Ottawa a été le théâtre d’un bras de fer politique lundi. Le Parti conservateur d’Andrew Scheer a bloqué l’adoption d’une motion des libéraux de Justin Trudeau condamnant l’« attaque » du gouvernement ontarien contre ses francophones.
Rappelons que jeudi dernier, le gouvernement provincial conservateur de Doug Ford a mis fin au projet de création d’une université francophone à Toronto, première ville en importance au pays, et éliminé le poste de surveillance indépendant très en vue du commissaire aux services en français.
La séance de lundi aux Communes s’est déroulée dans un climat houleux. La ministre canadienne des Langues officielles, Mélanie Joly, a attaqué sans ménagement les conservateurs, en particulier leur dirigeant, Andrew Scheer, qui était absent et qui refuse de demander à Doug Ford de revenir sur sa décision.
« Je demande au chef conservateur […] qu’il parle à son patron Doug Ford, en Ontario, et qu’il fasse en sorte de faire reculer le gouvernement », a-t-elle dit.
Refus de blâmer Doug Ford, point à la ligne
« Non », a-t-on entendu en anglais dans les banquettes conservatrices quand l’élue franco-ontarienne Mona Fortier a demandé, lundi après-midi, le consentement unanime de la Chambre en vue de faire approuver une motion condamnant l’attaque de Doung Ford contre les plus de 600 000 francophones de sa province.
Le député conservateur Alain Rayes s’est ensuite levé pour justifier ce refus. Il a fait valoir que la motion libérale était trop partisane. Il a proposé une motion différemment formulée, dans laquelle tout blâme à l’endroit du premier ministre ontarien Doug Ford était évacué.
À sa sortie des Communes, Alain Rayes a minimisé l’opposition à la motion libérale. « Honnêtement, je n’ai pas vu grand monde dire non de notre côté. Il y a peut-être une ou deux personnes, je n’ai pas vu qui », a-t-il dit.
Lorsqu’on a demandé à Andrew Scheer, le week-end dernier, si la décision de Doug Ford nuisait à ses propres chances de s’emparer du poste de premier ministre du Canada en 2019, il a répondu laconiquement que les Canadiens votaient aux élections fédérales sur des questions fédérales et aux élections provinciales sur des questions provinciales.
Les conservateurs fédéraux sont visiblement sur les dents, l’enjeu des compressions infligées à la communauté francophone minoritaire en Ontario ayant fait grandement réagir au Québec, province où l’on espère faire des gains au scrutin d’octobre 2019.
Le premier ministre François Legault dit avoir rappelé à M. Ford, lundi, lors d’un tête-à-tête, que le Québec comptait trois universités pour sa minorité anglophone et un secrétariat pour offrir des services. Le premier ministre du Québec estime qu’il est important que les Franco-Ontariens aient des services dans leur langue.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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