Le fleuve Saint-Laurent Photo: Radio-Canada/Julie Tremblay

La fierté des Québécois, le fleuve Saint-Laurent, va mal

De ses berges ou directement sur ses flots, les touristes d’ici et d’ailleurs admirent en cette saison estivale les étendues majestueuses du grand fleuve Saint-Laurent qui transperce le sud du Québec telle une flèche qui remonte vers la région des Grands Lacs au coeur du continent.

L’été est aussi la période de l’année privilégiée par les scientifiques pour examiner le fleuve et mesurer les pesticides, les produits chimiques et tous les rejets d’eaux usées dans lesquels se mélangent les coliformes fécaux et les produits pharmaceutiques. Or, les effets de la pollution s’accentuent.

Pas moins de 3 millions de Québécois boivent l’eau du Saint-Laurent. Au cours des 20 dernières années, la construction de plus de 600 stations d’épuration a permis de diminuer les rejets des municipalités de façon importante. Des problèmes persistent toutefois à certains endroits en raison des rejets de l’exploitation agricole ou de la contamination provenant des eaux usées non traitées.

François Guillemette – UQTR

L’une des analyses les plus poussées est celle réalisée par l’équipe du professeur François Guillemette, chercheur et professeur au Département de sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) qui a étudié pendant deux étés le fleuve Saint-Laurent entre sa source dans les Grands Lacs et Sainte-Anne-de-la-Pérade à proximité de l’estuaire, une distance de plus de 1000 km.

Son premier constat est à quel point la bactérie E. coli s’est répandu dans le fleuve.

Les effets des rejets d’eaux usées, particulièrement de la Ville de Montréal sont plus persistants, que prévu.

Crédit photo : Radio-Canada

Une nouvelle enquête scientifique en cours

Le professeur et cochef de mission, Gilbert Cabana Photo : Radio-Canada

Cet été, d’autres scientifiques comptent mesurer eux aussi les conditions du fleuve. Gilbert Cabana, du Département des sciences de l’environnement de l’UQTR, s’intéresse aux conséquences de la présence des résidus humains sur le fleuve Saint-Laurent.

« Ce qui nous inquiète beaucoup, c’est que l’état du fleuve change très rapidement en ce moment », explique le professeur.

Il explique que la bactérie E. coli a tendance par exemple à rester collée sur le bord du fleuve à proximité des endroits les plus visités par les touristes ou les baigneurs.

Par conséquent, 44 % de ces secteurs ne seraient pas plus propice à la baignade, alors que l’eau la plus pure se trouverait directement au centre de la voie navigable, en plein coeur du cours d’eau, là où circulent les grands navires.

Aide-mémoire…
Le Saint-Laurent, fleuve gigantesque qui possède l’estuaire le plus large du monde, forme avec les Grands Lacs un réseau hydrographique qui s’étend sur 3790 km à l’intérieur de l’Amérique du Nord. Prenant sa source dans le lac Ontario, le fleuve est d’une longueur d’environ 1197 kilomètres et coule en direction nord-est jusqu’à Montréal, puis à Québec, où il va se jeter dans le golfe du Saint-Laurent. Le bassin hydrographique de ce fleuve occupe environ un million de kilomètres carrés, dont 505 000 kilomètres carrés se trouvent sur le territoire des États-Unis, et son débit moyen de près de 10 100 mètres cubes par seconde est le plus important du Canada. Sur le plan géologique, le Saint-Laurent est un fleuve jeune, dont le lit correspond à une brèche profonde dans l’écorce terrestre mise à découvert il y a quelque 10 000 ans lorsque les glaciers se sont retirés.

Une enquête internationale se mobilise

Une autre équipe de l’Université Laval évalue pour sa part les impacts de l’activité humaine et des changements climatiques sur le Saint-Laurent. Ils effectuent leur recherche sur le Saint-Laurent de Montréal à Gaspé en passant par le golfe du Saint-Laurent.

L’étude fait partie d’un effort multidisciplinaire international regroupant des chercheurs de cinq pays. L’équipe de l’Université Laval composée d’une trentaine de chercheurs et d’étudiants enquête sur l’impact de certaines combinaisons de facteur de stress comme le dragage, le transport maritime, le déversement de pétrole ou d’engrais. En tout, une trentaine de stresseurs sont pris en compte par ces chercheurs.

L’équipe de chercheurs réalisera des travaux sur le terrain cet été. Une partie du travail a déjà été réalisée. On a développé une carte de tous les facteurs pour la partie estuaire et golfe du Saint-Laurent. Un site Internet sera mis en ligne et pourra être consulté sous peu.

Le fleuve Saint-Laurent avec, en arrière-plan, le centre-ville de Montréal – Photo : Radio-Canada

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Maude Rivard, Yves Larouche, Franco Nuovo, France Beaudouin et de Guillaume Dumas de Radio-Canada

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