Traversée de la frontière canado-américaine de façon irrégulière sur le chemin Roxham à Hemmingford en Montérégie à 65 km au sud de Montréal. Photo: Radio-Canada / René Saint-Louis

Le chemin Roxham en Montérégie : toujours au cœur de l’actualité migratoire irrégulière

À 65 kilomètres franc sud de Montréal on arrive dans la petite municipalité de Hemmingford. C’est à quelques pas à peine que passe la frontière canado-américaine.

(Google Maps)

C’est aussi là que l’on trouve le chemin Roxham, route presque anonyme, toute simple, sans histoire jusqu’à ces derniers temps.

Le chemin Roxham reste encore le point de passage le plus fréquenté par ceux et celles qui cherchent une vie meilleure au Canada.

(http://www.bridgesnotborders.ca/)

L’arrivée des demandeurs d’asile par le chemin en question est effectivement en baisse depuis le début de l’année, mais les membres de l’association Bridges not Borders – Des ponts et non des frontières (dans le sens de « murs ») ont conscience que l’accès au Canada par le passage clandestin le plus fréquenté tout au long de cette frontière – 6 414 km au sud du Canada plus 2 477 km entre le Canada et l’Alaska) – peut reprendre à tout moment. Suffit d’un message plus ou moins précis des autorités américaines, d’une situation précaire dans les bureaux d’immigration chez nos voisins du sud par exemple.

En deux ans, quelques milliers de migrants sont passés par là.

À tous les dimanches, des bénévoles locaux des environs du chemin Roxham, membres de Bridges not Borders, se retrouvent à Champlain, une petite municipalité de l’état de New York non loin de là, comme on le dit encore parfois ici « de l’autre côté des lignes ».

Ils offrent des bouteilles d’eau en saison chaude et des vêtements chauds quand le froid s’installe.

Quant au reste de la semaine, ce sont des bénévoles américains qui prennent le relai.

La traversée en sol canadien

Les navettes et les taxis déposent les migrants à Champlain en provenance habituellement de Plattsburgh à 40 km au sud.

Alors s’amorce la traversée de la frontière. Ici, rien à voir avec les images en provenance de la frontière entre Tijuana et les États-Unis. C’est un simple fossé qu’il faut franchir avant de prendre le chemin Roxham et être reçu par les agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Ces derniers les emmènent alors dans un bâtiment temporaire.

En 2017, un peu plus de 20 000 migrants – 20 593 pour être précis – sont entrés irrégulièrement au Canada. De ce nombre, plus de 90% sont passés par le chemin Roxham.

Cela dit, les données les plus récentes démontrent qu’il y a une baisse du nombre d’entrées illégales, essentiellement pour le mois de novembre au cours duquel 1 019 personnes ont été interceptées par la GRC, tous points d’entrée confondus, ce qui représente une baisse de 37% si l’on compare à novembre 2017.

De plus, cet afflux des deux dernières années a causé un sérieux retard dans les examens des demandes d’asile à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié. Ce délai d’attente pour le traitement d’une demande peut atteindre jusqu’à deux ans.

Un enjeu politique

Bien que de responsabilité fédérale, par la simple géographie des lieux, le flux d’entrées illégales devient provincial et parfois même municipal.

Ainsi à Toronto, métropole canadienne et pôle d’attraction de nombreux immigrants, la ville envoie des signaux puissants et fréquents à la province, l’Ontario et au fédéral de demande d’aide, essentiellement financière, pour répondre de façon humaine à cette réalité.

Qu’on se souvienne également que lors de la dernière campagne électorale au Québec, le premier ministre actuel et chef de la CAQ parlait d’une « passoire ». Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée avait même proposé d’y ériger « une clôture ». Il avait dit par la suite qu’il faisait de l’humour cinglant.

Attendons-nous à un certain échauffement des propos politiques cette année 2019 avec en point de mire les Élections fédérales de l’automne prochain.

Comme le dit le proverbe, «  c’est la roue qui grince qui reçoit l’huile », il y a de fortes chances que ce seront les propos extrêmes, essentiellement en provenance d’une direction commune, qui feront des Unes juteuses.

https://actionr.org/fr/

« Il est important d’analyser ce dossier à la lumière des droits de la personne, et nous rappeler que ces gens laissent derrière eux une situation difficile. »

Paul Clarke, directeur d’Action réfugiés Montréal

PC, SRC

Plus :

Les Canadiens errants du chemin Roxham (Radio-Canada)

Un dépliant à Plattsburgh explique comment traverser la frontière au chemin Roxham (Huffington Post)

Entre Parents : simplifier la vie aux nouveaux arrivants (RCI)

Les réfugiés : 10 mythes et les faits (Bridges not Borders)

Catégories : Immigration et Réfugiés, Politique
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