La crise du logement est devenue une réalité au Québec. Trouver un appartement à louer s’est avérée cette année un véritable casse-tête pour de nombreuses familles. On en parle avec Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, le Front d’action populaire en réaménagement urbain.
Le 1er juillet est considéré comme le jour du déménagement au Québec. C’est un phénomène social lié aux baux résidentiels qui se terminent à cette date. « On a connu cette année une baisse générale du taux d’inoccupation, c’est-à-dire le nombre de logements disponibles qui est passé sous le seuil d’équilibre pour l’ensemble des villes de la province », déclare en entrevue téléphonique Véronique Laflamme.
Pour Montréal, cela faisait 14 ans que le taux d’inoccupation n’avait pas été aussi bas, rappelle-t-elle. « Le Québec a connu dans les années 2000 une pénurie des logements locatifs. Cette pénurie a d’ailleurs laissé beaucoup de traces en ce qui concerne la hausse des loyers surtout dans les grandes villes. »
Écoutez l’entrevue complète avec Véronique Laflamme (7 minutes et 41 secondes) :
Selon Mme Laflamme, ce qui explique la pénurie ce sont avant tout les facteurs économiques et démographiques. Cette année, la pénurie n’est pas en raison de la faible construction de logements locatifs.
« Il se construit des logements locatifs, mais ceux qui se construisent ne sont pas abordables et sont souvent trop petits. Il faut savoir qu’il se construit deux fois plus de condos que de logements locatifs », dit-elle.
On constate à Montréal un effritement du parc de logements locatifs en raison de l’entreprise Airbnb. « Les chiffres conservateurs parlent de milliers de logements qui sont retirés du marché locatif, précise la porte-parole. On ne doit pas non plus négliger le phénomène de gentrification dans plusieurs quartiers. »
Déménagements et pénurie de logements:
Le @FRAPRU dresse un bilan très sévère, dénonçant une «mauvaise gestion de crise» de la part du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal
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— Radio-Canada Info (@RadioCanadaInfo) 2 juillet 2019
Sans mesures concrètes, la situation risque encore de se détériorer, prévient Mme Laflamme. « Il faut mieux protéger les locataires et le parc de logements locatifs. Il faut qu’il y ait une alternative au marché privé. Bien qu’on revendique un contrôle des loyers, malgré tout, un nombre important de locataires n’ont pas les revenus suffisants pour payer les loyers demandés dans le marché privé. »
Au Québec, contrairement aux pays européens, il y a seulement 11 % du parc des logements locatifs qui est du logement social, ajoute-t-elle. « C’est ce qui explique le peu d’alternatives. Seulement pour les HLM, les listes d’attentes représentent 23 000 ménages à Montréal et 38 000 ménages à l’échelle du Québec. Ces chiffres n’incluent pas ceux et celles qui aimeraient vivre dans une coopérative d’habitation. »
« Le gouvernement québécois a sous financé le seul programme qui lui permet de réaliser du logement social, ce qui fait en sorte que moins du tiers des logements prévus dans les budgets se sont réalisés l’année passée. On parle ici de 731 logements sociaux. C’est trop petit. »
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