Le protectionnisme, remis au goût du jour par le président américain Donald Trump, est-il en train de faire des petits dans d’autres pays? La question mérite d’être posée au lendemain de la publication du 19e rapport de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur le suivi des mesures commerciales appliquées par le Groupe des 20 (G20). Le document montre que le nombre de nouvelles mesures restrictives commerciales appliquées par les économies du G20 a doublé par rapport à la période précédente.
Entre mi-octobre 2017 et mi-mai 2018, les pays du G20 se sont mutuellement imposé 39 nouvelles mesures restrictives commerciales. Il s’agit notamment de hausses tarifaires, de procédures douanières plus strictes, d’imposition de taxes et de droits d’exportation. Ce qui équivaut à une moyenne de près de six mesures restrictives par mois. Une moyenne nettement plus élevée que les trois mesures par mois enregistrées au cours de la période précédente.
Le directeur général de l’OMC Roberto Azevêdo s’en inquiète. « L’augmentation marquée des nouvelles mesures restrictives dans le commerce parmi les économies du G20 devrait être une réelle préoccupation pour la communauté internationale », a-t-il fait savoir.
Selon lui, les mesures commerciales restrictives supplémentaires constatées récemment sont un indice que la détérioration des relations commerciales pourrait être encore pire que celle enregistrée ici. Cette escalade continue constitue une menace sérieuse pour la croissance et la reprise en cours dans tous les pays.
Des mesures restrictives inopportunes
Il a donc appelé les dirigeants du G20 à faire preuve de retenue dans l’application de nouvelles mesures commerciales restrictives et à désamorcer d’urgence la situation. Il s’est aussi engagé à travailler avec les gouvernements et tous les membres de l’OMC à cette fin. L’OMC est d’autant préoccupée par les tendances protectionnistes actuelles que l’économie mondiale commençait, selon elle, à générer enfin une dynamique soutenue, après la crise financière mondiale de 2008.
Donc, l’incertitude créée par une prolifération d’actions restrictives pour le commerce pourrait compromettre la reprise économique. L’OMC rappelle que le système commercial multilatéral a été conçu pour résoudre ce type de problèmes et il a les moyens de le faire à nouveau.
Cependant, une escalade supplémentaire de guéguerres commerciales pourrait comporter des risques potentiellement importants pour le système lui-même. L’OMC implore les économies du G20 d’utiliser tous les moyens à leur disposition pour désamorcer la situation et promouvoir un relèvement du commerce international.
Petite consolation tout de même : les économies du G20 ont également mis en œuvre 47 mesures visant à faciliter les échanges au cours de la période considérée, notamment des droits de douane supprimés ou réduits. Des procédures douanières d’importation et d’exportation ont aussi été simplifiées dans certains cas, et il y a eu une réduction des taxes à l’importation dans d’autres. Avec une moyenne de près de sept mesures de facilitation des échanges par mois ce chiffre est légèrement plus élevé que les six mesures enregistrées au cours de la période précédente (de la mi-mai à la mi-octobre 2017).
Les mesures de facilitation surpassent les mesures restrictives
Les mesures de facilitation des échanges mises en œuvre par les économies du G20 s’établissent ainsi à 82,7 milliards de dollars. Ce qui dépasse la valeur estimée des mesures restrictives pour les importations qui est de 74,1 milliards. Mais cette dernière donnée représente tout de même environ la moitié de la couverture commerciale pour la même période en 2016-2017. L’ampleur des mesures restrictives à l’importation est plus d’une fois et demie supérieure à celle de la même période en 2016-2017.
En ce qui concerne les mesures correctives commerciales, la période examinée a été marquée par une légère augmentation des enquêtes ouvertes par les économies du G20 et par une augmentation importantes des résiliations d’ententes par rapport à la période précédente.
Les lancements d’enquêtes sur les actions correctives représentent 49 % de toutes les mesures commerciales enregistrées au cours de la période considérée. La valeur des enquêtes sur les recours commerciaux enregistrés dans le dernier rapport de l’OMC est estimée à 52,3 milliards de dollars et est nettement plus élevée que dans les deux précédents rapports.
(Source : OMC)
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