Le président du Venezuela Nicolas Maduro Photo : AP

Ottawa relance ses efforts pour faire chuter le Président Maduro au Venezuela

À la tête d’une réunion du Groupe de Lima pour discuter des prochaines étapes pour renverser le régime Maduro, le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, s’est exprimé jeudi lors d’une conférence de presse de clôture des réunions ministérielles du Groupe à Gatineau au Québec (Québec).

François-Philippe Champagne, s’exprime lors de la conférence de presse de clôture des réunions ministérielles du Groupe de Lima à Gatineau (Québec), le 20 février 2020. (Adrian Wyld/La Presse Canadienne)

« Le monde nous regarde tous pour apporter ce nouvel élan dans la quête de la démocratie pour le peuple vénézuélien », a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères.

« Nous sommes réunis aujourd’hui pour discuter des défis que la crise vénézuélienne représente pour nous tous et de la manière dont nous, le Groupe de Lima, pouvons rassembler la communauté mondiale pour rétablir la démocratie dans ce pays ».

Il a donc qualifié ces consultations à Ottawa de campagne visant à « revigorer » les efforts internationaux pour renverser le régime de Nicolas Maduro au Venezuela, efforts qui ont perdu un élan considérable depuis 14 mois. Ces discussions ont lieu alors que dans le pays lui-même le mouvement d’opposition au régime Maduro semble également en perte de vitesse.

« Nous recherchons une vision commune pour la participation de la communauté internationale », a déclaré pour sa part le ministre péruvien des Affaires étrangères, Gustavo Meza-Cuadra, par l’intermédiaire d’un interprète espagnol. « La seule façon de rendre la démocratie au Venezuela et de surmonter la crise est de garantir des élections présidentielles et parlementaires libres, justes, transparentes et inclusives ».

Les rencontres du Groupe de Lima à Ottawa n’ont cependant pas donné naissance à une nouvelle stratégie ou à de nouvelles mesures susceptibles d’augmenter la pression sur le gouvernement Maduro.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, lors de la réunion ministérielle du Groupe de Lima. (Adrian Wyld/PRESSE CANADIENNE)

Plusieurs présents, mais aussi quelques grands absents à cette rencontre d’Ottawa

Présents à cette rencontre d’Ottawa, il y avait les ministres des Affaires étrangères et les envoyés de dix-huit gouvernements tels que l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, la République dominicaine, l’Équateur, le Guatemala, la Guyane, Haïti, le Honduras, le Panama, le Paraguay, le Pérou et Sainte-Lucie.

Un gouvernement pro-Maduro en Bolivie a été remplacé récemment par un gouvernement anti-Maduro intérimaire à la suite d’une rébellion de rue en octobre. La Bolivie, qui avait donc autrefois dénoncé le groupe de Lima comme un instrument de l’impérialisme, a ainsi dépêché à Ottawa sa nouvelle ministre des affaires étrangères Karen Longaric Rodriguez.

Le Mexique, membre fondateur du Groupe de Lima, n’était pas présent. Son président Andres Manuel Lopez Obrador, arrivé au pouvoir fin 2018, s’est éloigné du groupe, le jugeant trop à droite.

14 mois de pressions sans renversement de régime

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et le chef de l’opposition vénézuélienne Juan Guaido se rencontrent au bureau de M. Trudeau sur la Colline du Parlement à Ottawa, le lundi 27 janvier 2020. (Justin Tang/THE CANADIAN PRESS)

En décembre 2018, Juan Guaido avait prêté serment en tant que président par intérim du Venezuela tandis que Nicolas Maduro, refusant de quitter la présidence, avait contesté cette nomination et ignoré les résultats de l’élection nationale.

Le Canada et les autres membres du groupe de Lima ont rapidement reconnu Guaido comme le leader légitime du Venezuela, tout comme les nations de l’Union européenne et les États-Unis.

Aujourd’hui Guaido fait face à un barrage constant de harcèlement policier et populaire. Les autorités vénézuéliennes arrêtent ou agressent ses proches. Son oncle Juan Marquez a été arrêté le 11 février dernier.

Un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, publié en juillet 2019, accusait le gouvernement Maduro de mettre en œuvre une stratégie « visant à neutraliser, réprimer et criminaliser les opposants politiques et les personnes critiques à l’égard du gouvernement ».

Juan Guaido (au centre) était à Ottawa pour des entretiens fin janvier. Il y a rencontré les ambassadeurs du groupe de Lima chez l’ambassadeur de Colombie au Canada. (Evan Dyer)

Le régime Maduro dénoncé par le Groupe de Lima

Le président vénézuélien lors d’une allocution hebdomadaire « Les dimanches avec Maduro », à la télévision d’État. Photo : Reuters

Les ministres du groupe de Lima ont censuré cette semaine le gouvernement du Venezuela pour avoir conduit le pays selon eux « sur la voie de l’effondrement économique, des violations des droits de l’homme, de l’augmentation de la criminalité et de la destruction de l’environnement ».

Le Canada et d’autres membres du Groupe de Lima ont notamment accusé le gouvernement Maduro de générer des revenus pour rester au pouvoir en autorisant l’exploitation imprudente et destructrice de l’or, du coltan et d’autres minéraux dans les régions écologiquement sensibles de l’Orénoque et de l’Amazonie.

Encouragé par le soutien international, Juan Guaido cherche à renverser Maduro. PHOTO AFP

Selon la Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, 4,7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays depuis le début de la crise en 2016, et d’ici la fin de 2020, ce nombre devrait atteindre 6,5 millions.

Le gouvernement Maduro affirme que les malheurs économiques du Venezuela sont dus aux gestes de sabotage et d’une campagne internationale concertée menée par les États-Unis pour miner l’économie du pays.

Maduro accuse l’opposition d’agir comme des marionnettes des intérêts américains et étrangers dont le seul but est de renverser son gouvernement socialiste.

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RCI avec les informations de La Presse canadienne et de CBC News

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