Une femme de 44 ans marchait avec son garçon de 5 ans dans le stationnement d’un centre commercial de Montréal dimanche lorsqu’une voiture conduite par une personne âgée de 90 ans les a happés. La mère a succombé à ses blessures, alors que l’enfant demeure dans un état critique.
Cet accident vient raviver un débat au Québec qui s’appuie sur une série de statistiques de plus en plus alarmantes sur la conduite automobile des personnes âgées.
Le nombre de conducteurs de 90 ans et plus a plus que doublé de 2011 à 2016 pour s’établir à plus de 8400. D’ici 10 ans, plus d’un million et demi de Québécois de plus 64 ans posséderont un permis de conduire, soit un conducteur sur quatre.
Or, le taux de collision est plus de trois fois et demie plus élevé chez les 75 ans et plus que chez les 34 à 44 ans.
Avoir ou ne plus avoir de permis de conduite
Chaque année, de 4000 à 5000 personnes âgées de plus de 75 ans décident d’elles-mêmes de déchirer leur permis parce qu’elles estiment ne plus pouvoir conduire de manière sécuritaire.
Or, les statistiques du bilan routier de la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) sont claires : le nombre d’accidents chez les personnes de plus de 75 ans a bondi depuis 2014 de 10 % chez les Québécois et de 17 % chez les Québécoises.
Dans l’ensemble du pays aussi, les compagnies d’assurance canadiennes affirment avoir noté un bond important des accidents causés par les conducteurs plus âgés depuis 10 ans.
En 2011, Transport Canada rapportait que les conducteurs de 65 ans et plus représentaient 17 % des décès sur les routes, bien qu’ils ne constituaient que 14 % des détenteurs de permis de conduire.
ÉcoutezCe qu’en pensent les aînés
Un sondage récent de la compagnie d’assurance State Farm Canada indique que les aînés canadiens sont réticents à abandonner leurs clés. Au moins 26 % d’entre eux désirent conserver leur permis après 85 ans.
Lorsqu’on a demandé aux personnes âgées ce qui les empêchait de renoncer à leur permis de conduire, 74 % ont mentionné la perte d’autonomie, 12 % l’incapacité de détecter les signes avant-coureurs de la perte des habiletés requises pour conduire, 6 % le manque de transports publics et 4 % le coût des taxis.
Parmi les facteurs qui inciteraient les personnes âgées à abandonner leur permis, les trois principaux arguments des répondants de 65 ans et plus ont été : les recommandations d’un professionnel de la santé (94 %), les inquiétudes des parents et amis (27 %) et une collision (14 %).
Par contre, seulement 2 % des aînés ont affirmé avoir eu cette conversation avec un membre de leur famille, des discussions qui ne se sont pas déroulées sans heurts.
Ce qu’en pensent les Canadiens
Selon les plus récents sondages, la conduite de certains conducteurs âgés est un problème très important aux yeux d’un Canadien sur trois.
Plus de 70 % des Canadiens sont d’avis que les personnes âgées ayant de la difficulté à conduire devraient être limitées â conduire dans un rayon de 25 km de leur domicile.
95 % d’entre nous estiment qu’au minimum des tests de vision devraient être obligatoires pour les personnes âgées.
88 % des Canadiens croient aussi que des tests de conduite devraient être imposés plus régulièrement à cette catégorie de conducteurs.
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