La communauté de Grassy Narows et une enseigne qui indique de ne pas consommer de poisson de la rivière.

La communauté de Grassy Narows et une enseigne qui indique de ne pas consommer de poisson de la rivière.
Photo Credit: (Jody Porter/CBC)

Empoisonnement au mercure de plus de 90 % des résidents de Grassy Narrows dans le nord de l’Ontario

Pertes de sensation aux doigts et aux orteils : de nouvelles recherches montrent que plus de 90 % de la population des Premières Nations des communautés Grassy Narrows et Wabaseemoong éprouve des symptômes classiques d’empoisonnement au mercure.

Dr Masanori Hanada
Dr Masanori Hanada © CBC

Le mercure a été déversé dans la rivière qui coule dans les deux communautés du nord-ouest de l’Ontario par la papetière Reed Paper, en amont dans la ville de Dryden, en Ontario. Ces déversements se sont produits dans les années 1960 et au début des années 1970.

Des rapports scientifiques récents montrent que l’eau est pourtant encore contaminée, et la nouvelle étude publiée mardi par des experts japonais montre que les gens de ces endroits sont encore aux prises avec les effets sur leur santé.

Le Dr Masanori Hanada qui a étudié l’impact du mercure sur les personnes dans les Premières Nations et à Minamata, au Japon, depuis 40 ans explique : «  90 % à 95 % de la population a le même problème. Pour eux, c’est normal, mais pour nous qui faisons la recherche, ce n’est pas normal. »

Un total de 84 personnes des deux communautés, qui ont une population combinée d’environ 1750 personnes dans les réserves, ont été examinées en 2014. De toutes celles qui ont été testés, seulement sept personnes ne présentaient aucun signe de perturbation sensorielle.

Barbara et Raphael Fobister (Jody Porter/CBC)

Barbara et Raphael Fobister (Jody Porter/CBC)

« Tout est plus difficile »

« Je ne peux pas coudre à moins que je regarde l’aiguille et de voir si elle est dans ma main », déclare Barbara Fobister, 63. ans. « Dans la cuisine, quand je dois peler les pommes de terre, tout est plus difficile.»

Barbara et Raphaël Fobister disent tous les deux qu’ils ont perdu la sensation dans leurs doigts, ce qui rend les tâches quotidiennes comme la cuisine plus difficile.

Les gens de la communauté trouvent des solutions pour les tâches quotidiennes comme pour refermer les boutons sur les vêtements et les fermetures éclair ou lorsqu’ils veulent naviguer sur leurs écrans tactiles ou utiliser un téléphone intelligent, mais ils devraient être indemnisés pour ces difficultés, estime le Dr Masanori Hanada

Le saviez-vous?
Une commission d’indemnisation a été créée en 1986 dans le cadre d’un entente entre l’Ontario, l’usine de pâte de la région et les Premières Nations.
Mais moins de 30 % des personnes qui font une demande à la Commission d’invalidité sur le mercure sont approuvés pour une pension.

Les jeunes eux aussi sont touchés

Le Dr Hanada a sonné l’alarme concernant une nouvelle génération de résidents de Grassy Narrows et Wabaseemoong qui n’étaient pas nés lorsque le mercure a été déversé dans la rivière, mais qui présentent eux aussi des symptômes de l’empoisonnement au mercure.

La majorité de la population subit une privation sensorielle au niveau d’une perte de sensation dans les doigts et les orteils, qui est un symptôme classique de l’empoisonnement au mercure, dit-il.

La chose la plus surprenante dans les résultats des tests est que les jeunes générations sont touchées, explique le Dr Hanada.

« Je ne peux pas dire exactement pourquoi, peut-être qu’il y a du mercure dans leur régime alimentaire, mais ce n’est pas normal de trouver ces symptômes dans la jeune génération, » dit-il.

Des recherches plus précises sont nécessaires selon le DR Hanada pour déterminer la cause des symptômes chez les jeunes.(Jody Porter/CBC)

Des recherches plus précises sont nécessaires selon le DR Hanada pour déterminer la cause des symptômes chez les jeunes.(Jody Porter/CBC)

Le Canada « devrait avoir honte »

L’Amérindienne Barbara Fobister affirme que les « médecins du Canada sont dans le déni complet que nous sommes empoisonnés par le mercure. Je pense que le gouvernement a besoin de s’ouvrir et de reconnaître qu’il y a un problème et que nous allons l’arrêter. »

« Ils devraient avoir honte de tout ce temps où ils n’ont rien fait », ajoute Mme Fobister.

L’équipe japonaise a exhorté les chercheurs canadiens à collaborer pour étudier les problèmes de santé à Grassy Narrows et dans la Première Nation de Wabaseemoong.

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Une maison dans la réserve autochtone de Wasagamack situé à environ 600 km au nord de Winnipeg PHOTO : KAREN PAUL/ICI RADIO-CANADA
Une maison dans la réserve autochtone de Wasagamack situé à environ 600 km au nord de Winnipeg PHOTO : KAREN PAUL/ICI RADIO-CANADA

 

RCI avec les informations de Jody Porter de CBC

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Catégories : Autochtones, Internet, sciences et technologies, Santé
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