Le Canada reste opposé à la torture des prisonniers, une pratique contraire à la Convention de Genève. Un éventuel retour de la simulation de noyade par les Américains ne changera rien à la philosophie canadienne sur ce sujet.
Shane Brennan, le commandant des Forces armées canadiennes déployées en Irak contre le groupe armé État islamique (EI), a jugé utile de faire cette mise au point jeudi, au lendemain d’une nouvelle déclaration du président américain Donald Trump en faveur de la simulation de noyade pour interroger des prisonniers.
Dans une interview à la chaîne américaine ABC News, M. Trump a eu ces mots: « Quand ils tirent sur les têtes de nos gens, et d’autres personnes, quand ils coupent les têtes des chrétiens au Moyen-Orient, quand l’EI fait des choses que personne dont personne n’a entendu parler depuis l’époque médiévale, est-ce que je serais fortement en faveur de la simulation de noyade? En ce qui me concerne, je veux combattre le feu avec le feu »
Le Canada ne changera pas sa philosophie
Interrogés sur les remarques de M. Trump, des commandants canadiens ont refusé de commenter la politique américaine. Mais ils ont souligné que ce qui se passe au sud de la frontière n’aura aucune incidence sur la position traditionnelle du Canada selon laquelle la torture est inadmissible.

« La torture est contre le code de conduite des forces armées canadiennes », a insisté en point de presse le général Shane Brennan, commandant du contingent canadien déployé en Irak. Un contingent qui comprend des avions de surveillance et environ 200 membres des forces spéciales.
M. Brennan a rappelé que la torture est contre la convention de Genève sur les prisonniers de guerre et qu’elle va à l’encontre des croyances des soldats canadiens. Pour lui, « les soldats canadiens sont entraînés à ne participer à aucune forme de torture ».
Trump respectera l’avis de ses ministres
Malgré son parti pris favorable à la torture, le président Trump a indiqué qu’il s’en remettait au secrétaire à la Défense et au chef de la CIA pour savoir s’il fallait la rétablir. Le Pentagone a noté jeudi que le général James Mattis, nouveau secrétaire à la Défense, est favorable au maintien des règles américaines actuelles pour les interrogatoires des prisonniers prohibant l’utilisation de la torture.

Le Canada fait partie de la coalition dirigée par les États-Unis qui lutte contre l’EI. Des forces spéciales canadiennes travaillent avec des combattants kurdes peshmerga en Irak, et des avions de surveillance canadiens participent aux efforts de renseignement et de reconnaissance.
Ottawa a réaffirmé par ailleurs son intention de fournir aux Kurdes des pistolets, des carabines, des mortiers et d’autres armes de combat. Mais la date de livraison de ce matériel n’a pas été communiquée. La Défense nationale indique simplement que tout se fera « le plus rapidement possible ».
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