Un consensus se dessine au sein des parlementaires québécois qui ont adopté en 2015 la première loi au Canada légalisant par compassion humanitaire la pratique du suicide assisté pour certaines catégories de patients sans espoir de guérison.
L’idée serait de jeter les balises d’un débat public sur la pertinence de légaliser cette fois l’aide médicale à mourir pour les personnes incapables de donner un consentement éclairé, comme les malades atteints de la maladie d’Alzheimer.
Sans prendre d’engagement précis, le ministre québécois de la Santé, Gaétan Barrette, a ouvert la porte jeudi à la tenue d’un tel débat public réclamé par les deux principaux partis d’opposition, le Parti québécois et la Coalition avenir Québec.
Aide-mémoire…
Le débat sur l’aide médicale à mourir a été relancé cette semaine, lorsqu’un Montréalais, Michel Cadotte, a été accusé du meurtre au second degré de sa conjointe atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis des années. Il soutient avoir agi à la demande de sa femme.
Michel Cadotte FACEBOOK
Les limites de la loi québécoise actuelle
La loi québécoise sur les soins de fin de vie stipule qu’une personne admissible à une aide médicale à mourir doit être à l’agonie et atteinte d’une maladie incurable et qu’elle doit en plus être lucide pour donner elle-même son consentement.
Sont donc exclues d’emblée toutes les personnes, de plus en plus nombreuses dans la société québécoise vieillissante, souffrant de différentes formes de démence, dont l’alzheimer.
L’idée qui circule parmi les élus serait donc d’examiner la possibilité d’élargir l’application de la loi aux personnes ayant donné un consentement préalable, au moment où elles pouvaient le faire, par voie de mandat en cas d’inaptitude.
Le saviez-vous?
En 2011, 747 000 Canadiens (125 000 Québécois) étaient officiellement atteints de troubles cognitifs liés à la maladie d’Alzheimer ou à des maladies apparentées et l’on estime que d’ici à 2031, ce chiffre augmentera à 1,4 million de Canadiens. 72 % des personnes atteintes sont des femmes.
La maladie affecte maintenant un Canadien sur quatre qui a plus de 85 ans…
Pour éviter toute dérive, il faudra toujours s’assurer que la demande initiale provienne de la personne elle-même et non des proches, prévient la députée péquiste Véronique Hivon. Elle est celle qui est à l’origine des premières démarches sous le précédent gouvernement du Parti québécois visant à doter le Québec d’une loi légalisant l’aide médicale à mourir.
Mme Hivon réclame la tenue donc d’une commission parlementaire pour analyser toute la question, qu’elle a qualifiée d’extrêmement complexe, tant sur le plan médical que sur le plan éthique.
Un autre député de l’opposition, François Bonnardel, dont la mère souffre de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé, réclame lui aussi que le débat se fasse entre parlementaires sur cette question délicate.
Très ému, il a dit en point de presse jeudi que lui-même, dans les circonstances, serait prêt à réclamer l’aide des médecins pour mettre fin à la vie de sa mère, si la loi le lui permettait et si elle avait exprimé ce désir quand elle en était capable.
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