L’Ontario, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick annoncent qu’elles travailleront dorénavant ensemble à la recherche et à la construction de petits réacteurs modulaires qui pourraient notamment alimenter en électricité une multitude de petites communautés nordiques du pays.
Les dirigeants de ces trois provinces ont pris cet engagement en marge d’une importante réunion des premiers ministres provinciaux qui s’est conclue, à Mississauga, en Ontario.
Doug Ford, de l’Ontario, Scott Moe, de la Saskatchewan, et Blaine Higgs, du Nouveau-Brunswick, ont signé un protocole d’entente qui stipule que la conception de ces petits réacteurs modulaires serait un outil de plus pour aider leur province respective à réduire les émissions de carbone et à s’éloigner des sources d’énergie non renouvelables comme le charbon.
Les ministères de l’Énergie des trois provinces concernées se réuniront donc au cours de la nouvelle année pour discuter de la façon d’aller de l’avant. D’ici l’automne 2020, une stratégie complète pour les réacteurs devrait être prête.
Ce mini-réacteur nucléaire pourrait être installé dans un jardin. © Hyperion Power Generation
Ces modules seraient conçus pour être facilement transportés déjà assemblés dans des conteneurs d’expédition de grandeurs standards.
Les PRM auraient une puissance maximale de 300 MW (comparativement à une puissance classique de 800 MW).
Les plus petits PRM pourraient être de la taille du sous-sol d’une maison, et les plus gros, de celle d’un édifice.
Puisque les PRM seront moins puissants que les réacteurs traditionnels, ils généreront individuellement moins de déchets.
Une technologie nucléaire miroitante?
Les objectifs du Canada, selon l’Accord de Paris, sont de réduire les émissions totales de 30 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030. Or, le premier ministre Moe affirme que ces réacteurs aideraient la Saskatchewan à atteindre en fait une réduction de 70 % d’ici cette année-là.
Les dirigeants provinciaux ont dit qu’il pourrait s’agir d’une occasion de croissance économique, estimant le marché canadien de cette énergie à 10 milliards de dollars et le marché mondial à 150 milliards.
Selon Doug Ford, cette initiative est une « occasion pour le Canada d’être un véritable chef de file ».
À un moment où Ottawa et les provinces sont en désaccord sur le recours à une taxe sur le carbone, M. Higgs fait valoir que cette aventure nucléaire est une occasion idéale pour faire preuve d’unité au pays.
Lisez : L’idée d’exploiter de petits réacteurs nucléaires est remise en question – Radio-Canada
Le secteur nucléaire produit déjà au Canada de l’électricité d’une valeur annuelle de plus de 5 milliards de dollars et nos exportations d’uranium se chiffrent à environ 1 milliard de dollars par année. Ce secteur emploie directement plus de 30 000 Canadiens. Crédit photo : iStock
Les dérivés et dérives de la recherche pacifique nucléaire canadienne
Le Canada a été le premier pays avec une capacité nucléaire substantielle à rejeter les armes nucléaires, mais il continue à participer activement à la promotion internationale de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.
Ces transferts du savoir-faire nucléaire canadien ne sont pas faits sans dérapage. En 2015, le Canada a accepté d’augmenter substantiellement vers l’Inde ses exportations d’uranium pour alimenter dans ce pays des réacteurs nucléaires. C’était la première entente commerciale d’importance entre les deux pays depuis des décennies.
Le Canada et l’Inde entretenaient au début des années 1960 des relations beaucoup plus serrées frappées du sceau de la confiance réelle. Mais la situation s’est détériorée entre les deux pays lorsque l’Inde a été accusée de tester une arme nucléaire en 1974, puis à nouveau en 1998, en utilisant la technologie des réacteurs Candu que lui avait fournis le Canada.
Le Canada a travaillé activement aux premières bombes nucléaires américaines
Le centre de recherche nucléaire de Chalk River en Ontario en 1945 était l’un des deux endroits au Canada qui s’est mis à travailler secrètement au Projet Manhattan qui a produit la première bombe atomique durant la Seconde Guerre mondiale.
L’autre centre de la recherche nucléaire canadienne se trouvait à quelques lieues à peine du centre-ville de Montréal, à l’Université du même nom sur les flancs du mont Royal.
Nous discutons de cette affaire avec un auditeur de Radio Canada International
RCI avec les informations d’Elise von Scheel de CBC News et la contribution de Radio-Canada
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