse canadienne)
Le ministère canadien de la Santé explique avoir accepté de modifier les licences des deux organismes de cueillette de sang après un « examen rigoureux des plus récentes données scientifiques ». La Société canadienne du sang et Héma-Québec avaient soumis leur demande de modification de licence en mars.
À l’été 2013, Santé Canada avait décidé de permettre aux hommes homosexuels de donner du sang s’ils n’avaient pas eu de relations sexuelles avec un autre homme au cours des cinq années précédentes.
Selon l’ancienne règle en vigueur depuis le milieu des années 80, au coeur de la crise de la propagation du SIDA, tout homme qui avait eu une relation sexuelle avec un autre homme, ne serait-ce qu’une seule fois, depuis 1977, ne pouvait pas donner de son sang.
Santé Canada souligne que de nouvelles avancées dans les technologies de dépistage permettent maintenant de détecter plus rapidement et plus facilement les agents infectieux.
Le saviez-vous? – Il n’y a eu aucun cas d’infection par le VIH par transfusion sanguine au pays depuis 25 ans. – Plusieurs pays, dont les États-Unis, la France, l’Angleterre et l’Australie, ont ramené de cinq ans à un an la période d’exclusion pour les hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes.
Décision bien accueillie
La Société canadienne du sang a applaudi à la décision de Santé Canada. « Il s’agit d’une étape importante de notre processus de révision de cette politique fondée sur des données scientifiques, a déclaré Graham Sher, chef de la direction de la Société canadienne du sang, par voie de communiqué. Nous souhaitons appliquer les critères d’admissibilité les moins restrictifs possible, tout en maintenant l’innocuité des produits sanguins. »
Héma-Québec s’est elle aussi réjouie de la décision de Santé Canada. « La démonstration est faite que l’implantation d’une exclusion temporaire à cinq ans en 2013 n’a eu aucune incidence sur la sécurité du système transfusionnel. Les données récentes en matière de sécurité transfusionnelle permettent aujourd’hui de revoir la politique d’interdiction appliquée aux hommes ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme. Un tel changement est scientifiquement justifié et ne mettra aucunement en péril le très haut niveau de sécurité des produits sanguins », a souligné Marc Germain, vice-président aux affaires médicales à Héma-Québec, par voie de communiqué.
Héma-Québec ajoute qu’il « est légitime et nécessaire d’interdire le don de sang chez certains groupes à risque pour les infections transmissibles par la transfusion ».
Réactions négatives
Brandon Yan – Photo : Twitter
Un activiste gai basé en Colombie britannique, Brandon Yan, a qualifié ce dernier changement de la politique de Santé Canada de « petit bond en avant ».
Mais Yan, qui a un partenaire, et qui est régulièrement testé pour les infections sexuellement transmissibles, estime qu’une période d’attente d’un an n’est pas beaucoup mieux qu’une interdiction à vie.
« Voilà un énorme défi de ne pas avoir des relations sexuelles entre nous pendant une longue période. Il faudrait renoncer à être intime, et avoir des relations sexuelles, et toutes ces choses merveilleuses… juste pour pouvoir donner cette ressource dont on a apparemment si cruellement besoin, » a-t-il déclaré dans une interview avec CBC Nouvelles. « Vous êtes automatiquement disqualifié même si votre comportement est à faible risque. »
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.