Le gouvernement du Québec en croisade contre l'intimidation qui touche principalement les plus vulnérables, notamment dans les écoles. Crédit : Radio-Canada.

Violence et intimidation contre le personnel de l’éducation : tous coupables, parents comme élèves

Le syndicat de Champlain (CSQ), qui regroupe plus de 10 500 membres issus du domaine de l’éducation, personnel enseignant et de soutien scolaire, qui travaillent pour les commissions scolaires des Patriotes, Marie-Victorin et de la Vallée-des-Tisserands, sur la Rive-Sud de Montréal, tire la sonnette d’alarme sur un phénomène qui porte un préjudice important à la qualité des services qu’ils offrent au sein des établissements : la violence et l’intimidation qui frappent plus d’un personnel enseignant sur deux.

Des attaques qui revêtent plusieurs formes

La violence et l’intimidation contre le personnel enseignant, le personnel de soutien et autres personnels des services de garde, dans certains établissements scolaires appartenant aux commissions scolaires au sud de Montréal, a pris des proportions inquiétantes.

Comme l’a indiqué le président du Syndicat de Champlain, Éric Gingras, il se passe rarement une journée sans qu’il y ait des appels de membres se plaignant d’avoir été victimes d’un incident de ce genre dans les écoles.

Ces incidents, qui sont souvent physiques ou verbaux, sont le fait aussi bien des élèves que des parents.

Ainsi, parmi les incidents physiques, des enseignants ou des personnels de services de garde ont souvent mentionné avoir été mordus par des enfants en colère, d’autres se sont vus proférer des menaces par les parents qui téléphonent ou se présentent physiquement en face d’eux.

D’autres incidents physiques et verbaux impliquent des jeunes qui profèrent des injures ou tout autre propos agressif vis-à-vis des enseignants et autres personnels administratifs, leur lancent un pupitre ou un seau de recyclage, etc.

Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain. Photo CSQ

Des faits qui ne sont pas de nature à favoriser un climat de travail serein au sein des établissements, déplore M. Gingras.

Au-delà des histoires entendues, des dossiers qui s’accumulent, des arrêts de travail qui se multiplient et des cas d’invalidité qui se multiplient, nous avons désormais des données claires et probantes sur l’état des lieux, un portrait quantifiable de ce que vit le personnel de l’éducation. Et il faut que ça change ! L’employeur a la responsabilité de respecter la Loi sur la santé et la sécurité du travail et donc, d’assurer un milieu de travail adéquat, sain, respectueux et exempt de violence et d’intimidation.Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain. Photo CSQ

Après avoir vécu des situations de détresse psychologique importantes, certains personnels ont décidé d’abandonner leurs métiers en milieu scolaire et de changer de carrière, pour se mettre à l’abri d’une situation qui porte atteinte à leur intégrité physique et morale.

Écoutez

À noter:

(Istock). C’est grâce à un sondage Léger sur la reconnaissance, charge de travail, la prévalence de violence (physique et verbale) et de cas d’intimidation sur les lieux de travail et sur les relations avec le personnel de direction, que le Syndicat de Champlain a pu réaliser les principaux constats suivants : 

Plus d’une personne sur deux a été témoin ou victime de violence physique dans son école ou son centre;

Près de trois personnes sur quatre ont été témoin ou victime de violence verbale dans leur établissement;

Plus d’une personne sur deux a été témoin ou victime d’intimidation dans son milieu, une fois sur trois par son supérieur;

Plus d’une personne sur quatre qualifie le climat de travail dans son milieu de mauvais. La proportion monte à une personne sur trois chez le personnel enseignant.

L’Immobilisme de certains établissements dénoncé

Le président du CSQ remet en cause le mutisme de certains établissements scolaires en face d’un phénomène qui mine la qualité du travail et la santé du personnel dans les établissements scolaires.

Selon lui, les directions des écoles et les commissions scolaires devraient intervenir ou agir davantage pour mettre un terme à cette situation.

Au niveau du ministère de l’Éducation, des efforts sont également attendus, notamment en ce qui concerne le déploiement de bonnes ressources pour mettre en œuvre les plans d’action pensés pour contrer ce phénomène.

Le syndicat entend élaborer sous peu une série de mesures pour tenter de venir à bout du problème:

Il sollicitera, dès les prochaines semaines, des rencontres avec les services des ressources humaines et les directions générales des commissions scolaires sur son territoire pour leur faire part des constats de l’étude et pour les interpeller sur les mesures qu’ils comptent prendre pour assumer leurs responsabilités et s’assurer de remédier à cette situation

Dès la rentrée scolaire 2018-2019, ìl mettra en œuvre une nouvelle procédure d’intervention, élaborée au cours des derniers mois grâce au travail de collaboration entre les différents services, sections et ressources du Syndicat,

Désormais, peu importe la commission scolaire, toutes les situations dénoncées qui toucheront la santé et la sécurité du travail seront traitées de la même façon, afin de maximiser l’efficacité d’intervention.

Le niveau de tolérance, en ce qui concerne les agressions physiques, verbales, et autre intimidation sera ramené à zéro, car il y va de la santé et de la sécurité des personnes au travail.

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Catégories : Santé, Société
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