Une classe de maternelle 4 ans dans un milieu défavorisé en Outaouais. Crédit : Radio-Canada

Maternelles 4 ans et objectif d’ouvrir 250 nouvelles classes à la rentrée 2019 : inquiétudes de l’AQCPE

L’Association québécoise des Centres de la petite enfance (AQCPE) a donné son avis sur l’annonce concernant l’objectif du gouvernement caquiste d’ouvrir 250 nouvelles classes pour la rentrée scolaire 2019-2020. Sa directrice générale Geneviève Delisle souligne que le ministre a déployé les classes conformément à la loi, mais elle s’inquiète par rapport à ce qui va arriver avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi à l’étude à l’Assemblée nationale. Elle s’interroge sur la façon dont se fera le développement des maternelles 4 ans dans un contexte d’accès universel comme souhaité dans le projet de loi.

L’étude du projet de loi 5 sur les maternelles 4 ans au Québec a commencé mardi. Ce projet de loi vise l’ouverture de classes principalement en milieu défavorisé. Pour l’instant, la moyenne d’élèves inscrits par classe est de 11, alors qu’initialement, on tablait sur 17.

La rentrée risque donc de démarrer avec des classes à « moitié pleine », déplorent les partis de l’opposition. Ils soutiennent que cela représente une preuve palpable que les parents ne sont pas nombreux à s’intéresser à ce projet, contrairement à ce qu’avait espéré la CAQ. Le gouvernement a placé ce projet au cœur de sa stratégie pour « rendre la maternelle 4 ans accessible à tous les enfants de 4 ans, dans un horizon de 5 ans ». (Source : communiqué de presse).

Geneviève Delisle, DG de l’AQCPE

Certains partis d’opposition (Parti libéral et Parti québécois) estiment aussi que ce projet n’est pas pertinent et pressent le gouvernement de dévoiler la totalité de son plan de déploiement de la maternelle 4 ans sur l’ensemble du territoire. La DG de l’AQCPE soutient que ce plan doit être harmonisé en fonction des besoins, et en tenant compte des préoccupations des CPE.

« Ce qui nous inquiète dans la perspective d’un déploiement qui n’est pas réfléchi en complémentarité, c’est d’avoir à un moment donné des places dans les services éducatifs de garde qui soient développées et qu’à un moment donné on ait, parce qu’on aura des compressions budgétaires ou des budgets qui soient limités, des choix à faire qui soient déchirants. Ce qu’on dit c’est qu’il faudrait avoir un plan, se parler année après année, avoir des services là où ils sont requis, là où les parents le souhaitent, là où les enfants n’ont pas de place, pour s’assurer que le développement se fasse de manière organisée, et qu’on ne se retrouve pas avec des classes d’un côté comme de l’autre qui soient à moitié fréquentées. Dans un contexte de démarrage, je peux comprendre, mais nous on souhaite de la part du gouvernement qu’il y ait une stratégie organisée pour s’assurer qu’il n’y ait pas de développement anarchique, mais un développement organisé d’une offre concertée 0-6 ans », a relevé Mme Delisle.

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Plusieurs syndicats de la petite enfance et l’opposition dénoncent le projet de loi sur la maternelle à 4 ans au Québec. Crédit : Radio-Canada

Un projet de loi au centre de débats contradictoires

Ce sont en tout 644 salles de classe consacrées aux maternelles 4 ans qui seront disponibles pour la rentrée, car les 250 classes annoncées s’ajoutent à 394 qui existent déjà.

Le ministre de l’Éducation du Québec Jean-François Roberge a confirmé cette information, soulignant que les 250 nouvelles classes représentent une « réussite » de la première phase de déploiement en 2019-2020.

L’intérêt est tout aussi important pour les parents que pour le système éducatif du Québec, a-t-il ajouté. Les premiers pourront se voir offrir le choix d’inscrire ou non leurs enfants en maternelle dès 4 ans. Le système éducatif en sortirait gagnant du fait qu’en scolarisant tôt les enfants, cela pourrait contribuer à accroiître, dès le plus jeune âge, leurs compétences et entraîner un rehaussement du taux de diplomation au Québec, car celui-ci est parmi les plus faibles au pays.

Il reste à voir si l’engouement des parents sera au rendez-vous. Le projet de loi sur le déploiement des maternelles 4 ans sur le territoire du Québec a suscité et continue de susciter toutes sortes de débats contradictoires. Les détracteurs y voient une menace à l’existence des services à la petite enfance dans la province. Ils dénoncent aussi une volonté délibérée du gouvernement de porter atteinte au développement des tout-petits qui apprendraient plus par le jeu à 4 ans que par l’école.

En plus d’être la directrice générale de l’AQCPE, Mme Belisle est une éducatrice spécialisée qui a dispensé diverses formations auprès de professionnels en petite enfance et mis en place l’équipe du service éducatif de l’AQCPE. Elle affirme que les CPE souhaitent continuer à développer leurs services et travailler avec le gouvernement pour s’assurer que leurs inquiétudes soient prises en comptes, notamment pour faire en sorte que les maternelles 4 ans ne soient pas une menace, mais que les deux soient en complémentarité. 

 « On continue à faire des représentations sur l’importance d’avoir une vision des enfants de 0 à 6 ans au Québec qui inclut des CPE, mais qui inclut aussi l’offre de maternelles. On souhaiterait que le ministère se dote d’une stratégie intégrée. Donc, on demeure dans l’espoir de pouvoir influencer le gouvernement et de pouvoir obtenir une vision plus élargie de l’offre 0-6 ans, ainsi qu’une vision claire du rôle que les CPE pourront jouer pour soutenir le développement des tout petits », a conclu Geneviève Bélisle.

Catégories : Politique, Société
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