Des thérapies personnalisées sont une piste prometteuse pour le traitement des cancers « réfractaires » chez les enfants et les adolescents.

Une lueur d’espoir pour les jeunes atteints de cancers difficilement traitables

De nombreux cancers qui s’attaquent aux enfants et aux adolescents sont résistants aux thérapies courantes. Mais des chercheurs du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine (CHUSJ), à Montréal, viennent de montrer qu’un programme de recherche en médecine de précision peut trouver des pistes thérapeutiques et créer un nouvel espoir pour ces jeunes.

Quelque 300 enfants et adolescents en moyenne meurent d’un cancer chaque année au Canada. Ce qui est l’équivalent d’environ 15 000 années de vie perdues annuellement. Selon la Société canadienne du cancer, le cancer infantile, bien que relativement peu commun, demeure la principale cause de décès liée à la maladie. Il surpasse tous les cas d’asthme, de diabète, de fibrose kystique et de sida mis ensemble. En fait, le cancer se place au second rang juste après les décès liés aux blessures chez les enfants canadiens.

Le CHUSJ, le plus grand centre hospitalier mère-enfant du Canada, estime que même si le taux de mortalité associé aux différents cancers pédiatriques a baissé grâce aux progrès de la médecine moderne, beaucoup reste encore à faire. Depuis 20 ans, il y a eu peu de progrès. Deux cancers pédiatriques sur 10 résistent aux traitements et entraînent la mort. L’hôpital souligne que le cancer reste la principale cause de décès par maladie chez les enfants.

Les tumeurs au cerveau et à la moelle épinière (ou cancers du système nerveux central) sont le 2e type de cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les enfants au Canada. (Société canadienne du cancer). Photo : Radio-Canada

Mise en commun des expertises

Pour toutes ces raisons, le centre hospitalier a lancé en 2014 le projet TRICEPS. Sa mission : « trouver des avenues thérapeutiques autres pour les enfants et adolescents chez qui le traitement standard ne fonctionne pas (cancer réfractaire) ou qui font une rechute ».  Au fil des années, le projet TRICEPS s’est consolidé. Il collabore avec d’autres centres d’oncologie pédiatrique de la province et est maintenant ouvert à tous les enfants et adolescents québécois atteints d’un cancer réfractaire.

On connaît le vieil adage : l’union fait la force. Les initiateurs du projet TRICEPS semblent l’avoir bien compris en mettant en commun des équipes et des experts de pointe de divers établissements connus pour leur excellence en soins pédiatriques. Aujourd’hui, ils sont d’avis que cette approche inclusive est l’un des atouts de ce programme de médecine de précision qui permet d’intervenir très vite auprès de ces enfants dont la survie est incertaine.

Sur les 84 patients enrôlés dans le programme, dont des patients ayant des tumeurs hématologiques, des tumeurs solides et du cerveau, 87 % ont montré des « anomalies génomiques permettant une meilleure prise en charge, soit par un meilleur suivi de la maladie résiduelle, une reclassification de la maladie, ou par l’application d’une thérapie ciblée ou encore pour guider le traitement et déterminer des options pour une thérapie ciblée personnalisée future ».

L’équipe TRICEPS du CHUSJ est encouragés par les premiers résultats de son approche du traitement des cancers réfractaires chez les enfants et les adolescents. Crédit photo : L. Kadyszewski (Groupe CNW/Leucan)

Vers des thérapies personnalisées

On comprend donc que des solutions de rechange thérapeutiques personnalisées sont possibles. Les actions proposées pour chaque patient sont différentes, étant donné que les dommages peuvent varier d’un cancer à l’autre ou même d’une personne à l’autre pour un même type de cancer. La piste sur laquelle travaille TRICEPS est d’aboutir à des thérapies ciblées, de contrecarrer ou de déjouer l’action des gènes qui stimulent l’expansion du cancer.

Pour Daniel Sinnett, directeur scientifique du programme TRICEPS, professeur au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal, « les thérapies ciblées seront probablement plus efficaces lorsqu’elles seront appliquées à des anomalies spécifiques dans les cellules tumorales. Nos résultats montrent que la médecine de précision pour les tumeurs pédiatriques peut maintenant être une réalité ».

M Sinnett et ses collaborateurs sont très encouragés par ces résultats qui ont été publiés dans la revue JAMA Network Open. Plus que jamais, pensent-ils, la perspective d’offrir un traitement à tous les jeunes malades dont le cancer résiste aux traitements et même plus largement à tous les jeunes atteints d’un cancer est proche. Il sera alors possible d’envisager un meilleur avenir pour les enfants et adolescents aux prises avec un cancer difficile à traiter.

(Source : CHU Sainte-Justine)

Quelques données
  • Le cancer chez l’enfant représente moins de 1 % de tous les nouveaux cas de cancer au Canada.

La majorité des nouveaux cas de cancer chez les enfants de 0 à 14 ans au Canada sont attribuables aux 3 types de cancers qui suivent :

  • leucémie (32 %)
  • cancer du cerveau et du système nerveux central (19 %)
  • lymphomes (11 %)

La majorité des décès par cancer chez les enfants de 0 à 14 ans au Canada sont attribuables aux 3 types de cancers qui suivent :

  • cancer du cerveau et du système nerveux central (34 %)
  • leucémie (26 %)
  • neuroblastome et autres tumeurs des cellules nerveuses périphériques (11 %)

Source : Société canadienne du cancer

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Catégories : Santé, Société
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