L'humanité consomme beaucoup trop de ressources par rapport à la capacité de la nature de les regenérer (REUTERS/Christian Charisius)

La planète a épuisé ses ressources pour l’année 2018. Vraiment?

Selon l’ONG Global Footprint Network, le 1er août 2018 est une date sombre pour l’humanité. C’est le jour du dépassement. En cette journée, l’humanité aurait consommé la totalité des ressources que l’écosystème de la planète était en mesure de produire pour l’année. On parle ici de capacité d’absorption de dioxyde de carbone provenant de la combustion fossile, de l’hébergement, des infrastructures de bois, mais aussi de nourriture, entre autres.

Le verdict est sans appel : l’humanité vit à crédit à partir du 1er août. Plus préoccupant, selon l’ONG californienne, le jour du dépassement, qui était fixé à la fin de septembre en 1997, a été déplacé au 1er août cette année. C’est la date la plus hâtive depuis que la Terre connaît des journées de dépassement. Global Footprint Network estime que l’humanité utilise actuellement la nature 1,7 fois plus rapidement que la capacité des écosystèmes à se régénérer. Ce qui serait l’équivalent de l’utilisation de 1,7 Terre.

Pour GFN, les coûts des dépassements écologiques mondiaux se traduisent par la déforestation, la pénurie d’eau douce, l’érosion des sols, la perte de biodiversité et l’accumulation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Cela entraîne des changements climatiques, des épisodes de sécheresse plus graves, des incendies de forêt et des ouragans.

Seul compte le présent

Mathis Wackernagel, PDG et cofondateur de Global Footprint Network, compare le fonctionnement actuel des économies à un système de Ponzi, du nom du montage financier frauduleux qui consiste à payer les placements des membres par des fonds procurés par les nouveaux clients.

« Nous empruntons les ressources futures de la Terre pour faire fonctionner nos économies dans le présent. Comme tout système de Ponzi, cela fonctionne pendant un certain temps. Mais à mesure que les nations, les entreprises ou les ménages s’endettent de plus en plus, ils finissent par s’effondrer », dit M. Wackernagel.

Il est temps, insiste-t-il, de mettre fin à ce système de Ponzi écologique qui n’est pas le fruit du hasard.

Selon l’ONG, dans un monde de plus en plus urbanisé, où près de 80 % de la population vivra dans les zones urbaines d’ici 2050, nous devons revoir notre manière de consommer les ressources. Si nous réduisons la conduite automobile de 50 % dans le monde et remplaçons un tiers des distances parcourues par voiture par des transports en commun et le reste par le vélo et la marche, le jour du dépassement de la Terre reculerait de 12 jours.

L’urbanisation croissante des pays va avoir des conséquences sur la disponibilité des ressources, selon GFN. (REUTERS/Monica Quesada (COSTA RICA)

Méthodologie contestée

GFN se sert de milliers de données de l’ONU, notamment du Fonds des Nations unies pour l’alimentation (FAO), de l’Agence internationale de l’énergie et du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour faire ses calculs et ses prévisions. Néanmoins, cette méthodologie est contestée.

L’ex-chef de WWF au Royaume-Uni, Leo Hickman, dans une tribune du Guardian en 2010, se demandait : « Comment pouvez-vous coller ensemble des faits concernant, par exemple, les gaz à effet de serre, la destruction des forêts tropicales et le rendement du maïs, pour arriver à un seul chiffre?»

De son côté, Michael Shellenberger, qui dirige le Breakthrough Institute, une autre organisation environnementale californienne, suggère de laisser tomber l’empreinte écologique et de commencer à mesurer directement notre empreinte carbone. « Utilisons des mesures plus significatives pour vérifier si notre exploitation des terres, des forêts, des mers est faite de façon durable », conclut-il.

(Source : GFN, Liberation.fr, Slate.fr)

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