De nombreux travailleurs au Canada sont des migrants et des sans-papiers et sont dignes d’une aide au revenu, de rester chez eux s’ils sont malades, et d’un revenu s’ils ont perdu leur travail ou si ont vu leurs heures de travail réduites, dit une lettre envoyée par le Réseau des droits de migrants à Justin Trudeau (Photo : ©iStock/JaruekChairak)

Les travailleurs sans-papiers voudraient recevoir la prestation d’urgence

Une coalition pancanadienne réunissant 40 groupes d’aide aux travailleurs migrants a demandé au premier ministre du Canada, Justin Trudeau, de combler les « lacunes qui excluent les travailleurs sans-papiers et des migrants essentiels » du pays de la Prestation canadienne d’urgence (PCU).

Le Réseau des droits des migrants (Migrant Rights Network) a envoyé la lettre à Justin Trudeau pour lui présenter « des solutions » afin d’assurer un revenu à 1,8 million de migrants au pays.

Le Canada compte au moins 1,8 million de migrants et de résidents sans-papiers, soit 1 personne sur 22. Ce chiffre comprend les travailleurs agricoles saisonniers qui sont essentiels à l’approvisionnement alimentaire du Canada, les travailleurs de la santé dans les établissements de soins de longue durée, et ceux qui prennent en charge des enfants, des malades et des personnes âgées. Il comprend des personnes qui font le ménage dans des hôpitaux et des foyers, et il comprend de nombreux travailleurs des entrepôts, des services de livraison de nourriture et des épiceries. De nombreux travailleurs essentiels du Canada sont des migrants et des sans-papiers et sont dignes d’une aide au revenu, de rester chez eux s’ils sont malades, et d’un revenu s’ils ont perdu leur travail ou si leurs heures de travail ont été réduites. Lettre envoyée par le Réseau des droits de migrants à Justin Trudeau

La coalition a suggéré au gouvernement fédéral de donner des numéros d’identification fiscale aux travailleurs migrants sans-papiers, ce qui leur permettrait d’avoir droit à des subventions comme la Prestation canadienne d’urgence.  

Le groupe demande également au gouvernement de réinstaurer les numéros d’assurance sociale (NAS) expirés des travailleurs migrants pour leur permettre d’obtenir la PCU.

Laura Lopez, mère de deux enfants de Vancouver et membre de l’organisme Sanctuary Health, fait partie du demi-million de personnes sans-papiers au Canada. Elle demande que la PCU soit accessible aux personnes sans numéros d’assurance sociale.

« Ma plus grande crainte est de nous retrouver à la rue, nous et nos deux enfants. Des gens comme nous, travaillant dans la construction ou le nettoyage, nous sommes des travailleurs essentiels. L’aide dans cette crise doit être universelle. »Laura López

Pour sa part, Lisa Cheun, une demandeuse d’asile sans permis de travail à Toronto qui a travaillé dans un salon de massage jusqu’à la fermeture des entreprises ce mois-ci, raconte aussi son expérience.

J’ai payé plus de 4000 $ d’impôts sur le revenu rien qu’en mars. Mais je ne peux pas obtenir le soutien financier du gouvernement parce que je n’ai pas obtenu mon permis de travail cette année. Mais j’ai perdu mon emploi et je n’ai pas de revenus. Que puis-je faire maintenant? Lisa Cheun

Sur une bannière du Réseau des droits des migrants (Migrant Rights Network), on peut lire en anglais : les migrants et les travailleurs exigent que la réponse au coronavirus ne néglige personne.

Le numéro d’assurance sociale des résidents temporaires expire en même temps que leur permis de travail et d’études. Un NAS valide est nécessaire pour accéder au programme de la PCU.

Un autre exemple présenté par le Réseau est celui d’Alina Przybyl, une étudiante polonaise au George Brown College de Toronto, dans le cadre du programme d’aide aux femmes et enfants victimes de violence, et membre de Migrant Students United. Elle a demandé le renouvellement de son permis d’études il y a trois mois, et l’attend toujours. Le renouvellement de son NAS prendra trois mois de plus.

Le problème s’étend au-delà des frontières canadiennes, dit le Réseau des droits des migrants et affirme que des dizaines de milliers de travailleurs agricoles migrants essentiels sont incapables de voyager ou ont peur de le faire. La perte de revenus plonge les familles dans la crise partout dans le monde.

« Je viens au Canada pour travailler depuis 17 ans. Mais, à cause de la COVID19, je n’ai pas pu me rendre au Canada pour travailler. Je pense que ce n’est que justice et que j’ai le droit de recevoir une aide du gouvernement, car, comme tout travailleur canadien, j’ai un numéro d’assurance sociale. »Gustavo Antonio, un travailleur agricole migrant dans la vallée de l'Okanagan et qui attend de pouvoir voyager au Canada

En cas d’urgence sanitaire, nous ne pouvons protéger personne si nous ne protégeons pas tout le monde, dit Syed Hussan, directeur général de l’Alliance des travailleurs migrants pour le changement.

Plus d’un demi-million de travailleurs sont dans un état de désespoir abject. Une action gouvernementale globale et immédiate est nécessaire. La plupart des migrants et des sans-papiers sont des travailleurs qui s’occupent de nous tous et qui font tourner l’économie en ce moment. On ne peut pas les laisser mourir de faim parce qu’ils n’ont pas de numéro d’assurance sociale actif.Syed Hussan, directeur général de l'Alliance des travailleurs migrants pour le changement.

Le Réseau des droits des migrants dit avoir « la solution » et demande au gouvernement de les rencontrer pour veiller à ce que les migrants obtiennent le soutien dont ils ont besoin et leur statut dès maintenant.

Près de 5000 personnes et de nombreuses organisations nationales ont répondu aux appels du Migrant Rights Network pendant la crise de la COVID-19 au pays.

RCI avec des informations de La Presse canadienne et Réseau des droits des migrants (Migrant Rights Network).

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