L'entente des véhicules blindés légers a été signée en 2014 sous le précédent gouvernement conservateur.

Arabie saoudite : le Canada tente de résilier le contrat d’armement de véhicules blindés

Le Canada recherche une façon de ne pas honorer un important et controversé contrat de vente d’armes à l’Arabie saoudite signé par le précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper.

La révélation vient du premier ministre libéral Justin Trudeau, qui jusqu’à ce jour estimait qu’il serait extrêmement difficile d’annuler ce contrat de véhicules blindés légers de 15 milliards de dollars canadiens « sans devoir payer des pénalités exorbitantes ». Les pénalités financières dépasseraient le milliard de dollars, avait-il indiqué fin octobre.

Lors d’une entrevue au réseau de télévision anglais CTV, M. Trudeau a ajouté sans autre explication : « Nous étudions les permis d’exportation pour voir s’il est possible de ne plus exporter ces véhicules vers l’Arabie saoudite. »

Une impression de déjà vu

Ce contrat a déjà été remis en question à deux reprises par Ottawa en raison des violations répétées des droits de la personne par l’Arabie saoudite.

Ressuscité par la suite politiquement, ce contrat avec l’entreprise canadienne General Dynamics Land System s’est retrouvé à la une en octobre dernier au fur et à mesure que les détails de l’affaire Khashoggi venaient noircir la réputation de Riyad.

Cette commande, conclue en 2014, portait à l’origine sur 928 véhicules blindés légers, mais a été réduite à 742 en début d’année. Il s’agit de la plus importante vente d’armes canadiennes de l’histoire.

Le premier ministre de l’époque, Stephen Harper, visite l’usine de General Dynamics Land Systems, en 2014. Photo : La Presse canadienne/Dave Chidley

Un contrat très impopulaire auprès des électeurs canadiens

Un récent sondage d’opinion de la firme Angus Reid montre que les Canadiens qui devront se rendre aux urnes, dans moins d’un an, appuyaient presque à l’unanimité l’interdiction des ventes futures d’armes et d’équipements de défense à l’Arabie saoudite.

Si neuf Canadiens sur 10 disaient « non » à de futurs accords d’armement, seulement près de la moitié d’entre eux (46 %) estimaient que le gouvernement devrait annuler le contrat de vente des blindés légers.

Et 44 % des répondants disaient que le Canada devait honorer l’accord, mais qu’il ne devait pas prendre un autre engagement avec les Saoudiens dans cette industrie à l’avenir.

L’Allemagne n’a pas hésité

La chancelière allemande Angela Merkel a indiqué en octobre que son pays n’autoriserait pas d’exportations d’armes vers l’Arabie saoudite, compte tenu de l’incertitude autour des circonstances de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

« L’assassinat d’un journaliste est absolument inacceptable et c’est la raison pour laquelle le Canada exige depuis le début des réponses à ce sujet », a ajouté M. Trudeau dimanche.

Les relations entre le Canada et le royaume saoudien ont connu une crise ces derniers mois. Riyad avait annoncé en août l’expulsion de l’ambassadeur du Canada, rappelé le sien et gelé tout nouveau commerce ou investissement avec le Canada, après la dénonciation par Ottawa de l’arrestation de militants saoudiens des droits de l’homme.

Un véhicule blindé léger canadien construit par General Dynamics Photo : Radio-Canada

RCI avec La Presse canadienne et l’AFP

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Catégories : Économie, International, Politique
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