Le gouvernement canadien s’étant montré incapable de déterminer si des violations de droits de la personne ont été commises contre la minorité chiite en Arabie saoudite par le régime au pouvoir, les permis d’exportation des véhicules blindés canadien qui avaient été suspendus il y a 11 mois viennent d’être réinstaurés.
Les permis d’exportation de Terradyne Armored Vehicles avaient été suspendus en juillet 2017 après la divulgation d’informations suggérant que les véhicules blindés légers vendus par le Canada à l’Arabie saoudite avaient été utilisés contre des civils chiites dans une vaste opération, qui aurait fait des victimes, dans la région de la ville d’Awamiya, dans l’est du pays.
« Nous prenons très au sérieux ces allégations […] et nous allons faire un suivi immédiat », avait dit alors le premier ministre Justin Trudeau.
Une enquête canadienne conclut que le régime saoudien a agi de manière responsable
De hauts fonctionnaires ont conclu que ces véhicules ont pu être utilisés pendant l’« opération sécuritaire » de l’été dernier, mais que les forces saoudiennes avaient pris soin de « minimiser les pertes de vie civile ».
Dans ce rapport d’enquête en partie censuré et rendu public lundi après-midi par le bureau de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, on peut lire l’analyse d’une source militaire non identifiée. Celle-ci affirme que l’offensive du gouvernement saoudien était « équilibrée, nécessaire, opportune » compte tenu du niveau de la menace dans le secteur est du royaume.
Bien que certaines des séquences vidéo scrutées par les fonctionnaires « semblent montrer des tirs en provenance d’armes montées sur les véhicules, il n’est pas clair que les tirs viennent des Gurkha fabriqués au Canada », souligne-t-on dans le rapport.
Et puisque « l’opération sécuritaire semble être terminée, le risque de victimes [civiles] dans l’avenir est minimal », notent les sous-ministres Ian Shugart et Tim Sargent, respectivement aux Affaires étrangères et au Commerce international.
Le saviez-vous?
La vente de blindés à l’Arabie saoudite en avril 2016 avait permis au Canada de se tailler une place parmi les plus importants vendeurs d’armes et d’équipement militaire dans le monde.
Le Canada était passé du 6e rang en 2014 au 2e rang en 2015 au palmarès des pays exportateurs d’armes au Moyen-Orient, avec une augmentation de 430 % de ses ventes. Avec un total de 2,7 milliards de dollars en ventes pour l’année 2015 dans la région, le pays se classait tout juste après les États-Unis.
Feu vert à l’exportation
Le régime saoudien va donc pouvoir obtenir livraison de véhicules blindés de fabrication canadienne construits en Ontario par Terradyne Armored Vehicles dans le but officiel de mener des « opérations sécuritaires internes légitimes ».
« Il est raisonnable de s’attendre à ce que le Royaume d’Arabie saoudite continue à utiliser des Gurkha pour atténuer les risques à la sécurité pendant la conduite d’opérations sécuritaires internes légitimes », affirment-ils.
On mentionne aussi, dans le rapport d’enquête de 10 pages, qu’« en dépit de son bilan en matière de droits de la personne, l’Arabie saoudite demeure un partenaire important du Canada dans la région », et que la relation commerciale entre Ottawa et Riyad est « importante et croissante ».
Recommandé pour vous :
EXCLUSIF : la vente de blindés canadiens en Azerbaïdjan soulève de nombreuses questions
RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada
En complément
Canada/Arabie Saoudite : des armes et Raif Badawi alors? – RCI
L’autorisation d’exporter des blindés canadiens vers l’Arabie saoudite accordée – RCI
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.