L’approche sud-coréenne de gestion de la pandémie du coronavirus a permis une réduction importante du nombre de nouveaux cas et du nombre de décès. Crédit : istock

Coronavirus: la stratégie de gestion sud-coréenne peut-elle inspirer le Canada?

En face des différentes méthodes de gestion de la COVID-19 à travers le monde, Sciences et Avenir s’est penché sur le modèle de Séoul qui semble inspirant.

Le confinement volontaire et obligatoire des populations est considéré comme l’une des méthodes pour arriver à contenir efficacement la COVID-19.

C’est du moins le modèle privilégié au Canada et dans bien des pays comme la France, l’Italie et la Chine.

Cela s’est vu à Wuhan, foyer d’éclosion du pathogène, et dans bien d’autres contrées chinoises touchées, ce qui a permis à la Chine d’arriver à une réduction significative du nombre de nouveaux cas.

C’est ainsi que la stratégie de gestion de la pandémie adoptée ailleurs en Occident et dans bien des pays à travers le monde est calquée sur le modèle de confinement chinois. Ce modèle consiste à tester les personnes qui présentent des symptômes, à traiter en hospitalisation celles qui en sont durement affectées, et à poursuivre le traitement, ainsi que le suivi à distance pour les personnes testées positives, mais dont les symptômes sont plus légers et plus modérés.

C’est cette même stratégie qui est en cours au Canada, où presque toute la population active est en état de confinement, hormis les professionnels de la santé et autres corps de métiers qui doivent offrir des services essentiels au public.

Plusieurs experts ont vanté, au cours des derniers jours, le modèle de gestion sud-coréen qui semble porter d’excellents résultats, en raison de la réduction de la transmission et du nombre de nouveaux cas. 

Dans ce pays considéré comme le 4e plus touché dans le monde, avec 7755 cas confirmés et seulement 60 décès, ce modèle se résume à l’élargissement du test à toute la population dès l’annonce des premiers cas, à l’isolement et au confinement de toutes les personnes contaminées qui sont prises en charge dans le réseau de la santé, très loin du reste de la population saine testée négative à la COVID-19. En fin de compte, la fermeture des frontières aux étrangers vient couronner l’ensemble de la stratégie.

Selon la description sur le site de Sciences et Avenir, les Sud-Coréens ont fait appel à la technologie de vidéosurveillance pour identifier les lieux fréquentés par les malades, ont retracé certains sites fréquentés grâce à leurs cartes bancaires et leurs téléphones mobiles. C’est ainsi que des messages textes ont été envoyés pour sensibiliser les personnes ayant fréquenté ces mêmes lieux sur l’importance de se faire dépister, tout comme leurs proches. La campagne de dépistage massif a permis d’isoler toutes les personnes touchées. Selon Sciences et Avenir, la Corée du Sud a dépisté jusqu’à 10 000 personnes par jour et a atteint un plafond de 220 000 mercredi, dans 500 cliniques, dont des cliniques ambulantes. C’est ce qui a permis de maîtriser les nouveaux foyers de propagation dans le pays. Il faut préciser que la population a répondu favorablement à l’appel des autorités publiques d’éviter les rassemblements et de réduire les contacts. Sciences et Avenir rapporte que la mortalité reliée au coronavirus est plus faible en Corée du Sud que partout ailleurs dans le monde, grâce à une « prise en charge précoce » des malades et la possibilité de repérer plus vite les nouveaux cas.

« Le succès de cette démarche se trouve dans la campagne massive de dépistage qui permet d’isoler rapidement les cas positifs pris en charge rapidement par le système de santé, et de s’attaquer rapidement aux nouveaux foyers, tout en maintenant les frontières du pays fermées », soutient Roger Pedieu, précédemment étudiant chercheur postdoctoral au Centre de recherche sur les matériaux renouvelables de l’Université Laval, à Québec.

Lors d’un point de presse mercredi, le premier ministre du Québec François Legault a évoqué la possibilité de tester jusqu’à 5000 personnes par jour dès la fin de la semaine. À ce rythme, c’est quasiment toute la population du Québec évaluée à une dizaine de millions de personnes qui sera testée. Mais, la différence avec la Corée du Sud est que seuls les cas graves sont suivi et traités à l’hôpital, tandis que les cas moins sévères sont confinés à domicile, avec des recommandations d’hygiène stricte qui s’appliquent à l’ensemble de la population.

Selon le gouvernement fédéral, 50 000 personnes ont été testées dans l’ensemble du Canada, il y a 736 cas confirmés et 34 cas probables. Crédit : Istock

Dans ce dernier cas, les analystes estiment qu’il n’est pas rare que le virus circule dans les maisons et qu’il se propage, surtout dans les habitations surchargées, où la distanciation sociale tant souhaitée est quasi impossible.

  Roger Pédieu abonde dans le même sens, en soutenant que le respect strict des règles d’hygiène reste un enjeu de taille pour certaines communautés, surtout celles qui vivent dans la pauvreté, pour qui l’accès à un logement décent est encore difficile. Il mentionne que malgré les enjeux de liberté et de vie privée soulevés par l’usage de la surveillance électronique pour retracer les cas de contamination en Corée du Sud, c’est un modèle qui porte des résultats concrets.

 « Plusieurs pays ont adopté la méthode de confinement généralisé des populations pour empêcher la propagation du virus. En termes de coûts annoncés par certains gouvernements pour soutenir les personnes mises en quarantaine, je pense que la stratégie sud-coréenne est la plus efficace et la moins coûteuse », soutient M. Pédieu. Il ajoute qu’en mettant l’accent sur la fermeture de toutes les frontières, la campagne de dépistage massif, l’isolement et la prise en charge dans le réseau de la santé de toutes les personnes atteintes, il est tout à fait possible de « laisser les personnes saines continuer à vaquer à leurs occupations sans courir le risque de contracter le virus, ce qui permet au pays d’éviter l’asphyxie économique, et aux communautés d’éviter à avoir à gérer le stress lié au confinement durant une trop longue période ».

 « Au Canada et dans plusieurs pays qui ont opté pour la méthode de confinement massif de la population sur une base volontaire ou involontaire, les chiffres sur le nombre de personnes contaminées porte sur un échantillon trop faible de la population générale, ce qui laisse planer l’ombre d’un doute sur le nombre réel de personnes contaminées », d’où l’importance de tendre vers un dépistage massif et vers une prise en charge rapide de tous les cas dans le réseau de la santé, tout en maintenant les frontières fermées comme en Corée du Sud, a-t-il conclu.

 

Avec des informations de Sciences et Avenir

Catégories : International, Politique, Santé
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