Plusieurs scientifiques affirment que réduire la consommation de viande est bon pour l'environnement Photo : Photo : David Shield, CBC

Dire «Non» à la viande afin de sauver des millions de vies

Pour le Forum économique mondial (WEF), abandonner la consommation de la viande au profit d’autres sources de protéines pourrait sauver des millions de vies, en plus de réduire de façon spectaculaire le volume des gaz à effet de serre.

Selon une étude de l’université Oxford réalisée pour le compte du Forum économique mondial 2,4% des morts causées dans le monde par l’alimentation pourraient être évitées si on réduisait la consommation de viande, en particulier de boeuf. L’information a été révélée à Davos en Suisse où se réunit chaque année en janvier le gratin du monde des affaires.

L’impact d’une réduction de la viande serait encore plus palpable dans les pays riches, où la consommation de boeuf est élevée. L’étude soutient que 5% de vies y seraient épargnées. L’étude ne dit pas précisément combien de personnes meurent chaque année pour cause de consommation de viande.

La recherche, publiée ce jeudi, révèle également que les besoins nutritionnels d’une future population mondiale de 10 milliards de personnes peuvent être satisfaits de manière durable, avec des conséquences positives pour la santé, grâce à une combinaison de sources de protéines innovantes, de systèmes de production améliorés et d’un changement de comportement des consommateurs.

Remplacer le bœuf par les haricots et les pois

Outre le boeuf, le porc et le poulet, l’étude a analysé 13 sources de protéines, dont  des fruits et les légumes, comme les haricots, le tofu et de nouveaux produits tels que les insectes. Et le verdict? Les haricots, les mycoprotéines (issues d’un champignon) et les pois offrent les meilleurs résultats en termes de santé, avec une réduction de la mortalité pouvant aller jusqu’à 7%.

Même si l’étude de l’Université d’Oxford prévoit une hausse de la demande de viande, elle soutient aussi que les entreprises, les gouvernements et la société civile se sont engagés à assurer la transformation du système alimentaire tout en préservant les moyens de subsistance de centaines de millions d’éleveurs dans le monde.

Pour le directeur exécutif du Forum, Dominic Waughray, «l’innovation dans les produits, l’amélioration de la production de boeuf, de porc et de poulet et des efforts de la part des consommateurs pour diversifier leur alimentation» pourraient contribuer à l’amélioration de la santé dans le monde, même sans totalement renoncer à manger de la viande.

Conséquences sur l’environnement

L’étude s’intéresse aussi aux conséquences de la consommation de la viande sur l’environnement. En 2010, note-t-elle, la production de boeuf représentait à elle seule un quart de toutes les émissions de gaz à effet de serre provoquées par l’alimentation. En raison du rejet par les bovins d’énormes quantités de méthane dans l’atmosphère et de l’accroissement des pâturages au détriment des forêts qui absorbent le carbone, l’élevage apparaît comme une menace pour l’atmosphère terrestre.

Ce qui fait dire au directeur général du Fonds mondial pour la nature (WWF) Marco Lambertini que «Les preuves sont claires, notre système alimentaire doit se transformer pour le bien de la planète et l’avenir de l’humanité».  Et d’ajouter : «Nous sommes la dernière génération qui peut faire quelque chose avant que le système ne s’effondre».

Aider les petits agriculteurs

Cela dit, les protéines de remplacement ne sont qu’une partie de la solution pour rendre la production alimentaire plus durable et améliorer la qualité de vie des êtres humains. L’étude de l’université d’Oxford affirme que l’innovation en matière d’alimentation animale, l’usage d’insectes par exemple, représente une opportunité cruciale, en particulier pour les agriculteurs d’Europe et d’Amérique du Nord.

Une analyse parallèle préparée par l’Institut international de recherche sur le bétail (ILRI) pour la réunion annuelle du Forum économique mondial de 2019 souligne que 75% de tous les aliments dérivés du bétail en Asie et 72% en Afrique en 2010 étaient produits par de petites exploitations. Environ 750 millions d’éleveurs ruraux pauvres vivaient avec moins de 2 dollars de revenus par jour en Asie du Sud, en Asie de l’Est et Pacifique et en Afrique subsaharienne.

Ces éleveurs consacrent 70% ou plus de leurs coûts de production totaux à la main-d’œuvre et aux intrants. L’ILRI recommande donc l’amélioration des moyens de subsistance de ces agriculteurs et une meilleure gestion de l’impact environnemental sur leur bétail afin de mettre en place d’un système alimentaire véritablement durable.

(Avec l’AFP et le Forum économique mondial)

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