Le port de Qingdao, en Chine. PHOTO STR, AFP

Le coronavirus devient-il ce choc à l’économie mondiale tant appréhendé?

L’idée est contagieuse et elle se répand dans les journaux les plus sérieux : près de deux décennies se sont écoulées depuis l’apparition en Chine d’un coronavirus connu sous le nom de SRAS qui a refroidi l’économie mondiale. Or, le virus qui sévit pourrait être beaucoup plus dévastateur, craignent les experts.

Les exportations de la Chine se sont effondrées de plus de 20 % en février, tandis que ses importations aggravaient leur repli. C’est un nouveau signal d’alarme pour la santé économique du géant asiatique, toujours empêtré dans sa guerre commerciale avec les États-Unis. Le ministre canadien des Finances, Bill Morneau, prépare déjà les Canadiens.

Le ministre des Finances Bill Morneau s’exprime lors d’un déjeuner de l’Economic Club à Calgary, lundi. TODD KOROL / PRESSE CANADIENNE

S’exprimant lundi à l’Economic Club de Calgary, en Alberta, M. Morneau a déclaré que le nouveau coronavirus aura un « impact significatif » sur l’économie canadienne, le secteur pétrolier devant être parmi les plus touchés.

Dans une économie mondiale intégrée fonctionnant selon la stratégie de la livraison juste à temps, les pénuries de pièces essentielles causées par la fermeture des usines chinoises ont déjà entraîné l’arrêt de la production industrielle dans les secteurs de l’automobile et de la fabrication de technologies.

M. Morneau a déclaré qu’il s’attend à ce que l’impact du coronavirus soit un sujet clé lors de la prochaine réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20, qui se tiendra à Riyad, en Arabie saoudite, les 22 et 23 février.

Bill Morneau lundi en Alberta PHOTO TODD KOROL, LA PRESSE CANADIENNE

Le poids de la Chine dans l’économie mondiale est aujourd’hui beaucoup plus grand

Le Fonds monétaire international estime qu’en 2020, cette économie représente près de 17 % de l’activité mondiale, contre environ 4 % du PIB mondial à l’époque du SRAS en 2003. Cette épidémie avait retranché 0,5 % à la croissance économique mondiale.

La Chine est devenue pour ainsi dire l’usine de la planète. Elle produit des pièces spécialisées et stimule la demande de produits de base comme le pétrole et le cuivre. Ce pays compte également des centaines de millions de consommateurs fortunés qui dépensent beaucoup pour les produits de luxe, le tourisme, notamment au Canada, et les voitures.

Un récent rapport de Bloomberg estime que le coronavirus et les efforts déployés pour le contenir réduiront à eux seuls la croissance économique américaine de 0,4 % au premier trimestre. Or ,85 % du commerce international canadien est lié au marché américain.

Plus de 40 000 cas de personnes infectées ont été signalés dans le monde, ainsi que plus de 1000 décès liés à ce virus, la grande majorité d’entre eux en Chine. Sept cas ont été signalés au Canada, soit quatre en Colombie-Britannique et trois en Ontario.

La baisse de la consommation et la chute de la production industrielle dans la deuxième puissance économique mondiale pourraient avoir des effets dévastateurs à l’échelle de la planète. (Reuters)

Le ministre Morneau prévient que le coronavirus aura un effet sur le Canada

« Nous savons que l’impact est réel. Il va se faire sentir dans tout le pays, mais peut-être encore plus ici dans le secteur du pétrole et du gaz », a-t-il déclaré.

« C’est un impact important. Nous savons également que les répercussions sur le Canada seront réelles, répercussions sur le tourisme, répercussions sur le secteur pétrolier et, bien sûr, répercussions sur les chaînes d’approvisionnement pour toute entreprise dont la chaîne d’approvisionnement est intégrée avec des producteurs chinois ou des consommateurs chinois », a-t-il ajouté.

Les prix du pétrole ont chuté de 15 % depuis le début de la crise, déclare le ministre Morneau.

S’adressant aux journalistes après son discours, M. Morneau a fait valoir cependant que l’économie canadienne reste résistante et que sa situation financière est suffisamment stable pour résister à tout ralentissement mondial.

Un choc économique mondial?

Stephen Poloz – Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne

Selon le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, si les économies sont toujours en mouvement, il arrive qu’une force extérieure, généralement imprévisible, ou du moins inattendue, vienne tout chambouler.

Dans le passé, le gouverneur de la Banque du Canada a averti que les économies peuvent être comme un arbre fendu attendant qu’un choc le fasse tomber.

« Les chocs macroéconomiques se produisent tout le temps et les économies s’y adaptent », a dit M. Poloz lors d’un breffage décrivant les dangers d’un monde incertain. Mais un choc assez important ou assez soudain peut révéler des fissures cachées dans une économie.

« Si des vulnérabilités importantes sont présentes, les effets de ces chocs sur l’économie et le système financier peuvent être amplifiés », a conclu M. Poloz.

RCI avec les informations de l’Agence France-Presse, La Presse canadienne, CNN, CBC News et la contribution de Radio-Canada

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