La licence d’importation en Chine d’un important exportateur canadien de canola vient d’être subitement révoquée.
Cela pourrait être un nouveau chapitre dans la dispute diplomatique entre la Chine et le Canada dans l’affaire de l’arrestation à Vancouver, en décembre, d’une dirigeante de la compagnie Huwaei.
Un document douanier chinois, daté de vendredi dernier, indique que la Chine annulait l’enregistrement de Richardson International, un manutentionnaire agricole établi à Winnipeg au Manitoba. Cela signifie que l’entreprise n’a plus le droit d’exporter des graines de canola en Chine.
« Nous pensons que cela fait partie d’un problème plus vaste entre le Canada et la Chine, et nous espérons qu’il sera résolu rapidement », dit en entrevue à CBC News le vice-président de l’entreprise, Jean-Marc Ruest.
Un champ de canola © PC/Jeff McIntosh
Un dur coup pour Richardson et pour l’agriculture canadienne
S’il s’agit d’une mesure de représailles et si la révocation du permis d’importation de Richardson devait constituer un premier coup de canon, les agriculteurs canadiens risquent gros dans cette affaire.
Le Canada a exporté pour plus de 5 milliards de dollars de canola l’an dernier, dont près de la moitié était destinée au seul marché chinois, soit près de cinq millions de tonnes métriques, selon la Canadian Canola Growers Association (Conseil canadien du canola).
Les Chinois sont un client capital pour 43 000 agriculteurs du pays, principalement dans l’ouest du Canada, mais aussi en Ontario et au Québec, qui exportent leurs produits de canola par l’intermédiaire des manutentionnaires de grains.
La Chine a invoqué un problème d’impureté
Par le passé, en 2016 notamment, la Chine a cherché à limiter le pourcentage d’impuretés qu’elle autorise dans les importations de canola canadien (mauvaises herbes, tiges et autres graines) pour l’aider à combattre la propagation d’une maladie fongique
Jean-Marc Ruest est cependant d’avis que cette fois-ci la Chine utilise l’argument de l’impureté comme prétexte lié à un différend diplomatique en suspens entre les deux pays.
« En ce qui concerne toute question de qualité, nous sommes en désaccord avec les allégations chinoises », lance-t-il.
« Richardson est le plus gros exportateur de canola au Canada donc [c’est] la meilleure cible pour envoyer un message », ajoute-t-il
Meng Wanzhou – Reuters
Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, a été arrêtée au Canada à la demande des autorités fiscales américaines.
La fille du fondateur de la société technologique chinoise a été interpellée le 1er décembre 2018 pendant une escale à Vancouver en route vers le Mexique et l’Amérique du Sud.
Elle est maintenant engagée dans une affaire d’extradition et dans un litige contre les autorités frontalières canadiennes, la GRC et le procureur général du Canada.
Mme Meng poursuit le Canada pour « violations graves » de ses droits constitutionnels. LISEZ LA SUITE
Le gouvernement canadien tente de régler le différend agricole
Ottawa affirme qu’il travaillera avec la Chine pour régler cette question le plus rapidement possible.
« Nous suivons de près la situation et toute incidence possible sur les relations commerciales agricoles du Canada avec la Chine », a dit la nouvelle ministre de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, à CBC News.
« Nous sommes en contact régulier avec les intervenants de l’industrie à ce sujet et nous les tiendrons au courant au fur et à mesure que des renseignements supplémentaires seront disponibles », a-t-elle ajouté.
« En réponse à l’avis de non conformité de la Chine, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a enquêté et confirmé n’avoir identifié aucun insecte nuisible ou bactérie dont la présence pourrait être préoccupante », a précisé la ministre.
Charles Burton, chercheur principal à l’Institut McDonald Laurier et ancien diplomate canadien qui a occupé deux postes en Chine, a prédit la semaine dernière qu’une répression contre le canola canadien serait une tactique possible des Chinois. « Richardson semble être une victime tout à fait innocente d’un jeu géopolitique plus vaste », a-t-il affirmé mardi.
Conseil canadien du canola
RCI avec CBC News et la contribution de Radio-Canada
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