L’Alliance syndicale de la construction a annoncé, mercredi vers 5 h, le déclenchement d’une grève générale illimitée par ses quelque 170 000 membres.
Tous les secteurs de la construction sont en arrêt de travail et, à l’aube, des piquets de grève ont été installés à l’entrée de plusieurs chantiers.
Il s’agit de la deuxième grève générale illimitée dans l’industrie de la construction du Québec en quatre ans.
Les représentants syndicaux mettent cartes sur table

François-William Simard, vice-président développement stratégique et communications pour l’APCHQ
Michel Trépanier, porte-parole de l’Alliance, affirme que le syndicat a accepté de collaborer avec la conciliatrice afin d’en venir à un règlement, mais que les employeurs se sont entêtés à conserver leurs demandes qu’il qualifie de déraisonnables.
Mardi, le porte-parole de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), François-William Simard, a soutenu que depuis le début des négociations, il n’avait jamais senti une réelle volonté des syndicats d’en arriver à une entente.
Ce que veulent les travailleurs de la construction
En plus d’une hausse de salaire de près de 4 %, les horaires de travail et les heures supplémentaires sont au coeur du litige dans le secteur industriel, institutionnel et commercial, où la partie patronale cherche à obtenir une plus grande flexibilité des travailleurs, alors que ceux-ci estiment que les demandes patronales portent atteinte à la conciliation famille-travail.
Dans le cas des secteurs résidentiels et de la voirie et du génie civil, la pierre d’achoppement se situe surtout du côté des salaires, l’écart entre les demandes syndicales et l’offre patronale étant considérable.
Le gouvernement québécois soutient qu’il ne se montrera pas patient
Le gouvernement du Québec a promis mardi l’adoption très rapide d’une loi spéciale de retour au travail, bien que la ministre du Travail Dominique Vien ait refusé d’en préciser les modalités. Elle a cependant affirmé qu’une grève entraînerait des pertes quotidiennes de 45 millions de dollars pour l’économie du Québec.
Déjà, au moins deux centrales syndicales, la FTQ et la CSN, dénoncent l’adoption éventuelle d’une loi spéciale, accusant le gouvernement de faire le jeu des associations patronales en empêchant le rapport de force de s’exercer. La FTQ rappelle que les travailleurs de la construction sont parmi les rares syndiqués québécois qui n’ont pas droit à la rétroactivité. Cela encourage, selon elle, la partie patronale à laisser traîner les négociations.

Des escouades de « videurs de chantier »?
Les associations patronales craignent l’apparition d’escouades de « videurs de chantiers » une fois la grève déclenchée.
L’Association de la construction du Québec (ACQ – secteur industriel, institutionnel et commercial) a fait part à la Commission de la construction du Québec (CCQ) de ses préoccupations face à la possibilité que de telles escouades soient en train de se former.
« Dans les médias sociaux, on a vu des gens qui s’organisent, des videurs de chantiers. Ça nous préoccupe. On ne voudrait pas qu’il y ait des situations déplorables demain (mercredi) », a indiqué le porte-parole de l’ACQ, Éric Côté, en entrevue téléphonique.
Les associations patronales rappellent que les travailleurs de la construction ne sont pas assujettis aux dispositions antibriseurs de grève dans le Code du travail. Ainsi, des chantiers pourraient en principe poursuivre leurs activités si les travailleurs indiquent qu’ils souhaitent continuer à travailler pendant la grève, mais encore faut-il qu’il y ait de la main-d’oeuvre au rendez-vous.
La décision de se présenter ou non sur un chantier en cas de grève appartient aux travailleurs qui n’ont pas à subir d’intimidation. Ce genre de pratique est interdit par la loi.
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RCI avec La Presse canadienne
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