La montée récente du protectionnisme observée aux États-Unis fait craindre le pire au premier ministre Philippe Couillard en termes d’éventuelles pertes d’emplois au Québec.
La campagne électorale américaine donne lieu à une surenchère sur la capacité de protéger et de faire fructifier l’économie de la première puissance mondiale. Ce qui inquiète le Québec dont l’économie est largement tributaire du partenariat avec les États-Unis. Pas moins de 72 % des exportations québécoises sont destinées au grand voisin du sud.
Le premier ministre du Québec, Philippe Couuillard, conseille donc à ses concitoyens de suivre avec attention la course à la Maison Blanche, car son résultat pourrait avoir des répercussions directes sur leur emploi.
Couillard a fait cette mise en garde à l’occasion de la 56e assemblée annuelle de la Eastern Regional Conference du Council of State Government qui se tient à Québec. L’organisme réunit les dirigeants politiques des provinces de l’est du Canada et du nord-est des États-Unis.
Le premier ministre a souligné que la santé économique du Québec repose directement sur l’ouverture des États-Unis aux produits de la province.
Contrer les velléités protectionnistes
M. Couillard appelle à contrer les forces protectionnistes qui gagnent en popularité dans le discours politique, tant en Europe qu’aux États-Unis.
Selon lui, tout ce qui constitue un obstacle à l’ouverture des marchés menace l’emploi et tout discours de fermeture est « préoccupant ». M. Couillard a réaffirmé sa foi dans le libre-échange et la libéralisation des échanges entre le Québec et ses principaux partenaires commerciaux.
Tout en se défendant de s’immiscer directement dans la campagne électorale en cours aux États-Unis, Philippe Couillard a tout de même rappelé qu’il était un ardent défenseur de l’Aléna (l’Accord de libre-échange nord-américain conclu entre le Canada, les États-Unis et le Mexique en 1993), qu’il a qualifié de « bénéfique » pour tous les partenaires, dont le Québec.
Malgré ces retombées satisfaisantes, Philippe Couillard dit entendre, en provenance des États-Unis, tant du côté démocrate que républicain, le son inquiétant d’un nombre croissant de voix qui s’élèvent contre l’ouverture des marchés, sous prétexte de protéger les emplois locaux.
La popularité de ce courant de pensée trouverait sa source, selon lui, dans cette « période excessivement instable sur le plan économique » que nous traversons.
Or, « il faut répéter avec force que l’ouverture des marchés, c’est ce qui va protéger l’emploi. C’est la fermeture des marchés qui va menacer l’emploi », a-t-il fait valoir.
Le candidat républicain à la présidence des États-Unis, Donald Trump, estime que l’Aléna a été catastrophique en termes de pertes d’emplois aux États-Unis. Il s’est engagé à renégocier l’accord, voire à le déchirer, s’il devient président en novembre.
Dans le passé, la candidate démocrate, Hillary Clinton, a elle aussi émis de sérieuses réserves par rapport à l’Aléna.
M. Couillard a aussi rappelé son appui au Partenariat transpacifique (PTP), un autre accord commercial international qui divise présentement la classe politique américaine.
Autre source d’inquiétude pour le Québec: dans le dossier du bois d’oeuvre, les échéances se bousculent. À compter d’octobre, l’entente de 2006 avec les États-Unis deviendra caduque, ouvrant la porte à l’imposition de tarifs aux entreprises canadiennes, si aucune nouvelle entente n’est conclue d’ici là.
Pourtant, « dans l’histoire de l’humanité, le protectionnisme a toujours nui à la prospérité », a plaidé M. Couillard.
L’Aléna n’est pas le libre-échange selon un supporteur de Trump
De son côté, le gouverneur du Maine, Paul LePage, qui appuie Donald Trump dans la course à la présidence des États-Unis, a dit qu’il s’opposait à l’Aléna, mais pas au libre-échange.
Au contraire, le gouverneur LePage dit se montrer favorable à une ouverture totale des marchés, sans contrainte, ni tarif d’aucune sorte, et sans intervention de l’État. À ses yeux, avec tous ses règlements, l’Aléna « n’est bon pour personne » et ne constitue pas un véritable accord de libre-échange.
Il ne croit pas sa position contraire à celle de M. Trump. « Je crois au libre-échange. Cela signifie une affaire conclue entre deux entités, sans que le gouvernement soit impliqué », a soutenu en point de presse M. LePage, se disant convaincu que « le gouvernement n’est pas bon pour faire des affaires » et qu’il a intérêt à se tenir loin de tout traité commercial.
Le gouverneur s’est dit nostalgique de l’époque où « une poignée de mains » entre deux hommes suffisait pour sceller une entente.
(Avec La Presse Canadienne)
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