Un travailleur migrant mexicain de 24 ans est décédé vendredi à l'hôpital régional de Windsor des suites du COVID-19. Sur la photo, des travailleurs migrants plantent des boutures de vignes de Merlot dans un champ de la région de Niagara. (Photo : iStock/JonathanNicholls)

Mort d’un deuxième travailleur étranger à cause de la COVID au Canada

C’est avec regret que nous confirmons le décès d’un deuxième travailleur migrant dans notre région dû à la COVID-19. Nous annonçons des plans pour des tests de masse de milliers de travailleurs migrants et d’autres milieux vulnérables dans notre région.Hôpital régional de Windsor

Le jeune homme de 24 ans est décédé vendredi à l’hôpital régional de Windsor, au sud-ouest de la province de l’Ontario. Le travailleur agricole d’origine mexicaine s’était rendu à l’hôpital Erie Shores le 1er juin 2020 pour la première fois après avoir passé quelques jours dans un hôtel où il s’était isolé.

L’hôpital de Windsor a contacté la famille du défunt au Mexique ainsi que celle du travailleur migrant de 31 ans qui est également décédé le 30 mai en raison de la COVID-19. Le bureau du coroner en chef de la province a été informé des deux décès.

À partir de mardi, sous la direction du ministère de la Santé de l’Ontario, des partenaires en santé de la région de Windsor-Essex constitueront une équipe pour effectuer le prélèvement massif d’échantillons sur les travailleurs migrants.

Ce prélèvement recevra également l’appui de l’unité sanitaire du comté de Windsor-Essex, la municipalité de Leamington et le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario.

Ce test de masse se déroulera sur une période de 10 à 14 jours, l’objectif étant de prélever un échantillon sur chacun des quelque 8000 travailleurs migrants de la région.

Cette mesure survient après les évaluations sanitaires proactives réalisées par l’hôpital Erie Shores Healthcare et les services médicaux d’urgence d’Essex-Windsor sur les travailleurs migrants actuellement positifs à la COVID-19.

Les défenseurs des droits des migrants demandent des actions concrètes de la part des gouvernements

En entrevue avec Radio Canada International, Chris Ramsaroop, du collectif Justice for Migrant Workers (J4MW), a affirmé que les deux niveaux de gouvernement, fédéral et provincial, doivent assumer l’entière responsabilité de la mort de ces travailleurs.

Des décennies d’inaction ont créé les conditions qui continuent à exposer les travailleurs agricoles à un risque accru de blessures et de décès en raison de l’absence de lois qui existent dans d’autres secteurs.

Les travailleurs agricoles sont exclus d’une multitude de protections du travail en vertu des lois provinciales. Et les permis de travail restrictifs qui lient les migrants à un seul employeur créent un système de travail sous contrat où les travailleurs feront face à des représailles pour avoir parlé ou avoir été malades ou blessés au travail.Chris Ramsaroop

À son avis, le gouvernement provincial doit fournir des indemnités de risque, des indemnités de maladie aux travailleurs agricoles, compris les dortoirs, en vertu de la loi sur la santé et la sécurité au travail, et mettre fin aux exemptions qui empêchent une protection complète.

Pour le collectif J4MW, le gouvernement fédéral doit accorder un statut permanent à l’arrivée à tous les migrants et mettre fin à la pratique consistant à renvoyer dans leur pays d’origine les travailleurs malades et blessés.

Cas de COVID-19 dans les exploitations agricoles de l’Ontario : 

  • 164 travailleurs ont été déclarés positifs dans la ferme Scotlynn Simcoe Ontario
  • 175 dans 17 fermes de Windsor Essex
  • 102 cas positifs dans l’entreprise agricole Greenhill Produire Chatham Kent
  • 20 dans les fermes Pioneer Flower Farms de la région de Niagara.

Source : Justice for Migrant Workers 

Pour sa part, l’alliance pour les travailleurs migrants (Migrant Workers Alliance for Change) a publié aujourd’hui un rapport concernant les plaintes déposées au nom de plus d’un millier de travailleurs migrants, des avertissements qui, selon l’alliance, n’ont pas été pris en compte par les autorités fédérales et provinciales et les consulats avant les récentes épidémies de COVID-19.

Selon le rapport, d’avoir été prises en considération et résolues, ces plaintes auraient permis d’éviter la mort de deux travailleurs et au moins deux aux soins intensifs.

En conférence de presse lundi, Justin Trudeau a dit qu’il fallait mieux répondre aux conditions de travail des travailleurs étrangers.

Personne au Canada ne doit courir des risques plus accrus que d’autre face à la COVID-19. On doit faire mieux en ce qui concerne les travailleurs migrants, les travailleurs étrangers temporaires. Ils jouent un rôle extrêmement important dans notre système agricole. J’ai eu plusieurs discussions avec des représentants de l’industrie ainsi qu’avec des organisations de défense de droits de ces travailleurs afin d’instaurer de mesures qui permettent autant l’isolement des travailleurs et la réalisation du travail important qu’ils font dans l’approvisionnement alimentaire du Canada. On va continuer d’avoir ces conversations pour améliorer les choses à l’avenir. Justin Trudeau

Le premier ministre canadien a conclu sa conférence de presse en affirmant que les conditions mentionnées dans le rapport, les logements surpeuplés, les longues heures de travail et la proximité avec laquelle ces employés doivent travailler, doivent être améliorées sans égard au statut migratoire, permanent ou temporaire, des travailleurs.

Pour en savoir plus : 

RCI avec Hôpital régional de Windsor et Justice for Migrant Workers. 
Catégories : Économie, Immigration et Réfugiés
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