Justin Trudeau et sa femme Sophie Grégoire après la victoire libérale de 2015. Photo Credit: PC / Sean Kilpatrick

Coronavirus : le premier ministre du Canada et sa femme en isolement volontaire

Sophie Grégoire Trudeau, la femme de Justin Trudeau, a participé à un événement en Europe et elle est de retour au Canada. En attendant les résultats du test de dépistage au coronavirus qu’elle a subi, elle s’est isolée. 

Réunion annulée avec les provinces et territoires

Le premier ministre du Canada est directement concerné par cette situation. C’est pourquoi le médecin a recommandé qu’il soit mis en isolement volontaire, bien qu’il ne présente aucun symptôme.

Une rencontre avec les premiers ministres des provinces et territoires prévue vendredi a dû être annulée. Les premiers ministres du Nouveau-Brunswick et du Yukon ont manifesté leurs inquiétudes par rapport à cette rencontre en raison de l’augmentation inattendue du nombre de cas au pays qui frôle désormais les 140. Bien que le Canada soit bien loin du scénario catastrophe tant redouté en Europe, comme en Italie et en France notamment, les deux personnalités ont recommandé que cette rencontre ait lieu par téléconférence.

Jagmeet Singh, le chef du Nouveau Parti démocratique du Canada (NPD), est lui aussi en isolement, car il aurait été exposé à la COVID-19.

L’Ontario et la Colombie-Britannique sont les deux provinces les plus touchées pour le moment. En Alberta, le Globe and Mail a rapporté jeudi qu’un enfant fréquentant un centre de la petite enfance a été contaminé par le coronavirus.

Le directeur national de la santé publique du Québec, le Dr Horacio Arruda PHOTO: RADIO-CANADA

Panoplie de mesures au Québec

Au Québec, où des médecins et infirmiers de l’Hôpital Notre-Dame ont été placés en confinement en raison de leur contact possible avec une personne atteinte de la COVID-19 qui a fréquenté le métro deux fois en février et mars, le gouvernement provincial a annoncé une série de mesures pour contrer la progression de ce virus.

Bien que le risque d’une contamination à grande échelle soit encore faible pour le moment, le Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique du Québec, a indiqué que la population doit faire preuve de prudence et observer les règles d’hygiène de base. Celles-ci consistent à se laver les mains sur une base régulière pendant au moins 20 secondes, à tousser dans son coude et à éviter des contacts rapprochés avec des personnes dans le métro.

Lorsque les personnes ressentent des symptômes qui s’apparentent à ceux de la grippe, elles doivent appeler le 811, la ligne d’urgence disponible à ce sujet, et surtout se placer en situation de confinement volontaire à leur domicile, en attendant d’être prises en charge par le système de santé, a précisé M. Arruda. Il a invoqué la Loi sur la santé publique qui pourrait être mise en œuvre pour obliger une personne à être traitée ou à rester en confinement chez elle.

« On pense que le coronavirus pourrait atteindre jusqu’à 70 % de la population, si rien n’est fait. Il va y avoir plus de cas, car le virus se propage plus que la grippe. Si on est en mesure, par les actions que recommande l’OMS, d’être très agressif dès le départ, nous pouvons diminuer la propagation […] On y va fort au début, pour étaler la courbe, de sorte qu’on réduise la propagation. On va rapidement prendre des cas, y compris brimer les droits individuels pour le bien collectif. Si vous revenez du voyage, faites un isolement volontaire pour éviter de contaminer d’autres personnes. La loi de santé publique permet de brimer les libertés personnelles au nom de l’intérêt de tous. Avec des taux de létalité à 6 %, la prise en charge va être compliquée, mais on n’en est pas encore là », a expliqué le directeur national de la santé publique du Québec.

Le premier ministre du Québec François Legault (Sylvain Roy Roussel/CBC)

« Les prochaines semaines seront critiques »

Pour sa part, le premier ministre du Québec, François Legault, a indiqué que « les prochaines semaines seront critiques », d’où l’importance de respecter les recommandations qui sont faites pour éviter une augmentation exponentielle du nombre de cas.

« Aujourd’hui, tout le Québec doit se mettre en mode urgence […] Notre but, c’est de ralentir au maximum la propagation du virus. On doit se protéger. La meilleure façon de protéger nos proches, c’est de se protéger nous-mêmes.Toutes les personnes qui reviennent de tous les pays étrangers doivent se mettre en isolement volontaire durant 14 jours », a-t-il affirmé.

Pour les employés du réseau public,dont les enseignants et les infirmières, nous exigeons cet isolement obligatoire. Les élèves contaminés doivent aussi procéder à cet isolement obligatoire pour 14 jours, pour protéger le réseau de l’éducation.

« Nous n’avons que 13 cas pour le moment au Québec, mais cela prendra des mois avant de connaître la fin réelle de la situation. En attendant, nous devons suivre à la lettre les recommandations pour éviter d’avoir à gérer le pire. C’est mieux de se protéger ainsi pour empêcher une plus grande pénurie de la main-d’oeuvre à l’avenir dans le système de santé et dans le réseau de l’éducation », a-t-il mentionné, tout en émettant l’idée d’augmenter le financement pour relever les multiples défis.

Pour ce qui est du secteur privé, « les employeurs doivent être compréhensifs, et élaborer des mesures financières pour les personnes qui travaillent dans le secteur privé, qui seraient obligées de se placer en isolement », recommande le premier ministre.

Il a également évoqué une aide de l’État au secteur privé pour amoindrir les impacts économiques du coronavirus et faciliter le télétravail pour les employés.

En fin de compte, M. Legault suggère que des événements prévus avec la participation de plus de 250 personnes soient tout simplement annulés ou reportés, qu’une attention particulière soit portée aux aînés. Ces derniers ne doivent pas recevoir de visite de la part de personnes contaminées, compte de tenu de leur extrême vulnérabilité.

La ministre québécoise de la Santé Danielle McCann PHOTO : RADIO-CANADA

Consignes et protocoles peu clairs?

Un journaliste a fait état du débordement actuel dans le réseau de la santé en raison de cas de personnes qui souhaiteraient être testées au coronavirus. Il a souhaité savoir s’il y a des consignes claires à respecter dans les hôpitaux pour amoindrir les risques de contamination.

La ministre québécoise de la Santé, Danielle McCann, a relevé que le personnel du réseau de la santé a reçu des consignes précises, et que le réseau est en préparation depuis plusieurs semaines pour envisager toutes les possibilités d’une gestion efficace de la situation.

« Il y a eu plusieurs rencontres avec les fédérations médicales et les instances syndicales […] Les consignes sont claires et le support à notre personnel est notre priorité », a affirmé Mme McCann.

Elle a indiqué qu’il est à présent envisagé de procéder à des prélèvements de patients à domicile, dans le but d’éviter l’engorgement du réseau et de limiter la propagation du virus.

Elle pense qu’en cas d’une augmentation importante du nombre de personnes contaminées, il sera tout à fait possible pour le réseau de renforcer ses capacités d’accueil.

« Nous disposons à présent de 900 chambres à pression négative. Il y a la possibilité de délester les activités qui ne sont pas urgentes, ce qui augmente la capacité de recevoir des patients supplémentaires qui sont touchés par le coronavirus, comme ce fut le cas pour la gestion du H1N1 », a-t-elle précisé.

Catégories : Politique, Santé, Société
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