Le dernier rapport annuel de l’ONU sur les enfants et les conflits armés est tout sauf rassurant. Le nombre de violations des droits de l’enfant signalées en 2017 a connu une forte hausse par rapport à l’année précédente. Plus de 21 000 cas contre 15 500. En cause : les conflits armés.
Le document nommé Enfants et conflits armés indique que les crises en cours en République centrafricaine (RCA), en République démocratique du Congo (RDC), au Myanmar, au Soudan du Sud, en Syrie et au Yémen ont provoqué une augmentation considérable des graves violations des droits de l’enfant constatées. Ainsi, plus de 10 000 enfants ont été tués ou mutilés lors de conflits armés. D’autres ont été violés, enrôlés de force comme soldats ou attaqués dans des écoles et des hôpitaux.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’en est dit indigné. Alors que la représentante spéciale du secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba, a déploré le fait que dans trop de situations de conflit, les belligérants ne tiennent pas compte des mesures qui pourraient contribuer à protéger les plus vulnérables.

La représentante spéciale du secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba, estime que les enfants ne sont pas suffisamment protégés dans des situations de conflit.
Selon elle, lorsqu’une maison ou une école peut être attaquée sans scrupules, lorsque les refuges traditionnels deviennent des cibles, il est impossible pour les enfants d’échapper à la brutalité de la guerre. Tout cela, se désole Mme Gamba, est la démonstration d’un mépris flagrant pour le droit international des parties au conflit, rendant les civils, en particulier les enfants, de plus en plus vulnérables à la violence, à l’usage et aux abus.
Toujours les mêmes ou presque
Le rapport de l’ONU indique que les enfants sont victimes de violences sexuelles et physiques. Ils sont enrôlés et utilisés par des groupes armés ou même des forces gouvernementales. L’ONU montre du doigt des pays comme la Syrie où les enfants ont subi le plus grand nombre de violations vérifiées jamais enregistrées dans le pays. En RDC, les crises dans le Kasaï, une province du centre du pays, ont multiplié par huit les attaques contre les écoles et les hôpitaux. En tout, 515 cas ont été dénombrés en 2017.
Au Soudan du Sud, ce sont 1221 enfants qui ont été recrutés et utilisés en 2017. Le viol et d’autres formes de violence sexuelle contre les enfants sont restés extrêmement élevés dans ce pays d’Afrique de l’Est, avec plus de 900 cas vérifiés contre des garçons et des filles.

En Irak, l’ONU a recensé au moins 1036 cas d’enfants détenus dans des centres de détention pour mineurs en raison d’accusations liées à la sécurité nationale, principalement pour leur association présumée avec le groupe armé État islamique. Au Nigeria, ce sont plus de 1900 enfants qui ont été privés de liberté en raison de leur association présumée, ou celle de leurs parents, avec la secte terroriste Boko Haram.
Au Yémen au moins la moitié des plus de 1300 décès ou blessures d’enfants enregistrés dans cette nation pauvre sont attribuables, selon l’ONU, aux attaques d’une coalition arabe soutenue par les États-Unis contre des rebelles houthis opposés au gouvernement internationalement reconnu du Yémen.
Appel aux belligérants et à la communauté internationale
Pour Virginia Gamba, les enfants houthis ne devraient pas être traités comme ceux d’un Dieu inférieur. Ils méritent les mêmes droits que tous les enfants, de vivre leur vie au moins de manière significative et d’avoir une chance de récupérer.

L’ONU rapporte aussi des cas d’enlèvements d’enfants à grande échelle ainsi que le déni d’accès humanitaire comme tactique de guerre. À cela, s’ajoute le nombre d’enfants non accompagnés fuyant les guerres et la violence. Autant de préoccupations qui requièrent une réponse internationale coordonnée pour accroître les efforts de protection de l’enfance et traiter la dimension transfrontalière des violations graves.
Face à un tableau qu’il qualifie d’horrible, le patron de l’ONU demande aux parties en cause dans des conflits de s’engager avec les Nations unies pour prendre des mesures concrètes pour mettre fin aux violations graves des droits de l’enfant et les prévenir, ainsi que pour apporter un soutien et des secours aux enfants touchés. Il leur rappelle également qu’elles ont la responsabilité de protéger les enfants, conformément au droit international relatif au droit humanitaire et aux droits de l’homme.
(Sources : Onu Nouvelles, Reuters)
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