Leslie Andrew, secrétaire parlementaire chargé des relations canado-américaines, semble justifier le décret de Donald Trump qui interdit l’entrée aux États-Unis de citoyens de sept pays à majorité musulmane.
« Maintenant que je suis mieux informé sur la question, le président (Barack) Obama a, en fait, signé plus de décrets dans sa première semaine que le président Trump », a dit Andrew Leslie lorsque les journalistes lui demandaient si le Canada est d’accord avec le décret du président Trump sur l’immigration.
L’ex-lieutenant-général de l’armée canadienne a ensuite assuré qu’il ne cherchait pas ainsi à défendre le geste qui est dénoncé sur toutes les tribunes depuis vendredi soir. « Non, non, non. Pas du tout. Mais je dois, parce que je suis responsable en partie pour une portion de la (relation) entre nos deux pays, établir des faits », a-t-il justifié.
Il a ensuite conseillé à tout le monde de « rester calmes et maintenir le cap ». Des déclarations qui ont suscité des réactions immédiates, notamment de la députée du Nouveau parti démocratique Hélène Laverdière. Pour elle, le problème n’est pas le nombre de décrets, « C’est le contenu de ces décrets-là qui est l’enjeu. »

La coopération primerait tout?
Rappelons que les citoyens de la Syrie, de l’Iran, de l’Irak, de la Libye, de la Somalie, du Soudan et du Yémen n’ont pas le droit d’entrer aux États-Unis pour les trois prochains mois, le temps que l’administration américaine revoit les règles d’obtention de visas. Le décret interdit aussi l’entrée au pays de tout réfugié pour les quatre prochains mois, tandis que les réfugiés syriens sont interdits pour toujours.
Aux premières heures du décret, le gouvernement canadien a craint que ses citoyens qui ont la double citoyenneté soient aussi visés. Washington a assuré, en fin de journée samedi, que les détenteurs de passeports canadiens n’avaient rien à craindre.
Le secrétaire parlementaire Leslie a brandi cet épisode pour féliciter son gouvernement d’avoir su établir des relations avec ce qui allait devenir l’administration Trump avant l’investiture du président américain.
« Défendre nos valeurs, oui, bien sûr, mais travailler de façon coopérative avec notre plus grand ami et notre plus important partenaire commercial est, peut-être, la démarche la plus sage », a-t-il dit.

La veille, M. Leslie avait dit que « c’est leur choix, comme peuple. Et nous, nous sommes un voisin très proche […] Il y a des enjeux délicats ». Mais l’opposition néo-démocrate ne cesse de réclamer un discours plus critique et plus direct envers M. Trump. Et elle veut que la critique vienne de la bouche du premier ministre lui-même.
Le gouvernement fédéral jugé inactif
Qualifiant le décret du président d’« ignoble » et de « dégoûtant », le député néo-démocrate Alexandre Boulerice a interpellé M. Trudeau lundi. « Ça prend une critique claire pour dire que nous, on se tient debout. On n’accepte pas ce genre de mesures et on les dénonce. M. Trudeau ne serait pas le seul à le faire. M. Hollande l’a fait. Mme Merkell l’a fait. Mme May au Royaume-Uni l’a fait également », a insisté le député Boulerice.
« Sous prétexte de commerce, il ne faudrait pas oublier qui on est », a-t-il prévenu.
Au Bloc québécois, on n’est pas, non plus, satisfait de la réaction de M. Trudeau au décret américain. « Trop tiède », a jugé le chef par intérim du BQ Rhéal Fortin. Les néo-démocrates ont réclamé un débat d’urgence aux Communes pour discuter du décret signé vendredi par le président Trump. Ce débat aura lieu mardi soir à Ottawa.
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