Au total, c’est 18 % de la population canadienne qui est aujourd’hui bilingue. Ce bilinguisme franco-anglais est plus répandu aujourd’hui au Canada qu’il ne l’était dans les années 60, surtout au Québec où le taux de bilinguisme a doublé chez les francophones et triplé chez les anglophones de la province.
Mais mentionner qu’on est bilingue sur son C. V. lorsqu’on est à la recherche d’un emploi ne serait pas toujours un atout à l’extérieur du Québec.
Dans la province de l’Ontario, des francophones qui vivent en milieu minoritaire confient à Radio-Canada que le fait de mentionner leur bilinguisme constitue même un handicap. Les postes bilingues conduisent trop souvent, disent-ils, à des emplois en télémarketing, qui sont stressants et mal payés.

Okba Grissia PHOTO : RADIO-CANADA / CLAUDE BEAUDOIN
« Je pense que les recruteurs, ils ont cette idée qu’un bilingue n’est bon qu’à décrocher le téléphone », explique Okba Grissia.
Ce comptable d’origine italienne, qui a immigré il y a trois ans à Toronto, pensait que sa maîtrise du français et de l’anglais lui permettrait de facilement trouver un emploi. Mais selon lui, cela s’est avéré être un atout à double tranchant.
« Être bilingue, ça vous facilite vraiment pour trouver un emploi, mais le problème c’est que ce job sera à 99 % des cas dans le service aux clients. »

Greg Benadiba travaille dans le recrutement de personnel bilingue à Toronto depuis plus de 15 ans. PHOTO : RADIO-CANADA / FRANCIS FERLAND
Greg Benadiba est président de Source Bilingue, une agence de recrutement spécialisée dans le bilinguisme. Il reconnaît que la qualité la plus recherchée par les employeurs est celle de l’expérience et non de la capacité d’un employé de pouvoir s’exprimer dans les deux langues officielles du pays.
S’il est vrai aussi, selon lui, que la majorité des postes bilingues à Toronto sont des postes de service à la clientèle, il y a par contre de nombreuses compagnies ayant leur siège social à Toronto qui souhaitent faire affaire avec le Québec et la demande pour des employés bilingues est donc plus forte que l’offre. Et elle continue de croître.

Charlotte Mahillet est conseillère en employabilité pour les nouveaux arrivants francophones à Ottawa. PHOTO : RADIO-CANADA
Cette forte demande pour des employés bilingues dans le domaine des services à la clientèle est en fait un problème aux yeux de Charlotte Mahillet, une conseillère en emploi auprès des nouveaux arrivants francophones à Ottawa.
Elle leur recommande fortement de retirer la mention bilingue de leurs réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn.
Elle explique que les employeurs recherchent le profil en ligne de personnes bilingue dans le but de leur proposer ces types de postes qui ne correspondent pas du tout au profil des candidats.
« À mes clients, je dis mettez bilingue sur votre C. V., mais sur tout ce qui est plateforme en ligne, évitez. »
En réalité, être bilingue est beaucoup plus payant sur le marché du travail au Canada
Les enquêtes statistiques des dernières années le prouvent : les travailleurs bilingues au Canada occupent généralement des emplois bien rémunérés et reçoivent des salaires plus élevés que leurs collègues unilingues.
Les personnes bilingues créent généralement plus de richesses au Canada que les unilingues anglophones dans presque toutes les provinces hors Québec, selon des données de Statistique Canada, car elles sont à la base plus scolarisées.
Les bilingues sont beaucoup plus nombreux à détenir un diplôme universitaire que les anglophones ou les francophones.
C’est en Ontario, où la différence de salaire est la plus marquée entre les bilingues et les anglophones. Les travailleurs qui parlent français et anglais gagnent en moyenne 9632 $ de plus que les anglophones dans cette province.
Cela pourrait s’expliquer par un plus grand nombre d’emplois au gouvernement fédéral à Ottawa, où la maîtrise des deux langues officielles est souvent une exigence.
Ce n’est que dans les provinces de la Saskatchewan et de l’Alberta, dans l’ouest du pays, qu’on observe des revenus engendrés par les bilingues qui sont légèrement inférieurs à ceux des anglophones unilingues.
De la même façon, les bilingues sont plus présents sur le marché du travail. Ils sont également moins susceptibles d’être au chômage que les unilingues.
RCI avec les informations de Rozenn Nicolle et la contribution d’Annie Desrochers, Pascal Gervais et Mireille Langlois de Radio-Canada
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