Selon le plus récent rapport de la Commission canadienne des droits de la personne, intitulé Vieillir en prison, le système carcéral canadien est très mal outillé pour s’occuper de ses détenus qui vieillissent en prison et qui, dans plusieurs cas, sont en fin de vie.
Conjointement, le Bureau de l’enquêteur correctionnel du Canada et la Commission ont lancé un appel pressant au Service correctionnel du Canada de se pencher rapidement sur les besoins urgents des prisonniers du troisième âge, souvent à la santé fragile, qui se trouvent dans les établissements carcéraux.
En hausse
Cette population est en hausse au Canada, suivant la courbe du vieillissement de la population en général.
Et ce vieillissement des prisonniers entraîne nécessairement une augmentation des coûts pour leur maintien à l’intérieur des murs.
Stratégie nationale
Du même souffle, les deux organismes demandent aux politiciens canadiens de se pencher rapidement sur l’élaboration d’une politique nationale à mettre en place dans les quelque cinquante prisons et centres correctionnels de responsabilité fédérale au Canada.
Libération conditionnelle pour certains
On propose notamment de trouver des moyens de libérer les détenus les plus vieux, ceux qui ne représentent plus de danger pour la communauté, et de les diriger vers des centres de soins de longue durée, par exemple.
Cela dit, on se retrouve ici avec un phénomène qui serait difficile à « vendre » aux provinces. Quand un détenu est dans une prison fédérale, son « coût » est pris en charge par ce gouvernement. En le transférant dans un des systèmes de santé, ce seraient les provinces qui devraient en assumer les frais.
Un intéressant débat fédéral-provincial, un autre, se pointe à l’horizon si le Service correctionnel du Canada choisit cette option.
Bien longtemps après l’admissibilité à la liberté conditionnelle
Phénomène qui se constate de plus en plus, de vieux prisonniers restent derrière les barreaux même longtemps après leur admissibilité à l’obtention d’une liberté conditionnelle ou encore après avoir terminé l’essentiel de leur peine.
À l’heure actuelle, on dénombre dans les pénitenciers 316 personnes de 50 ans et plus qui purgent leur première peine, qui n’ont pas encore été mises en liberté et qui ont passé au moins 20 ans derrière les barreaux.
199 qui sont en prison depuis au moins 25 ans.
125 qui sont incarcérées depuis au moins 30 ans.
24 qui sont à l’ombre depuis au moins 40 ans.
Environ 12 % des personnes de 50 ans et plus qui sont en prison depuis au moins 20 ans ont été déclarées « délinquant dangereux ».
Quand il est question des personnes condamnées à plus d’une peine de ressort fédéral, un peu moins de 600 personnes de 50 ans et plus ont passé (mais de façon non consécutive) au moins 20 ans dans des pénitenciers, 325 y ont purgé au moins 30 ans et 107 sont incarcérées depuis au moins 40 ans**.
* Données tirées de l’entrepôt de données du SCC en mai 2018
** Bon nombre des personnes qui ont cumulé des peines de 20 ans au minimum en prison sans interruption ont peut-être passé de longues périodes sous surveillance dans la collectivité avant de retourner en prison.
La présente analyse ne tient compte que du temps passé dans un établissement fédéral.
De nombreuses personnes auront également purgé des peines d’emprisonnement dans des prisons provinciales, mais nous n’en tenons pas compte.
« Les délinquants âgés représentent la cohorte dont les frais d’incarcération sont les plus élevés, pourtant ces personnes représentent les risques les plus faibles pour la société. De meilleurs modèles de soins existent déjà et pourraient être de meilleurs outils de réinsertion de ces délinquants âgés et à des coûts moindres. Nous pourrions financer ces alternatives par les économies faites en réduisant les incarcérations inutiles. »
Ivan Zinger, Ph. D., enquêteur correctionnel du Canada
Ces prisonniers de 65 ans et plus sont plus à risque de souffrir de maladies chroniques que ceux et celles du même âge non incarcérés.
CP, Bureau de l’enquêteur correctionnel, Service correctionnel Canada
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