Le premier ministre Justin Trudeau se rend à Paris, où il se joindra à plusieurs dirigeants mondiaux venus appuyer une initiative pour encourager les entreprises de médias sociaux à éliminer les contenus terroristes et violents en ligne.
Pour cette réunion dite de « Christchurch Call » (appel de Christchurch), les dirigeants de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni, de l’Irlande, de la Norvège, de l’Indonésie, du Sénégal et le président de la Commission européenne seront dans la capitale française, aux côtés de hauts responsables de Facebook, Twitter, Google et Microsoft.
Tous viennent signer un engagement international afin que les entreprises de médias sociaux travaillent ensemble et avec les gouvernements pour freiner la diffusion de contenu violent et extrémiste.
La première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, qui copréside la réunion avec le président français Emmanuel Macron, devrait bien sûr évoquer le massacre de 51 fidèles musulmans dans deux mosquées néo-zélandaises, en mars dernier, dans son moyen de pression pour un accord global visant à combattre le contenu terroriste diffusé sur les médias sociaux.
Lors de la fusillade de Christchurch, le tireur avait diffusé son attaque en direct sur les réseaux sociaux, et cette vidéo avait été partagée des centaines de milliers de fois.

Jacinda Ardern et Emmanuel Macron Photo : Getty
Il y a le droit d’expression, mais pas celui de « diffuser des massacres »
La première ministre Ardern insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de restreindre la liberté d’expression, mais de contrôler l’amplification de la haine en ligne. « Ce droit n’inclut pas la liberté de diffuser des meurtres de masse, a-t-elle écrit dans une chronique récente. Il ne s’agit pas de saper ou de limiter la liberté d’expression. Il s’agit de ces entreprises et de la façon dont elles fonctionnent. »
Dans un éditorial publié samedi dans le New York Times, Jacinda Ardern a appelé à l’établissement donc d’un « cadre volontaire qui engage les signataires à lutter contre les moteurs du terrorisme et à mettre en place des mesures spécifiques pour empêcher le téléchargement de contenus terroristes ».
Le mot « volontaire » est essentiel. On ne s’attend pas à ce que l’engagement comprenne des mesures d’application, laissant aux nations et aux entreprises de médias sociaux elles-mêmes le soin de trouver des moyens de limiter la propagation de contenus terroristes en ligne.
Le gouvernement canadien est de la partie, mais pas celui des États-Unis
Dans un communiqué de presse annonçant sa visite à Paris, le premier ministre canadien exprime sa crainte de voir les plateformes de médias sociaux être de plus en plus utilisées comme des armes « pour inciter, publier et diffuser la violence et la haine extrémistes ».
Le quotidien new-yorkais rapporte que Justin Trudeau demandera aux entreprises de médias sociaux d’examiner en particulier les logiciels en ligne qui dirigent les utilisateurs vers des contenus violents et leur demandera de partager davantage de données avec les autorités gouvernementales pour trouver et éliminer les contenus violents et extrémistes.
M. Trudeau s’est entretenu par téléphone avec le président de Microsoft Brad Smith, lundi soir, avant la réunion de Paris. Selon un compte rendu publié par le cabinet du premier ministre, il a parlé de la façon dont les gouvernements pourraient travailler avec les plateformes de médias sociaux pour « mettre fin à l’utilisation d’Internet comme outil pour organiser et promouvoir le terrorisme et l’extrémisme violent ».
Les États-Unis, qui hésitent à réglementer l’Internet en raison de préoccupations concernant la limitation de la liberté d’expression, n’ont pas été invités à participer au sommet de Christchurch Call et ne sont pas censés appuyer l’engagement pris.
RCI avec La Presse canadienne, les informations de Salimah Shivji de CBC News et la contribution de Radio-Canada
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