Photo : ONFR

Doug Ford a mis le feu aux poudres avec ses coupes dans les services à la francophonie en Ontario

En annonçant, jeudi, la disparition du poste de commissaire aux services en français et l’annulation d’une première université francophone en Ontario, le premier ministre conservateur disait vouloir épargner des millions au nom d’une meilleure santé financière. Il récolte depuis la colère de la francophonie d’un bout à l’autre du pays.

« Recul effroyable » , « épouvantable » et « aberrant » , les expressions fusent de toute part. Pour plusieurs, c’est le choc de voir la francophonie réduite à un poste budgétaire plutôt que d’être perçue comme un actif de la collectivité ontarienne.

François Legault. Photo : Alec Castonguay, La Presse canadienne

Le nouveau premier ministre du Québec a également partagé sa consternation. « Je veux que le français en Ontario soit protégé le plus possible », a déclaré François Legault.

Il dit que c’est un sujet qu’il abordera quand il rencontrera Doug Ford lundi.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau est « profondément déçu » de cette décision du gouvernement ontarien d’abandonner le projet d’université francophone et de dissoudre le commissariat aux services en français de la province.

La ministre canadienne des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, a demandé pour sa part à rencontrer le gouvernement Ford pour discuter des conséquences de cette décision et des prochaines étapes.

Dans une lettre envoyée dimanche à Caroline Mulroney, la ministre écrit que « ce sont, sans aucun doute, des décisions qui auront des conséquences les plus dévastatrices pour plus de 600 000 Franco-Ontariens et plus de 7,9 millions de francophones à travers le pays ».

Doug Ford et Justin Trudeau en juin dernier quelques jours après l’arrivée au pouvoir de Ford. Photo : La Presse canadienne

Une dispute fédérale-provinciale qui se dessine?

Les choses n’en resteront pas là dans le contexte où les francophones de l’Ontario représentent une force électorale. Ils sont plus de 600 000 et une élection fédérale aura lieu dans moins d’un an. La protection de la langue est officiellement extrêmement importante pour Justin Trudeau et son gouvernement.

Un porte-parole du bureau du chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer dit qu’il s’est entretenu avec le premier ministre et la ministre provinciale des Affaires francophones, Caroline Mulroney, en marge du congrès d’orientation du Parti progressiste-conservateur en fin de semaine pour faire part de ses préoccupations concernant les compressions. Scheer n’a pas cependant demandé à Ford de revenir sur sa décision.

Lorsqu’on lui a demandé si la décision de Ford nuirait à ses propres chances de s’emparer du poste le plus élevé au pays en 2019, Scheer a répondu que les Canadiens votent aux élections fédérales sur des questions fédérales et aux élections provinciales sur des questions provinciales.

Doug Ford vient-il de faire des droits linguistiques des francophones un enjeu des prochaines élections?

Le premier ministre Doug Ford en compagnie de son ministre des Finances, Vic Fedeli. Photo: Nathan Denette La Presse canadienne

Pourquoi une université francophone en Ontario?

Les francophones en Ontario vivent principalement dans le nord de cette province et plus à l’Est, le long de la frontière avec le Québec. Mais la démographie de la province change. D’ici quelques années, ce sera la région Toronto qui aura la plus grande concentration de francophones. Les conseils scolaires ouvrent déjà là-bas des écoles élémentaires tous les deux ans et des écoles secondaires tous les quatre ans. »

Actuellement, les diplômés de ces écoles peuvent poursuivre leurs études en français à l’Université Laurentienne de Sudbury ou à l’Université de Hearst, dans deux régions isolées du nord, ou à l’Université d’Ottawa. L’Université York à Toronto offre quelques programmes en français, mais les étudiants qui veulent se rendre dans un établissement francophone doivent le plus souvent s’exiler au Québec ou au Nouveau-Brunswick.

Le conseil de planification, qui avait été formé par la province pour étudier la faisabilité du projet sous la présidence de l’ex-commissaire aux langues officielles Dyane Adam, souhaitait que la nouvelle université française de Toronto accueille ses premiers étudiants dès 2020.

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Alain Gravel, Estelle Côté-Sroka, Claude Bernatchez et Myriam Eddahia de Radio-Canada

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Catégories : Politique, Société
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