À moins de 60 jours de la tenue des élections fédérales, Rona Ambrose, l’ancienne chef intérimaire du Parti conservateur, n’est pas d’accord avec l’affirmation de l’actuel leader du parti, Andrew Scheer, selon laquelle le premier ministre libéral Justin Trudeau a « donné à Donald Trump tout ce qu’il voulait et plus » dans les négociations sur un nouvel accord de libre-échange nord-américain.
Donald Trump et Justin Trudeau Photo : Reuters
M. Scheer donne au nouveau pacte commercial le sobriquet de l’ALENA 0.5. Il estime notamment que l’accord rend les constructeurs automobiles canadiens moins concurrentiels et qu’il donne aux États-Unis un droit de regard « sans précédent » sur les négociations canadiennes avec de futurs partenaires commerciaux.
Il qualifie en fait le nouvel ALENA d’humiliation historique.
« Le premier ministre a eu l’occasion, une fois en une génération, de négocier une meilleure entente et il a échoué », a déclaré M. Scheer à la Chambre des communes en mai dernier.
Il a soulevé de nouveau la question mardi dans une déclaration dans laquelle il mettait M. Trudeau au défi de prendre part à un débat électoral des chefs sur la politique étrangère prévu pour le 1er octobre, moins de trois semaines avant la tenue des élections fédérales du 21 octobre.
« [Trudeau] a été incroyablement faible sur la scène mondiale, cédant à Donald Trump sur l’ALENA, humiliant le Canada et portant gravement atteinte aux relations avec l’Inde et en ne défendant pas les intérêts du Canada en Chine », a-t-il dit.
« Je pense qu’en fin de compte, nous nous en sommes bien sortis »
L’ancienne chef conservatrice intérimaire Rona Ambrose et l’actuel chef conservateur Andrew Scheer sont représentés dans un montage photo. PHOTO : CP
Rona Ambrose affirme au contraire que le Canada s’est bien tiré d’affaire dans ces négociations.
Même s’il est vrai, selon elle, que le Canada a fait des concessions pour obtenir un accord de l’ALENA 2.0 avec les États-Unis, il a aussi fait des gains importants. Selon elle, le premier ministre Justin Trudeau a fait des concessions pour obtenir une entente, en particulier en offrant un accès limité au secteur laitier canadien soumis à la gestion de l’offre.
« Oui, nous avons renoncé à un certain accès [dans le secteur laitier], mais nous devons nous rappeler ce que nous avons obtenu en retour, soit le chapitre 19… C’était important pour nous, pour le Canada ], a ajouté Mme Ambrose.
Le chapitre 19 énonce le mécanisme de règlement des différends de l’accord commercial et, de l’avis de Rona Ambrose, il constitue « le cœur de l’accord pour le Canada ». Trump était déterminé à l’éliminer et à permettre aux tribunaux américains de juger les différends commerciaux à l’avenir, mais le gouvernement Trudeau était fermement convaincu qu’un système indépendant de règlement des différends devait faire partie de l’entente.
« Ce n’était pas une menace futile [de la part de Trump], explique-t-elle. Ils ont été extrêmement critiques à l’égard du chapitre 19 et je pense que jusqu’à la dernière minute, ils avaient l’intention de le supprimer. »
De plus, elle a déclaré que le Canada avait réussi à faire enchâsser les normes internationales du travail et les principes environnementaux dans l’accord.
Cette analyse de Rona Ambrose ne passe pas inaperçue puisqu’elle était membre d’un groupe spécial nommé par Justin Trudeau pour fournir des conseils et aider à créer un front uni des partis pendant les négociations turbulentes.
PHOTO ANDREW HARNIK, ASSOCIATED PRESS
RCI avec La Presse canadienne, CBC News et la contribution de Radio-Canada
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