Régulièrement classés comme « foire d’empoigne », le débat des chefs au cours d’une campagne électorale est un événement incontournable de notre démocratie.
Et il se décline en deux éditions, l’une en français, l’autre en anglais, une situation qui en favorise certains, bilingues, et non d’autres, moins à l’aise dans « l’autre » langue officielle.
Au fil des années, nous avons vu des débats où la limpidité des idées était évidente et, du revers de la médaille, d’autres où les prises de bec, le non-respect du temps de parole – le sien comme des autres – prenait la place.

Le Bureau du directeur général des élections, communément appelé Élections Canada, est l’institution chargée d’administrer le système électoral fédéral du Canada (Élections Canada)
Élections générales et moment du déclenchement
Il est vrai que, tout comme les impôts et l’hiver, les élections reviennent au Canada. De plus, elles sont maintenant à date fixe, contrairement à ce qui prévalait depuis la création du pays. L’appel aux urnes était une prérogative du premier ministre au pouvoir dans le cas d’un gouvernement majoritaire ou quand une motion de blâme – dite de « non-confiance – déposée par l’opposition officielle faisait tomber un gouvernement minoritaire.
Deux exemples :
1979 : le gouvernement progressiste-conservateur de Joe Clark, minoritaire, tombe après la motion de blâme sur le budget déposée par les libéraux.
1997 : le gouvernement majoritaire de Jean Chrétien déclenche des élections générales peu de temps après le changement de nom et de char du Reform en Alliance canadienne.
Qu’en sera-t-il du débat de l’automne 2019?
Donc, le débat des chefs!
Comme toujours, il fera l’objet d’intenses négociations entre les partis et les réseaux de télévision sur le format, la forme des débats – généraux ou un à un – de la durée des interventions et ainsi de suite.
À quelque six mois de cette soirée, l’ancien gouverneur général du Canada, David Johnston, qui préside d’ailleurs la toute première commission canadienne des débats des chefs, a mené des consultations auprès de 45 personnes et, de ces conversations, émane une très forte recommandation pour que les citoyens puissent être témoins d’un débat, en fait de débats – l’un en anglais, l’autre en français – soient plus accessibles qu’ils respectent le civisme et la courtoisie et qu’on puisse en tirer des pistes en tant qu’électeurs pour faire un choix éclairé.

Andrew Scheer, chef du parti conservateur et le premier ministre libéral Justin Trudeau
Photo : La Presse canadienne/Frank Gunn
Des consultations menées dans plusieurs domaines

Jagmeet Singh , le chef du NPD du Canada Photo : La Presse canadienne / Fred Chartrand
M. Johnston a mené ses consultations auprès de représentants de partis politiques fédéraux – libéraux, conservateurs, néo-démocrates, bloquistes, verts, notamment – partis qui pourront remplir les critères premiers des deux langues officielles, et aussi auprès d’organisations culturelles, de spécialistes de l’éducation civique et aussi de journalistes.
La commission est à mettre sur pied un appel de propositions pour la production des débats.
La commission canadienne des débats des chefs
Créée après l’élection de 2015 par le parti au pouvoir, les libéraux, elle a pour raison première d’éviter une reprise de cette année électorale. Le premier ministre sortant, le conservateur Stephen Harper, avait alors refusé de participer aux deux débats produits et diffusés par un consortium de télédiffuseurs.
La campagne électorale s’est vue truffée non plus de deux débats traditionnels, mais de cinq dont la portée et les cotes d’écoute n’ont pas été à la hauteur des débats de 2011 avec 14 millions de téléspectateurs.
Règles de participation

Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada (Justin Tang/Canadian Press)
Le gouvernement actuel en fin de mandat a édicté trois critères fondamentaux pour qu’un parti puisse être représenté aux débats :
- avoir au moins un député élu sous la bannière du parti lors de la dissolution de la Chambre;
- avoir l’intention de présenter des candidats dans au moins 90 % des circonscriptions. Le Canada est divisé en 338 circonscriptions, il faudra donc en avoir au moins 304;
- avoir obtenu au moins 4 % des votes lors d’une campagne précédente.
On considérera aussi comme critère le fait d’avoir une chance légitime de remporter des sièges aux élections de 2019 ou aux suivantes.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois Photo : Radio-Canada
Les élections fédérales au Canada se dérouleront le lundi 21 octobre.
PC, RC, RCI
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