Faute de nouveaux pipelines dans l’immédiat, l’Alberta mise sur le train pour transporter son pétrole et veut qu’Ottawa l’aide à acheter des wagons.

Rachel Notley, la première ministre de l’Alberta Photo : La Presse canadienne/Jason Franson
La première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, s’est rendue dans la capitale canadienne, mercredi, à mille lieues de la crise pétrolière qui étrangle l’économie de sa province de l’Ouest pour annoncer qu’elle venait d’arrêter son choix sur l’achat de wagons de chemin de fer.
Ceux-ci doivent aider les producteurs albertains à exporter le pétrole de cette région enclavée, où l’absence de nouveaux pipelines les oblige à vendre à perte.
Rachel Notley affirme que son gouvernement n’est qu’à quelques semaines de finaliser l’achat de ces wagons. « Nous ne perdons pas de temps. Le pétrole de l’Alberta va s’écouler d’une façon ou d’une autre. Si ce n’est par pipelines, alors par train ou par camion » a-t-elle déclaré lors d’un déjeuner devant les gens d’affaires du Canadian Club à Ottawa.
Mme Notley espère annoncer les derniers détails de l’entente d’achat d’ici la fin de l’année. « Ne vous méprenez pas, ce n’est pas la réponse à long terme… Mais jusqu’à ce que les oléoducs soient construits, nous devons transporter plus de pétrole par rail », a-t-elle ajouté.
Pourquoi le train?

Transport de pétrole par train. Photo : Radio-Canada
L’exportation du pétrole albertain est sérieusement handicapée parce que trois projets de pipeline se sont trouvés tour à tour embourbés ou stoppés récemment dans des disputes politiques ou environnementales. En raison d’une surproduction par rapport à leur capacité d’exportation, les producteurs de l’Alberta ont donc été forcés d’accepter des prix bien inférieurs au taux mondial pour leur pétrole.
Le pétrole Western Canadian Select (WCS), qui comprend des produits provenant des sables bitumineux de l’Alberta, se négocie à seulement 11,56 $ US, soit moins du quart des 51,49 $ que West Texas Intermediate produit aux États-Unis. Comme solution de rechange, il y a le transport par train, plus coûteux, mais qui peut acheminer le pétrole plus loin que les petits pipelines régionaux de faible capacité.
Si les producteurs canadiens pouvaient expédier plus loin par train leur pétrole, vers le golfe du Mexique par exemple, ils obtiendraient des prix plus proches du taux mondial en vigueur, plutôt que le taux réduit offert par les raffineries du Midwest américain.
Sécurité : y aurait-il déjà trop de pétrole transporté par train au Canada?
Le pétrole des sables bitumineux étant trop visqueux pour être transporté par oléoduc, il doit être converti en pétrole brut de synthèse dans une raffinerie ou mélangé à du condensat, ce qui produit du bitume dilué ou dilbit.
Le mélange standard mis en place par les grandes compagnies se vend sous le nom Western Canadian Select (WCS).
En cas de déversement, le dilbit est beaucoup plus difficile à nettoyer que le brut ordinaire et les pipelines qui le transportent connaissent en moyenne 3,6 fois plus de fuites par kilomètre.
La quantité de pétrole transporté par train va maintenant augmenter de plus du tiers!
La première ministre albertaine révèle que son gouvernement achètera deux nouveaux trains-blocs qui pourront transporter 120 000 barils supplémentaires par jour, ce qui augmentera d’un tiers la quantité de pétrole transporté par rail au Canada.
Or, la quantité de pétrole expédié par les chemins de fer canadiens a déjà atteint des sommets dernièrement en raison de la faible capacité des pipelines.
Le nombre de barils déplacés par voie ferrée est passé de moins de 30 000 par jour, en 2012, à plus de 200 000 par jour, cette année, selon les données de l’Office national de l’énergie (ONE).
Selon un rapport de la Banque Scotia, publié en octobre, le nombre de barils transportés par train devrait s’élever à 300 000 par jour dès le mois de décembre 2018.
RCI avec CBC News, La Presse canadienne, Wikipédia et la contribution de Gérald Fillion et Elsie McLisse de Radio-Canada
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