Critiqué parce qu’il tente d’empêcher les demandeurs d’asile qui ont franchi la frontière de façon irrégulière de présenter une demande au Canada, le premier ministre Justin Trudeau justifie son geste par le fait que le pays enregistre un plus grand nombre de demandes d’asile en raison de l’instabilité mondiale.
Il explique que sa priorité avant tout est de s’assurer que les Canadiens conservent leur confiance dans le système d’accueil des réfugiés. « Ma promesse envers les Canadiens, ça a toujours été d’assurer que notre système d’immigration fonctionne, que c’est appliqué de façon rigoureuse, et ça va continuer de l’être », a-t-il dit.
Justin Trudeau défend les modifications que son gouvernement souhaite apporter aux règles sur les demandes d’asile, en plaidant que le système doit être équitable pour tous les réfugiés, mais qu’il doit aussi être fonctionnel et rigoureux.
« On investit plus de ressources et on s’assure que le système va être plus équitable et mieux appliqué, parce que c’est ce à quoi les Canadiens s’attendent », a-t-il soutenu.
Depuis le début de 2017, plus de 41 000 demandeurs d’asile sont entrés au Canada de façon irrégulière à pied, par des chemins non officiels le long de la frontière canado-américaine, surtout par le chemin Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle en Montérégie.
Les changements que le gouvernement souhaite apporter
Les modifications aux procédures actuelles d’accueil des demandeurs d’asile sont contenues dans un volumineux projet de loi omnibus déposé cette semaine aux Communes. Elles visent à empêcher les demandeurs d’asile qui ont franchi la frontière de façon irrégulière de présenter une demande au Canada s’ils l’ont déjà fait dans un autre pays jugé « sûr » ou sécuritaire, notamment les États-Unis.
Le ministre canadien de la Sécurité des frontières, Bill Blair, affirmait mardi que cette mesure vise à prévenir le magasinage d’asile. « Je peux vous dire que nous avons travaillé très dur au cours des derniers mois pour réduire considérablement le nombre de personnes qui traversent nos frontières de façon irrégulière », a-t-il mentionné.
« Il y a une bonne façon de venir au pays pour demander l’asile et/ou immigrer dans notre pays, et nous essayons d’encourager les gens à utiliser les voies appropriées et de décourager les gens de le faire de façon irrégulière », a-t-il ajouté.
Les défenseurs de réfugiés se disent choqués et consternés
« Pour ce qui est de l’effet sur les réfugiés, l’effet est vraiment incommensurable, car nous donnons maintenant aux revendicateurs du statut de réfugié un processus dégradé à suivre », a dit Maureen Silcoff, présidente du comité des litiges de l’Association canadienne des avocats pour les réfugiés.
« Il est certain que de graves questions liées à la Charte pourraient être soulevées », a affirmé Janet Dench, directrice générale du Conseil canadien pour les réfugiés.
Mme Dench a mentionné qu’elle et ses membres, qui comprennent plus de 100 organisations canadiennes travaillant directement avec les réfugiés et les immigrants, étaient « en état de choc et de consternation et très déçu » par les changements proposés.
La porte-parole du NPD en matière d’immigration, Jenny Kwan, s’est fait l’écho de ces préoccupations et a qualifié les changements proposés d’irraisonnables.
Le Parti conservateur, qui a souvent exigé que le gouvernement libéral empêche les étrangers d’entrer au pays pour présenter une demande d’asile, déclare que les changements indiquent que M. Trudeau a « de fait admis qu’il n’a pas réussi à gérer notre frontière ».
RCI avec La Presse canadienne, les informations de Teresa Wright de CBC NEWS et la contribution de Radio-Canada
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