AVEC LA PRESSE CANADIENNE
Devant l’inévitable – même inéluctable – déficit démographique en vue, le Québec doit impérativement agir afin que les diplômes des immigrants soient davantage reconnus dans la province étant donné les pénuries observées dans certains secteurs
Ce constat est émis par des chercheurs de l’Institut du Québec (IdQ), qui ajoutent que la multiplication des ordres professionnels semble nuire au processus.
Statistiques non existantes – portrait imprécis
Reconnaissant qu’il n’existe pour ainsi dire pas de statistique quand vient le temps d’évaluer les taux de reconnaissance de diplômes étrangers par le Québec en général, l’IdQ constate que les immigrants sont systématiquement aux prises avec des défis constants et nombreux lorsqu’ils tentent de faire évaluer leurs compétences.
Un constat qui cible directement les pratiques des ordres professionnels.
Des ordres obstacles
Toujours selon l’institut de recherche, les nombreux ordres professionnels au Québec deviennent parfois des « obstacles » à l’intégration.
Au Québec, le taux de chômage chez les immigrants est plus élevé par rapport à la moyenne canadienne.
La mission première des ordres professionnels est bien de protéger le public, cela va de soi.
Dans ce contexte, les ordres déterminent les normes de reconnaissance des diplômes. Ce sont donc eux qui décident si un candidat a les compétences requises pour exercer sa profession au Québec.
De plus, les ordres détermineront la nature des formations ou des stages que devront compléter les candidats qui n’ont pas toutes les qualifications.
« Ce contrôle ne devrait pas être un moyen déguisé pour restreindre l’accessibilité des étrangers à la profession et la préservation d’un monopole local. »
Rapport de l’IdQ
Réformes dans les ordres
Selon Jean-Guy Côté, directeur associé à l’IdQ, les pratiques d’évaluation des diplômes devraient être harmonisées entre tous les ordres.
« Au Québec, il y a beaucoup d’ordres professionnels comparés à ailleurs, il y a beaucoup de métiers protégés. Donc, c’est clair qu’il y a plus de personnes autour de la table. Les comités d’évaluation ne sont pas nécessairement égaux d’un ordre à l’autre, il y a des comités qui sont plus compétents que d’autres, il y a des ordres qui sont un peu plus en retard. »
Jean-Guy Côté, directeur associé à l’IdQ
Selon lui, les ordres devraient aussi profiter davantage de leurs expériences passées pour traiter les dossiers.
« Ça fait des années que ces gens-là reconnaissent les diplômes, il doit y avoir une quantité appréciable de données par rapport à ce qu’ils ont reconnu dans le passé, donc ils pourraient accélérer le processus et, par exemple, dire : quelqu’un qui a reçu un diplôme d’une telle école en Afrique du Nord, ça lui prend un an de plus ici. »
Jean-Guy Côté, directeur associé à l’IdQ
Cela dit, l’IdQ a salué le travail amorcé par l’Ordre des ingénieurs du Québec, qui a récemment revu ses pratiques afin d’arriver à une évaluation plus efficace des diplômes soumis.
D’autres pistes de réflexion
Les systèmes de reconnaissance des qualifications, québécois et canadien, sont fortement décentralisés et les organismes responsables se dédoublent parfois entre eux.
Outre les ordres professionnels, il y a quatre organisations qui travaillent sur la reconnaissance des diplômes : le gouvernement du Québec, le Conseil interprofessionnel du Québec, le Commissaire à l’admission aux professions et le Pôle de coordination pour l’accès à la formation.
Pour une meilleure efficacité, l’IdQ propose notamment de centraliser toutes les demandes de reconnaissance à un même endroit, au lieu qu’elles soient éparpillées dans les ordres. Il croit aussi que le rôle des organismes devrait être mieux défini pour éviter des chevauchements.
L’institut de recherche suggère aussi au Québec de s’inspirer de l’Australie pour entamer le processus de reconnaissance dès les premières étapes de l’immigration. Grâce à cette pratique, l’Australie a coupé des mois d’évaluation.
Les immigrants sur le marché du travail au Québec en 2017
- Taux de chômage dans l’ensemble des immigrants : 8,7 %
- Taux de chômage chez les immigrants arrivés depuis cinq ans ou moins : 15,8 %
- Rémunération horaire moyenne chez les immigrants : 23,81 $
- Rémunération horaire moyenne chez les citoyens nés au Canada : 25,17 $
Source: Institut de la statistique du Québec (ISQ)
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