Le manque de relève dans les métiers traditionnels met à mal la préservation de notre patrimoine architectural. Ces dernières années, plusieurs maisons ancestrales ont même été démolies. Cela a causé une vive émotion parmi les citoyens. Comment pouvons-nous sauver les bâtisses historiques? Existe-t-il des solutions? On en parle avec Yves Lacourcière, ingénieur civil et grand défenseur du patrimoine bâti au Québec.
Dans son livre intitulé Accusé de non-assistance à patrimoine en danger, il a réalisé un véritable rapport d’enquête qui démontre comment les métiers traditionnels de la construction sont les seules capables d’assurer la pérennité de notre patrimoine bâti. Malheureusement, ceux-ci sont sur le point de s’éteindre.
« Notre culture se définit par plusieurs critères, explique en entrevue téléphonique Yves Lacourcière. Après la langue, notre bâti traditionnel – notre façon de construire, d’habiter et d’occuper le territoire – fait partie de notre ADN culturel. Mais depuis seulement 50 ans, le Québec a perdu environ 35 % de tout son parc bâti. »
Écoutez l’entrevue avec Yves Lacourcière (11 minutes et 59 secondes) :
Le fait que les métiers traditionnels sont en voie de disparition est vu comme une catastrophe. « Car ils sont essentiels à la survie de notre patrimoine architectural, rétorque l’ingénieur. Le patrimoine bâti et les métiers traditionnels de la construction ne peuvent survivre l’un sans l’autre. Ils sont un peu les deux côtés d’une même médaille. »
Au sein de la population, le souci de préservation est croissant depuis environ une quinzaine d’années. Il y a un réveil, croit M. Lacourcière. « Lorsque les gens sont témoin de la destruction d’un élément du patrimoine, on voit immédiatement une levée de boucliers. On l’a d’ailleurs constaté avec la destruction de la Maison du patriote Boileau à Chambly. Cela a fait beaucoup réagir. »
Toutefois, depuis 1969, la formation des travailleurs de métiers traditionnels de la construction s’est arrêtée, rappelle-t-il. « Une des caractéristiques du patrimoine bâti, c’est quelle n’est pas une richesse renouvelable. Quand un bâtiment historique est détruit, c’est irréversible. »

Christian Picard s’est rendu sur place jeudi matin dans l’espoir de faire stopper la démolition de la maison Boileau, mais en vain. ( Crédit photo : Radio-Canada/René Saint-Louis)
L’ouvrage de l’ingénieur publié aux éditions Contrad International explore 11 pistes de solutions comme la reconnaissance par les institutions du rôle incontournable des métiers traditionnels de la construction.
« On peut dire que depuis 30 ans, il n’y a plus de travailleurs qui ont été formés professionnellement de façon structurée à l’exercice des métiers traditionnels de la construction. Et cela demeure absolument intolérable. Il reste qu’aujourd’hui, avec l’arrivée d’un gouvernement plus sensible aux questions de patrimoine, les choses pourraient s’améliorer », conclut-il.
1 – Il faut que la Commission de la construction du Québec (CCQ) et le ministère de la Culture reconnaissent le rôle incontournable des métiers traditionnels de la construction pour le maintien et la conservation de notre patrimoine bâti.
2 – Il faut que la CCQ donne suite à sa suggestion de mettre en place des formations professionnelles spécialisées pour les métiers traditionnels de la construction les plus en demande sur les chantiers.
3 – Il faut que l’État devienne partenaire des propriétaires dans leur effort de maintenir leurs précieux bâtiments traditionnels en leur offrant un soutien technique et une aide fiscale.
(Source : Information fournie par Yves Lacoursière)

(Source : ministère de la Culture et des communications du Québec)
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