Le lanceur d’alerte canadien qui a fait chuter Facebook à la bourse lundi en révélant comment le réseau social aurait donné accès aux informations personnelles de millions d’utilisateurs, au profit de mouvements politiques aux États-Unis et au Royaume-Uni, avait été congédié par le Parti libéral du Canada en 2009.

Michael Ignatieff, lors d’une allocution en 2009
Christopher Wylie, un expert en informatique, s’était fait montrer la porte par les libéraux, alors dans l’opposition et dirigé par Michael Ignatieff, il y a quelques années, en grande partie parce qu’il voulait utiliser des méthodes jugées trop controversées de cueillettes de données pour améliorer les performances du parti sur les réseaux sociaux.
Selon un ancien employé du parti, qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat, à l’époque, ces méthodes étaient perçues comme étant trop intrusives et elles avaient soulevé des inquiétudes parmi les organisateurs libéraux, qui ont voulu prendre leurs distances de Christopher Wylie.
Les méthodes suggérées par l’informaticien auraient en fait effrayé les libéraux et cela aurait beaucoup joué dans la décision de ne pas renouveler son contrat en 2009.

Christopher Wylie plaide que ses idées ont mené à la création de la firme Cambridge Analytica, qui est au centre d’un scandale politique aux États-Unis.
PHOTO THE NEW YORK TIMES
Les dessous du nouveau scandale impliquant l’entourage de Donald Trump

Facebook a été touchée par ce scandale lundi. Son action a chuté de 12,53 $ US, ou de 6,77 pour cent, pour se situer à 172,56 $ US à la Bourse de New York.
Le New York Times et The Observer à Londres soutiennent que l’équipe du candidat républicain Donald Trump a demandé en 2016 à la firme Cambridge Analytica de prélever des renseignements personnels des profils Facebook de plus de 50 millions d’utilisateurs.
D’après l’enquête, Cambridge Analytica a pu créer les profils psychologiques de 50 millions d’usagers à partir d’une application qui s’affichait sur Facebook comme « une application de recherche utilisée par les psychologues ». Elle proposait de payer les utilisateurs pour remplir des tests de personnalité.
L’équipe Trump aurait apparemment par la suite tiré profit de ces données et de ces analyses pour en savoir davantage sur les comportements et la personnalité des électeurs américains en vue de l’élection présidentielle de 2016.
Samedi, l’équipe de Donald Trump a nié avoir utilisé ces données, affirmant qu’elle s’était plutôt servie des informations recueillies par le Comité national républicain.
Dans un communiqué diffusé lundi, l’entreprise Cambridge Analytica a « nié fermement » les allégations selon lesquelles elle aurait obtenu des données sur Facebook de façon inappropriée.
Entrevue en anglais de Christopher Wylie accordée à CBC – 3:29
Enquête au Canada
La nouvelle a causé toute une commotion des deux côtés de l’Atlantique. En Europe et aux États-Unis, de nombreuses voix exigent la tenue d’enquête.
Au Canada, le Commissaire à la protection de la vie privée s’est dit préoccupé par la possibilité que des renseignements personnels d’utilisateurs de Facebook puissent ensuite servir à des partis politiques. Lisez la suite… Protection de la vie privée : le Canada s’inquiète du scandale des données Facebook
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RCI avec La Presse canadienne, AFP’, CBC et Radio-Canada
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