Si les effets d’un manque de sommeil sur certaines facultés du cerveau sont maintenant bien établis scientifiquement, les dangers d’un trop-plein de sommeil n’avaient pas fait l’objet d’une vaste enquête sur des dizaines de milliers de personnes, tâche que viennent d’accomplir des chercheurs canadiens, la plus grande initiative du genre.
L’enquête permet de conclure que trop de sommeil peut nuire à la performance cognitive du cerveau. L’auteur principal de l’étude, le neurologue Conor Wild, du Brain and Mind Institute à l’Université Western en Ontario, affirme que la performance cognitive des « gens qui dorment plus de sept ou huit heures est en fait aussi altérée que celle de ceux qui dorment trop peu ».
Il ajoute que le raisonnement et les capacités verbales comptent parmi les aptitudes les plus touchées par la trop grande quantité de sommeil.
Les conclusions préliminaires de l’enquête canadienne, qui viennent d’être publiées par le journal scientifique Sleep, démontrent qu’une seule bonne nuit de sommeil semble cependant en mesure de rétablir une meilleure performance du cerveau.
Heureusement, il semble que moins de 4 % des Canadiens dorment plus que la durée de sommeil maximale recommandée, soit 9 heures par nuit, comme l’indique ce graphique de Statistique Canada.
Il s’agit de la plus importante étude sur le sommeil jamais réalisée dans le monde
Plus de 40 000 personnes de partout dans le monde ont répondu au long questionnaire scientifique mis en ligne en juin 2017 par les chercheurs de l’Institut Brain and Mind.
Ce questionnaire les interrogeait notamment au sujet de leur médication, de leur âge, de leur lieu de résidence et de leur niveau d’éducation.
La durée de sommeil recommandée pour les adultes est de sept à neuf heures. Or, environ la moitié des participants ont rapporté dormir moins de 6,3 heures par nuit, soit environ une heure de moins que ce qui est recommandé. Les résultats de l’étude montrent en particulier que le tiers des Canadiens âgés de 18 à 64 ans affirment dormir moins que la durée recommandée.
Une révélation étonnante de cette enquête : la performance cognitive des participants qui dormaient quatre heures et moins correspondait à celle de gens neuf ans plus vieux qu’eux.
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Des problèmes de santé seraient aussi liés à un grand manque de sommeil
Des problèmes cardiovasculaires, y compris l’hypertension artérielle et les maladies de coeur, sont reliés à un sommeil trop long comme ils le sont pour un sommeil trop court.
Une recherche aux États-Unis comprenant des données issues de l’étude Nurses’ Health sur plus de 71 000 femmes a montré qu’un temps de sommeil trop long était associé à un risque plus élevé d’insuffisance coronarienne. La recherche a établi qu’une durée de sommeil anormale – trop longue ou trop courte – peut presque doubler les risques de souffrir de certaines maladies cardiovasculaires.
En 2015, des chercheurs de l’Université de Sydney, en Australie, avançaient eux aussi que plus de neuf heures de sommeil par nuit seraient aussi mauvaises pour le corps que le tabac ou l’alcool. Les chercheurs s’appuyaient sur une large étude australienne qui avait observé les mécanismes de santé générale au fur et à mesure que 230 000 participants prenaient de l’âge.
Les chercheurs ont remarqué que les sujets qui dormaient trop et ne bougeaient pas assez présentaient des risques de développer des maladies telles que des cancers, du diabète ou des maladies cardiovasculaires et donc une espérance de vie plus courte.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Arnaux Decroix et Isabelle Craig de Radio-Canada
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