Le fonds souverain de la Norvège, le plus important du monde, a placé sur sa liste noire 12 nouveaux groupes, dont 4 pétrolières canadiennes. C’est la Banque de Norvège qui en a fait l’annonce mercredi. Norges Bank Investment Management, gestionnaire du fonds souverain de la Norvège, a expliqué sa décision de ne plus investir dans Canadian Natural Resources, Cenovus Energy, Suncor Énergie et la Pétrolière Impériale, après avoir conclu qu’ils produisaient des niveaux inacceptables d’émissions de gaz à effet de serre.
Le fonds, qui détient plus de 1000 milliards de dollars d’actifs, a indiqué avoir suivi les recommandations de son conseil d’éthique pour prendre ses décisions. Les raisons énumérées par le conseil pour les quatre sociétés de sables bitumineux sont presque identiques. Il a ajouté que chaque entreprise avait « une production substantielle de pétrole provenant des ressources de sables bitumineux en Alberta, au Canada », et a affirmé qu’une telle production entraînait « des émissions de gaz à effet de serre bien plus élevées que la moyenne mondiale ».
Le conseil du fonds norvégien a ajouté que les entreprises n’avaient pas de plans spéciaux pour réduire les émissions à un niveau acceptable dans un délai raisonnable et que leurs émissions de GES n’étaient pas soumises à un régime réglementaire aussi strict que le système d’échange de droits d’émission de GES de l’Union européenne.
Cenovus qualifie l’annonce de coup de publicité
Par voie de communiqué, le PDG de Cenovus a réitéré que la compagnie avait à coeur son empreinte environnementale. Alex Pourbaix croit que ce geste est davantage un coup de publicité plutôt qu’une décision basée sur des faits. Il a rappelé que « Cenovus a réduit l’intensité de ses émissions de gaz à effets de serre de 30 % au cours des 15 dernières années et a mis en place des cibles ambitieuses de réduction de 30 % de plus d’ici 2030 pour toutes nos opérations ».
Le premier ministre du Canada réagit à cette annonce
Lors d’un point de presse à Ottawa, mercredi, un journaliste a questionné Justin Trudeau à ce sujet.
« Nous avons vu des investisseurs du monde entier évaluer les risques associés au changement climatique en tant que partie intégrante des décisions d’investissement qu’ils prennent […] c’est pourquoi il est si important pour le Canada de continuer à lutter contre les changements climatiques et de réduire nos émissions dans tous les secteurs. Et je peux souligner que de nombreuses entreprises du secteur de l’énergie ont compris que le climat d’investissement évoluait et qu’il existe un besoin pour un leadership clair et pour des objectifs clairs à atteindre […] afin d’attirer des capitaux de partout dans le monde », a dit le premier ministre du Canada.
Par ailleurs, la Norges Bank a indiqué que c’était la première fois que les émissions de GES étaient utilisées comme motif d’exclusion d’entreprises pour des raisons éthiques. Le fonds avait prévenu depuis 2017 que les producteurs de sables bitumineux canadiens seraient exclus parce que leurs émissions sont supérieures à la moyenne mondiale.
Cette exclusion arrive au moment où les producteurs de sables bitumineux réduisent leurs programmes de dépenses, leurs salaires, leur production et leurs dividendes en raison d’une baisse spectaculaire des prix de leurs produits ainsi que de la capacité limitée des pipelines pour les transporter.
Avec des informations de La Presse canadienne, d’Agence France-Presse et de CBC
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