Les terrains de jeux, les garderies, les écoles et les programmes parascolaires ont fermé dans tout le pays afin de réprimer la propagation de COVID-19. Justin Kinch est l'un des nombreux parents canadiens qui s'inquiètent de la façon dont cela affectera le développement social de ses enfants. (Photo : iStock-Xesai)

COVID : Les enfants vulnérables inquiètent divers organismes canadiens

Des organismes canadiens s’inquiètent du sort des enfants vulnérables dans le contexte de la pandémie et de ses conséquences. 

D’une part, plus de 250 organismes et particuliers ont transmis une lettre au premier ministre Justin Trudeau et au Comité du Cabinet chargé de la réponse fédérale à la COVID-19 leur demandant de faire en sorte que les enfants en situation de pauvreté issus de communautés marginalisées soient au cœur de leur plan d’intervention et de reprise.

Rédigée par le comité de direction de Campagne 2000 et appuyée par des partenaires dans tout le pays, la lettre présente une série d’idées qui pourrait « à court et à long terme » représenter des solutions pour les jeunes vulnérables du pays.

Ces « solutions » et des investissements sont présentés par cette coalition pour faire en sorte que les familles à faible revenu et leurs enfants aient le soutien dont ils ont besoin pour survivre à cette pandémie et bien se porter durant la reprise.

Les taux de pauvreté chez les enfants des Premières Nations, les enfants inuit et métis, les enfants nouveaux arrivants et racisés, les enfants qui ont des incapacités et les enfants de familles monoparentales dirigées par une femme sont tous substantiellement élevés. L’état de santé de ces enfants et leur niveau de stress sont plus élevés que chez les autres enfants, et leur système immunitaire est plus susceptible d’être fragilisé. Leurs parents et leurs tuteurs n’ont pas les moyens de faire des provisions ni d’acheter des produits de nettoyage. Et ils ont probablement un emploi sous-payé ou précaire, comme celui de caissière en épicerie et d’employé d’entretien. Ils sont plus susceptibles de se déplacer en transport en commun de sorte qu’ils sont plus exposés à contracter le virus.Sid Frankel, professeur agrégé à l'Université du Manitoba et membre du comité de direction de Campagne 2000.

Selon la missive envoyée par Campagne 2000, le montant mensuel de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) est supérieur au salaire que gagnent normalement les parents de nombreux enfants pauvres. La PCU est également plus généreuse que les prestations d’aide sociale que reçoivent beaucoup de familles pauvres qui ont des enfants d’âge préscolaire ou dont les parents ont des incapacités ou ne peuvent pas se trouver d’emploi.

Les premières annonces du gouvernement fédéral entourant les suppléments uniques à l’Allocation canadienne pour enfants (ACE) et l’augmentation du crédit pour la taxe sur les produits et services/taxe de vente harmonisée sont insuffisantes. Et les familles doivent attendre jusqu’à la fin de mai, soit plus de trois mois après le début de la pandémie, pour recevoir l’ACE. De plus, environ 25 % des personnes qui ne participent pas au régime fiscal n’ont pas accès à ces programmes d’aide.Leila Sarangi, coordonnatrice nationale de Campagne 2000.

Daphne Penrose, défenseure des enfants du Manitoba, estime que le stress supplémentaire subi par les familles pendant la pandémie, associé à une diminution des regards sur les enfants et à un accès réduit aux services qui peuvent les aider à faire face, est une « tempête parfaite » qui lui fait craindre que de nombreux enfants souffrent. (Photo : La Presse Canadienne/Steve Lambert)

Rappelons que, le 3 mai dernier, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que les familles admissibles à l’ACE recevront un montant supplémentaire de 300 $ par enfant en mai.

Cela permettra de les aider à gérer la pression causée par la COVID-19. Cette allocation apportera un soutien supplémentaire de près de deux milliards de dollars aux familles à travers le pays pour les aider à subvenir aux besoins de leurs enfants pendant cette période difficile.Justin Trudeau

Les familles admissibles recevront automatiquement cette augmentation à la même date que leur paiement de l’ACE en mai. Celles qui reçoivent déjà l’allocation n’ont pas besoin de présenter une nouvelle demande pour avoir accès à cette augmentation unique.

Il s’agit de l’une des mesures mises en place par le gouvernement du Canada pour aider les familles à affronter la crise. En plus de l’augmentation de l’Allocation canadienne pour enfants, le gouvernement a aussi effectué un versement complémentaire spécial grâce au crédit pour la TPS pour les personnes et les familles à revenu faible ou modeste.

La santé mentale et le retour à l’école

(The Canadian Press /Lars Hagberg)

Par ailleurs, au Québec, un collectif d’experts en éducation et en santé mentale a été créé afin de développer une boîte à outils destinée au personnel scolaire et aux parents pour mieux accompagner les jeunes dans leurs besoins émotionnels et relationnels en contexte de pandémie dans les écoles et les services de garde en milieu scolaire.

Sous la coordination de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais et en collaboration avec le Comité québécois pour les jeunes en difficulté de comportement (CQJDC), le groupe misera sur l’importance des relations saines dans un contexte d’isolement et de distanciation sociale.

Les données de notre récent sondage ont fait réagir la communauté scientifique et les communautés de pratique. Nous avons décidé de nous allier afin de mettre en place un groupe de spécialistes qui uniront leurs forces pour créer des outils de référence qui pourront être utilisés lors d’une crise de santé publique. Je suis particulièrement touché de voir que des sommités souhaitent nous aider à relever ce défi, qui pourrait devenir plus qu’une conséquence de la COVID-19, voire une pandémie psychologique. Jasmin Roy, président fondateur de la Fondation

Pendant une pandémie, les enfants se retrouvent souvent en situation de vulnérabilité. (Photo : iStock/greenaperture)

Le collectif vise à développer des stratégies d’intervention selon les mesures mises en place par la santé publique. Des stratégies concernant la régulation émotionnelle, l’anxiété, le stress et l’angoisse occuperont une place prépondérante pour favoriser la résilience des jeunes. Avant l’annonce du retour à l’école du gouvernement du Québec, un sondage CROP-Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais révélait que 67 % des parents et 46 % de leurs enfants ont dit souffrir d’anxiété quant au retour en classe.

Les objectifs poursuivis par le groupe reposent sur une volonté d’intervenir auprès des élèves du préscolaire, du primaire et du secondaire afin de déterminer les jeunes en situation de vulnérabilité, par la communication non verbale entre autres.

Ce collectif veut aussi réaliser une étude sur l’impact de la boîte à outils à court, moyen et long terme en lien avec les directives prônées par la santé publique dans les milieux scolaires.

En complément :

RCI avec Campagne 2000, Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais, le Comité québécois pour les jeunes en difficulté de comportement, le Gouvernement du Canada. 
Catégories : Société
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