La loi québécoise qui interdit à certains fonctionnaires, y compris les enseignants et les policiers, de porter des symboles religieux tels que le hijab pour les femmes musulmanes et la kippa pour les hommes juifs sur leur lieu de travail est à nouveau la cible des attaques provenant de l’extérieur des frontières du Québec.

PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / GRAHAM HUGHES
Après une dénonciation unanime plus tôt cette semaine par les députés de la province de l’Ontario, voilà que le Manitoba a décidé d’acheter de l’espace publicitaire au Québec contre la loi 21, adoptée en juin.
Le budget alloué à cette première vague de publicités est d’environ 20 000 $ et pourrait être bonifié selon les résultats obtenus.
Dans des publicités qui paraissent à compter de jeudi dans les journaux et les médias numériques, cette province de l’ouest du pays invite officiellement les citoyens au Québec qui se sentent lésés dans leurs droits à déménager au Manitoba. Les publicités mentionnent 21 raisons de déménager au Manitoba.
Plus de 2200 km séparent les deux plus grandes villes de ces deux provinces, soit Montréal et Winnipeg.
Une critique très claire contre la démarche du Québec

Brian Pallister (PC)
Les publicités du gouvernement manitobain constituent la plus récente critique publique, par son premier ministre, de la loi québécoise.
Brian Pallister a déjà fait part de son opposition lors de rencontres avec ses homologues provinciaux en juillet dernier.
« Ici, au Manitoba, nous respectons la diversité. Nous respectons les libertés et les droits de la personne, et nous n’avons pas une police de l’habillement », dit-il dans une entrevue accordée mercredi à La Presse canadienne.
Selon lui, sa province manque d’employés bilingues dans certains secteurs de la fonction publique.

Des gens brandissent des pancartes lors d’une manifestation à Montréal, le 7 avril dernier, contre le projet de loi 21 du gouvernement du Québec. (Graham Hughes/Presse canadienne)
Les députés ontariens contesteront en cour s’il le faut
Pour la deuxième fois en quelques mois, les députés ontariens ont voté à l’unanimité, cette semaine, une motion visant à dénoncer la loi 21 sur la laïcité.
La résolution des députés dépasse la simple dénonciation. L’Ontario ira plus loin, en insistant pour obtenir le statut d’intervenant dans le cadre de toute contestation judiciaire de la loi québécoise. Pour la cheffe provinciale du Nouveau Parti démocratique, Andrea Horwath, la loi 21 est une forme de « racisme » qu’il faut selon elle à tout prix dénoncer.
Malgré cette résolution unanime des députés, le premier ministre conservateur de l’Ontario, Doug Ford, n’a pas l’intention de soulever la question des symboles religieux avec son homologue québécois François Legault.
Les deux hommes doivent souper ensemble vendredi soir à Montréal dans un événement privé. Une porte-parole de Doug Ford indique pourtant que le premier ministre veut miser sur ce qui unit les deux provinces et non sur ce qui les divise.
Le premier ministre Legault soutient que la loi 21 est légitime pour garantir la laïcité du secteur public et qu’elle recueille l’appui d’une forte majorité de Québécois.

Le premier ministre du Québec, François Legault, et le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford dans cette photo non datée.
PHOTO : RADIO-CANADA / CLAUDINE BRULÉ
Elle interdit aux procureurs, aux policiers, aux enseignants, aux directeurs d’écoles et à d’autres fonctionnaires de porter un de signe religieux, vestimentaire ou autre.
Une « clause grand-père » protège toutefois les employés actuels qui conservent donc le droit de porter les signes religieux de leur choix.
Cette loi pourrait violer les dispositions de la Charte canadienne des droits de la personne. L’affaire se trouve en cour de justice provinciale, et elle pourrait remonter jusqu’à la Cour suprême du Canada.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada et de CBC News
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