Le directeur parlementaire du budget estime que le déficit fédéral pour l’année pourrait grimper à un peu plus de 252 milliards $ suite à la pandémie du coronavirus. Le Canada est pourtant dans une meilleure position financière que bien des pays. (CBC)

COVID-19 : déficits records des pays, mais la situation canadienne est enviable

Le Fonds monétaire international (FMI) déclare que les États membres devraient dépenser tout ce qu’il faut pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et ignorer pour le moment les dommages majeurs que les mesures de soutien causeront aux finances publiques déjà fragiles.

Aux États-Unis, un plan d’allègement de 2000 milliards de dollars récemment adopté devrait ainsi entraîner une forte augmentation de la dette, en particulier en raison de la contraction du PIB. Le déficit budgétaire des États-Unis devrait plus que tripler, passant de 3 % du produit intérieur brut en 2019 à 10,7 % cette année.

Ailleurs aussi le combat contre la pandémie semble ruineux. Le déficit de la Chine devrait presque doubler, passant de 6,4 % à 11,2 % du PIB.

Le FMI pense que le déficit du Royaume-Uni passera de 2,1 % du PIB à 8,3 %, soit le même niveau qu’en Espagne, mais légèrement inférieur au déficit de 9,5 % du PIB de l’Italie.

La situation particulière et enviable du Canada

Au Canada aussi, contraction historique de l’économie, pertes substantielles des revenus et un bond sans précédent des dépenses sont les ingrédients qui risquent maintenant de catapulter le déficit du gouvernement canadien vers les 252 milliards de dollars et plus.

Le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux (La Presse canadienne/ Adrian Wyld.)

C’est ce qu’on apprenait jeudi dans le rapport du directeur parlementaire du budget Yves Giroux.

Il estime que ce déficit de 252 milliards pourrait même être plus élevé si les mesures d’urgence restent en place plus longtemps que prévu. À ce niveau de déficit, cela voudrait dire qu’il s’élèverait à 12,7 % du PIB en 2020-2021.

Pour donner une idée de l’ampleur de ce déficit prévu, durant les pires années de la Seconde Guerre mondiale, soit de 1942 à 1945, le gouvernement canadien avait adopté des mesures qui avaient entraîné d’énormes déficits, atteignant en moyenne 21 % du produit national brut (PNB).

Lorsqu’en décembre dernier le ministre fédéral des Finances Bill Morneau avait présenté sa mise à jour économique, il prévoyait un déficit de 26,6 milliards pour l’année 2019-2020 et de 28 milliards pour 2020-2021. (iStock)

Déficit de 252 milliards : Justin Trudeau souligne notre position enviable au sein du G7

Le premier ministre Justin Trudeau participe à une conférence de presse à Ottawa, le 30 avril 2020. Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick.

Interrogé jeudi lors de son point de presse quotidien, Justin Trudeau n’a pas répondu directement lorsqu’on lui a demandé s’il envisageait des impôts supplémentaires ou un plan d’austérité pour rééquilibrer les finances publiques.

Il a répondu qu’il se concentrait pour le moment sur ce qu’il faut faire pour aider les Canadiens à traverser la crise.

« On est chanceux d’avoir un des meilleurs ratios dette/PIB de tout le G7 de beaucoup d’économies auxquelles on se compare à travers le monde. On avait la santé fiscale pour pouvoir faire les investissements nécessaires non seulement pour aider les gens, mais pour pouvoir rebondir par la suite. »

La situation canadienne était effectivement quelque peu enviable au sein du G7 avant la pandémie lorsqu’on examine le cas particulier de la dette publique.

Les dettes publiques au sein du G7 étaient déjà élevées avant la pandémie

La dette publique contraste avec le déficit budgétaire annuel du gouvernement. La dette publique est un ensemble beaucoup plus grand de tous les engagements financiers pris sous forme d’emprunts par un État, ses collectivités administratives publiques et ses organismes qui en dépendent directement (certaines entreprises publiques, les organismes de sécurité sociale, etc).

Or, dans plusieurs pays du G7 et ailleurs dans le monde, les dettes publiques étaient déjà très élevées selon les normes historiques avant l’apparition de la COVID-19.

Selon une analyse du FMI de décembre 2019, dans près de 90 % des pays décrits par le FMI comme étant des « économies avancées », les ratios de la dette au PIB étaient plus élevés ces dernières années que lors de la dernière récession mondiale de 2007-2009.

En pourcentage de son économie, aucun pays n’avait une dette plus importante que le Japon, où la dette brute représentait 235 % du PIB en 2017, l’année la plus récente pour laquelle le FMI dispose de données définitives.

Le Japon n’était pas la seule grande économie où la dette publique dépassait ou égalait presque le PIB avant l’épidémie. En 2018, la dette représentait 132 % du PIB en Italie, 104 % aux États-Unis, 98 % en France, 90 % au Canada et 87 % au Royaume-Uni.

Pour ce qui est de l’Allemagne, première de classe, la dette représentait 6 % du PIB en 2018.

Les ratios dette publiques/PIB dans le monde (Données d’avant la pandémie)

Résumé des nouvelles données qui concernent le déficit du gouvernement canadien

Le mois d’avril aura été particulièrement mauvais pour les finances publiques canadiennes. Dans son précédent rapport, le 27 mars dernier, le directeur parlementaire du budget Yves Giroux estimait que le Canada se dirigeait vers un déficit de plus de 112 milliards de dollars en 2020-2021.

Les mesures de dépenses que le gouvernement a annoncées pour aider à amortir le choc économique de la pandémie totalisent maintenant à elles seules presque 146 milliards de dollars.

Plus de sept millions de Canadiens et de Canadiennes ont bénéficié à ce jour de l’aide d’urgence du gouvernement fédéral grâce à la Prestation canadienne d’urgence, qui a versé plus de 25,6 milliards de dollars en prestations, selon les derniers chiffres fédéraux.

On estime que le programme de subventions salariales aux employeurs, nouvellement annoncé, coûtera pour sa part 76 milliards.

Cette subvention couvrira 75 % des salaires des employés, jusqu’à 847 $ par semaine, pendant 12 semaines, avec un effet rétroactif à la mi-mars et jusqu’au début du mois de juin.

RCI avec CBC News, Pew Research Center, La Presse canadienne et Radio-Canada

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