Les services de transports réservés aux femmes ont la cote(Photo: CBC)

Les services de transports exclusivement réservés aux femmes ont le vent dans les voiles

On note au Canada l’émergence de plusieurs services de transport réservés aux femmes et celles qui sont à l’origine de ces initiatives et entreprises affirment que les obstacles auxquels elles se heurtent démontrent clairement pourquoi ils sont nécessaires.

D’un bout à l’autre du Canada

Que l’on soit à Halifax en Nouvelle-Écosse ou encore à Vancouver en Colombie-Britannique, et partout entre ces deux presque extrêmes du pays, des femmes se sont lancées dans ces projets alternatifs entièrement féminins, affrontant du coup de gros joueurs tels Uber et Lyft.

Cela dit, en raison de procédures administratives lourdes, la plupart d’entre elles se sont retrouvées face à des barrières créées par des règles municipales et des attitudes de la société.

Certaines comparent le combat qu’elles mènent à celui des femmes qui ont milité pour l’obtention du droit de vote.

Une demande en forte croissance

Elles ne sont pour le moment que quelques-unes à offrir de tels services de façon régulière et concertée. Cela dit, ces fondatrices affirment qu’elles sont incapables de répondre à la demande de femmes en quête d’une plus grande sécurité pendant leurs déplacements au jour le jour.

De récents incidents d’agressions sexuelles alléguées impliquant des conducteurs ajoutent encore plus d’urgences à la nécessité d’offrir une option.

DriveHer, nouveau service en démarrage dans la métropole canadienne, Toronto

Récemment mis sur pied dans la Ville Reine, DriveHer tente aussi de déployer son offre dans trois autres villes, malgré des résistances et des lenteurs administratives municipales et certaines invectives de citoyens.

Aisha Addo, fondatrice du service torontois DriveHer (YouTube)

 «  Le simple fait que vous ayez un problème avec ce qu’on fait […] prouve qu’on ne peut rien avoir pour nous-mêmes sans qu’on nous humilie. »

Aisha Addo, fondatrice du service torontois DriveHer.

Ces propos sont durs, c’est un fait, mais ils n’ont pas pris naissance dans une lubie.

Mme Addo dit avoir eu l’idée de lancer son service quand elle s’est retrouvée seule avec un chauffeur de taxi qui la conduisait vers une banlieue à l’ouest de Toronto. Le chauffeur aurait commencé à lui poser des questions de plus en plus personnelles, même quand elle a appelé une amie pour tenter de changer le sujet.

Elle a demandé au chauffeur de la déposer à quelques coins de rue de chez elle, où elle est arrivée saine et sauve. Mais cette expérience l’a convaincue que les femmes ont besoin de nouvelles options en matière de transport.

Des conductrices posent leur candidature

Plus d’une centaine de conductrices ont demandé à se joindre à DriveHer.

Quant aux passagères, toujours selon Mme Addo, la réponse est stupéfiante : l’application pour Android et iOS a été téléchargée plus de 3000 fois en seulement deux semaines, aux antipodes des réactions des autorités au projet.

DriveHer est-il discriminatoire?

Telle est la grande question quand vient le temps de présenter le service aux autorités municipales.

Pour ce faire, DriveHer a retenu les services de Me Saron Gebresellassi, spécialiste des droits de la personne pour arriver à convaincre les dirigeants municipaux. Me Gebresellassi a notamment rappelé que Toronto offre une multitude de services réservés aux femmes, comme des refuges.

Mme Addo a aussi dû composer avec des hommes qui prétendent que DriverHer porte atteinte à leurs droits, ce que réfute immédiatement l’avocate torontoise et militante des droits des femmes Marcy Segal.

Saron Gebresellassi – People’s Lawyer (Facebook)

« Il n’y a aucun préjudice pour les hommes. Ils ne seront pas laissés à eux-mêmes. Ils ont d’autres choix pour se déplacer […] On ne persécute pas les hommes en leur refusant ce service de taxi. »

Me Saron Gebresellassi

Les conductrices de DriveHer ont l’entière liberté d’accepter des clients masculins ou de les référer à Uber ou à un taxi traditionnel.

D’autres mesures mises en place ailleurs

Dans certaines villes, des wagons de métro sont réservés aux femmes. Ce service est en cours de création à Bursa, dans le nord-ouest de la Turquie, mais est en place à Mexico, au Mexique. La ligne Chûô de Tokyo, déjà en place dès 1912, offre une plus grande sécurité aux passagères. Mais ces mesures ne font toutefois pas l’unanimité.

On craint par exemple que les victimes d’agressions sexuelles ne soient blâmées pour avoir utilisé des services habituels au lieu de ceux réservés aux femmes.

(Facebook)

À Kitchener, en Ontario, le service CabShe a cessé ses activités en raison de problèmes avec les permis municipaux.

L’entreprise assure sur Facebook qu’elle s’affaire à régler le tout.

À l’autre bout du pays, sur l’île de Vancouver – à ne pas confondre avec la ville du même nom – les femmes pourraient bientôt avoir accès à leur propre service si trois entrepreneures obtiennent les autorisations nécessaires.

Ailleurs, Ikwe Safe Ride offre un service à l’intention des femmes et des enfants autochtones de Winnipeg. Depuis juin 2017, Lady DriveHer fait des affaires d’or à Halifax.

Crissy McDow, proproétairede Laydy Drive Her en Nouvelle-Écosse (ladydriveher.com/)

La fondatrice de Lady DriveHer, Crissy McDow, explique que les règlements municipaux l’empêchent de couvrir toute la ville, mais elle et ses 11 conductrices travaillent à temps plein à transporter des femmes entre la ville et l’aéroport.

Malgré tout, ces dames, 15 fois moins nombreuses que les hommes, doivent affronter l’intimidation et même le sabotage de ceux avec qui elles partageaient paisiblement la route… jusqu’à présent.

Il y a encore tellement de chemin à parcourir.

RCI, PC

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Catégories : Économie, Société
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